Nos sportives à l'honneur: "Nina s’énerve quand elle n’est pas efficace"
Marjorie Heuls, sa coach française, a rencontré Nina Derwael dès l’âge de 11 ou 12 ans.
- Publié le 08-03-2019 à 06h55
- Mis à jour le 08-03-2019 à 09h17
Marjorie Heuls, sa coach française, a rencontré Nina Derwael dès l’âge de 11 ou 12 ans. Derrière chaque championne, il y a une femme, souvent (très) jeune en gymnastique. Derrière Nina Derwael, il y a une coach, Marjorie Heuls, venue de France pour transmettre son savoir avec son compagnon, Yves Kieffer.
"Je connais Nina depuis l’âge de 11 ou 12 ans, soit depuis qu’elle a quitté le domicile familial de Saint-Trond pour intégrer le Sport-Études à Gand, preuve de son ambition débordante. Ce qui caractérise le plus Nina est qu’elle s’est donnée les moyens de réussir. Tout en ayant un caractère assez fort, elle manifeste un réel respect des autres…"
Ayant commencé la gymnastique dès l’âge de… deux ans et demi, Nina Derwael a été sacrée championne d’Europe, puis du monde, aux barres asymétriques, devenant une véritable icône du sport belge l’an dernier. Une notoriété aussi soudaine qu’inattendue, qu’elle a gérée avec un professionnalisme bon enfant. "La fin de l’année dernière fut fatigante avec de nombreuses sollicitations, notamment des médias. Mais elle y a pris beaucoup de plaisir, non seulement pour elle-même, mais aussi pour son sport, relativement confidentiel en Belgique, faute de résultats internationaux. Avec les années, Nina s’est épanouie. Son succès ne l’a pas grisée, loin de là ! Et, pour tout dire, elle le partage parce qu’elle est particulièrement motivée par l’esprit d’équipe."
Nina et Marjorie se sont donc rencontrées dans le cadre d’une sélection régionale il y a six ou sept ans, déjà. "D’emblée, j’ai vu chez elle son envie, sa motivation et, surtout, son amour de la gymnastique. Au fil des années, j’ai ressenti son caractère opiniâtre. Elle n’aime pas ne pas réussir et elle s’énerve quand elle n’est pas efficace, tant à l’entraînement qu’en compétition. Mais elle a, aujourd’hui, acquis une fameuse confiance. Elle gère le stress."
L’entraînement de jeunes filles est, bien entendu, particulier à la gymnastique. Le coaching n’est absolument pas le même qu’avec des adultes. "Nina s’est épanouie dans son sport. Elle y trouve son plaisir et elle mène une vie équilibrée avec ses études, désormais supérieures en Project Management. Nina est très accessible, très ouverte aux autres, ne fût-ce que parce qu’elle parle plusieurs langues. Elle s’amuse sans cesse !"
Et c’est sans doute le secret de sa réussite après une adolescence rythmée par les agrès, dont les barres asymétriques, devenues sa spécialité. "Elle a un véritable feeling avec cet agrès, qu’elle apprécie beaucoup. Et ses prestations s’en ressentent. En compétition, elle parvient à se concentrer sur elle-même et elle ne sera satisfaite que si la manière et le résultat correspondent à ses sensations. La gymnastique étant un sport de notes, par des juges, la pression ne retombe qu’à la sortie et à la lecture de l’appréciation. Mais, croyez-moi, mentalement, elle est très forte !"
Dès le plus jeune âge, la gym exige une discipline, une hygiène de vie, exceptionnelles. "Chez Nina, tout est une question d’équilibre. Elle a besoin de se sentir bien dans sa peau, à la fois physiquement et mentalement. Mais ce n’est pas un poids. Pour elle, c’est vraiment normal ! Son investissement est total."
Et sa personnalité rayonne, notamment sur celles qui l’entourent en équipe nationale. "Nina aime partager, que ce soit à l’Université ou en sport. Elle est très collégiale. Tout en pratiquant un sport de haut niveau, elle prépare également son avenir professionnel au travers de ses études parce qu’elle a conscience qu’une carrière est courte. En tout, elle garde la tête sur les épaules et les pieds sur terre."
Et ce, malgré les impressionnantes figures de style qu’elle est souvent amenée à produire en compétition. Parole de Marjorie Heuls, parole d’experte…