Mehdi Bayat réagit au maintien de Charleroi : "On a serré les fesses jusqu’au bout"
Après avoir vu les siens obtenir le maintien, Mehdi Bayat dresse le bilan de la saison en souhaitant se projeter vers l’avant.
- Publié le 29-04-2024 à 06h46
Il le reconnaît lui-même. Si Charleroi a assuré rapidement son maintien lors de ces Relegations playoffs, Mehdi Bayat a vécu une saison galère à travers les prestations de son équipe. “Il y a des nuits où je n’ai pas dormi. Ces playdowns, c’est quelque chose de malsain pour le fonctionnement des clubs. J’espère que l’on changera ça très vite.” Paradoxal quand l’on sait que l’homme fort du Sporting a lui-même voté pour cette formule.
Vendredi à Eupen, l'administrateur délégué du matricule 22 a encore souffert notamment lorsque le VAR a été appelé à la 94e minute, au bout du temps additionnel, sur un potentiel penalty pour les Germanophones. “On a serré les fesses jusqu’au bout. On nous a fait vivre beaucoup d’émotions. Je suis mitigé entre deux sentiments opposés. Bien sûr, il y a la fierté du travail accompli ces 5 dernières semaines mais aussi beaucoup de frustration car ce n’était pas notre place. On n’aurait pas dû se retrouver ici.”
La perspective d’un scénario cauchemar écarté, Mehdi Bayat s’est confié pour tirer le bilan de cet exercice “à oublier” et envisager déjà une cuvée 24/25 qu’il espère bien différente.
Mehdi, comment vous sentez-vous après ce sauvetage acquis ?
”C’est un soulagement car en deuxième mi-temps, on s’est amusé tout seul à se faire peur jusqu’au bout. Le plus important maintenant, c’est de pouvoir tourner la page.”
Votre choix de remplacer Felice Mazzù par Rik De Mil s’est avéré payant.
”Ce maintien, c’est grâce au travail de Rik et de son staff. Ils ont vraiment bossé comme des fous ces cinq dernières semaines. Rik a apporté une vraie dynamique qui a créé un électrochoc. Humainement, ça m’a fait mal au cœur de me séparer de Felice. Il restera à jamais un fils de Charleroi et j’espère que la saison prochaine, il aura digéré et il viendra nous rendre visite.”
Qu’est ce qui a été le plus dur lors de ses 9 derniers mois ?
”Le but de Louvain à la dernière seconde face à Malines lors de la dernière journée de la phase classique. C’est plus qu’un uppercut. Là, j’étais en train de courir à du 20 km/h et un mec m’a mis une batte de baseball dans la figure.”
Sans cet évènement, est-ce que vous auriez limogé Mazzù ?
”Certainement pas mais en même temps, avec le recul, c’était peut-être la bonne chose à faire quand je vois la manière de travailler de Rik. Sur le long terme, c’est ce dont on avait besoin.”
Entre le penalty manqué de Biron face au RWDM et l’ouverture du score courtraisienne, quel a été le plus compliqué à vivre pour vous dans ces playdowns ?
”Tous ces moments-là créent des doutes. Et De Mil a apporté cette sérénité dans ces moments compliqués, en disant que l’on allait relever la tête. Au fur à mesure, j’ai vu cette équipe évoluait match après match et je me suis dit qu’il n’y avait plus à s’inquiéter.”
Vous vous attendiez à vous sauver aussi vite dans cette mini-compétition ?
”J’avais dit aux gars qu’on devait être le Club Bruges des playdowns et qu’il fallait rouler sur tout le monde. C’est la compétition des loosers mais Charleroi était au-dessus du lot.”
J'ai dit aux gars qu'on devait être le Club Bruges des playdowns.
Tout est bien qui finit bien mais quel bilan peut-on dresser de cette année ?
”Un bilan, ça ne se fait pas sur une saison. Et lorsque j’entends que ça fait 3 saisons que l’on passe à travers, je rappelle que nous avions terminé sixième la première année sous Edward Still. La saison suivante, ça s’est moins bien passé puis Felice a requinqué cette équipe. Sur les 17 matchs qu’il a entraînés, on a fini troisième. Cette année malheureusement, la mayonnaise n’a pas fonctionné mais faites le bilan sur les dix dernières années.”
Mais celui de cette année, notamment au niveau de la construction du noyau n’est pas bon.
”On est des entrepreneurs. On met les mains dans le cambouis et on ne critique pas les autres. Quand j’entends un imposteur, car il n’y a pas d’autres mots, qui a travaillé chez nous et à qui on donne une tribune, ça me frustre (NdlR : Bayat fait référence à l’interview de Sandro Salamone, l’ancien analyste vidéo, dans nos colonnes ce vendredi). Le département recrutement du club a bien travaillé à l’image du mercato hivernal.”
Quand j'entends un imposteur, qui a travaillé chez nous, et à qui on donne une tribune, ça me frustre.
Il faut admettre aussi que celui de l’été dernier n’a pas été bon notamment à la pointe de l’attaque avec Dabbagh.
”Sur les deux derniers matchs, Oday a marqué 2 buts. Un qui a été annulé pour un hors-jeu qui ne le concernait pas donc il a quand même marqué et un à Eupen. Il a du talent. Ce joueur logiquement n’aurait pas dû venir à Charleroi. C’est un miracle qu’on ait pu aller le chercher.”
C'est un miracle qu'on ait pu aller chercher Dabbagh.
Votre regard est tourné vers l’avenir.
”J’ai retiré beaucoup d’enseignements. Est-ce qu’on a commis des erreurs ? plein. Maintenant, il faut préparer la saison prochaine. On va se consacrer sur le recrutement pour qu’à la reprise le 18 juin, on a un groupe qui soit paré à ne pas rejouer de nouveau avec nos émotions.”