Entraineur de la Raal et boxeur, Frédéric Taquin est "un guerrier dans l’âme"
Entraîneur de la Raal, Frédéric Taquin adore se défouler sur les rings.
- Publié le 24-01-2019 à 11h02
- Mis à jour le 24-01-2019 à 13h51
Entraîneur de la Raal, Frédéric Taquin adore se défouler sur les rings. A priori, les arts martiaux et le football semblent incompatibles. Et pourtant, Frédéric Taquin, l’entraîneur de la Raal, ne peut vivre ni sans ballon rond ni sans le kick boxing et la boxe thaï. À 43 ans, le chef de meute partage son temps entre ses deux passions. Notamment en famille avec ses enfants et il n’a pas peur d’affronter son beau-frère, ancien champion de Belgique.
Comment vous est venue cette passion ?
"Plus jeune, entre 16 et 19 ans, avec des copains, j’avais découvert le kung-fu et j’ai directement adoré les arts martiaux. Ensuite, j’ai toujours aimé les arts martiaux, le contact. Regarder ce sport aussi. Et puis, il y a trois ans, mon fils Arthur est entré en secondaire et pour qu’il prenne un peu d’assurance, on l’a inscrit à la boxe. Quand je suis allé le conduire la première fois et que je l’ai vu avec les adultes, j’ai tout de suite eu envie de m’y remettre. On a suivi le même schéma pour ma fille. Elle a commencé il y a un mois et demi."
Votre fils est aussi mordu que vous ?
"Non non. Il s’entraîne bien et il est même bon. C’est surtout un bon moment qu’on passe ensemble. Ce n’est pas spécialement une passion. Pas autant que pour moi."
C’est-à-dire ?
"À la maison, j’ai tout le matériel : sac, tapis… Tout. Je ne peux plus m’en passer. Et j’adore faire des sparrings. En fait, je suis un guerrier dans l’âme."
Qu’est-ce qui vous plaît tant ?
"C’est une manière de se défouler de manière intelligente et intéressante. En fait, quand j’étais joueur, j’étais quelqu’un de très engagé, j’aimais déjà beaucoup l’impact physique, les duels. Ca correspondait à ma personnalité. Dès que j’ai arrêté de jouer et que je suis passé de l’autre côté, j’ai toujours essayé de transmettre cette rage à mes joueurs, cet esprit guerrier que je retrouve dans ce sport de combat. Ça me permet aussi de souffler, de penser à autre chose et de me dépenser de manière plus intelligente que de crier parce qu’en tant qu’entraîneur, tu dois parfois faire avec des frustrations, alors la boxe me permet d’extérioriser. Et puis, ça me permet aussi de rester en forme. Je m’entretiens bien."
Décrivez-nous vos sensations.
"Dans ma tête, je suis bien. Je suis heureux d’être là. C’est toi et l’autre mais toujours dans le respect. On respecte le niveau de l’autre. Je reconnais que quand je suis face à mon beau-frère, je prends plus que ce que je donne."
Vous n’avez jamais peur ?
"Ce n’est pas le mot que j’utiliserais. Tu te poses des questions évidemment mais une fois que tu montes sur le tatami, et bien tu y vas. Tu t’es entraîné pour ce moment."
Pour beaucoup, la boxe reste un sport de bruts.
"C’est un sport noble avec des gens qui aiment ce qu’ils font. On le fait dans le respect. L’entraînement par exemple reste l’entraînement. Ce n’est pas un combat de rue. Tout doit se faire dans le respect de l’autre. Boxe anglaise ou boxe thaï, cela reste le même principe."
Vous lancer dans des combats officiels ne vous botterait pas ?
"À 20 ans, sincèrement, j’aurais tant aimé le faire. Mais maintenant, à 43 ans ? Il faut écouter son corps. Et puis, si c’était dans une catégorie vétéran, il faut prendre en compte qu’en face, ce serait d’anciens boxeurs. Je ne suis pas à ce niveau-là."
Vous vous êtes déjà retrouvé amoché ?
"Des yeux au beurre noir, des gros jambons. J’ai mes jambes qui sont toutes bleues toutes les deux semaines. J’ai déjà saigné du nez, de l’arcade. J’ai quelques petites cicatrices mais rien de grave, ça fait partie du truc. Mon nez cassé ? Ça pourrait arriver. Dans mon cas, ça ne reste encore que du sparring."
Avez-vous une idole ?
"J’aime beaucoup McGregor. C’est un striker. Il est pied-poings et moi, je n’aime pas trop le sol même si en UFC, c’est très important. J’aime aussi le Canadien MacDonald. Je suis aussi Gaetano Pirrello qui entraînait en MMA. Il s’entraîne avec le Français Tom Duquesnoy. Il est fantastique en UFC, c’est un striker. J’aime son style."
Ce sont deux sports différents.
"La boxe, c’est effectivement beaucoup de mental. La grande difficulté en foot, c’est d’arriver à ce que l’ensemble soit performant en même temps. Quand t’es en difficulté, t’as des copains pour t’aider. En boxe, t’es seul avec ton mental. Il faut les avoir bien accrochés."
“Un entraînement, c’est affreux”
Blessé actuellement, Frédéric Taquin ronge son frein. “J’ai besoin de boxer pour trouver une certaine forme d’équilibre. Les autres sports que j’ai pratiqués me procurent du plaisir mais pas autant que la boxe. C’est le dépassement de soi, une force mentale. Un entraînement de boxe, c’est affreux. L’intensité qu’on te demande, c’est incroyable. Dans le sparring, tu es confronté à la réalité donc tu es à bout de souffle constamment. Cela demande un cardio et une concentration incroyable. Tu ne peux pas te permettre d’erreur. Et moi, je recherche cette perfection, ce dépassement de soi. Avec ce sport, je ne ressens pas cette barrière de l’âge comme dans les autres sports où cela pourrait être un désavantage. Avant je courais par exemple les 10 km en 36 minutes. Et puis, tous les efforts qu’un boxeur doit faire pour un seul combat qui peut ne durer parfois que trente secondes si le K.-O. intervient avant la fin du dernier round... Imaginez le mental qu’il faut avoir. C’est pareil pour le Tour de France, ou les Ironman… Dans le foot, on ne peut pas dire qu’on est fatigué.”
A la Raal: “Ce genre de profil”
Avec Pierre Parmentier, un ancien du MMA (“Rien qu’avec ça, il était déjà engagé à 80 %”), comme préparateur physique, les joueurs de la Raal ont eu l’occasion de goûter à la boxe et aux sports de combat. Comme avec Licaï Pourtois notamment (championne du monde de ju-jitsu) entre les deux fêtes.
“À la base, ils ne sont pas fans. Et puis finalement, dès qu’ils ont fait l’entraînement, ils adorent. Dans ce genre d’entraînement, ils se développent mentalement mais aussi l’impact physique. Les contacts ne sont pas pareils”, explique Taquin. “Quand on parle de guerriers sur le terrain, c’est dans ce genre d’entraînement qu’on voit vraiment cet esprit. Mais à la base, on les a choisis parce qu’ils présentaient ce profil de combattants.”