Nos sportives à l'honneur : "Sanne a du caractère, une énorme volonté…"
Depuis vingt ans, Sonja Boons a suivi l’ascension de sa fille Sanne Cant.
- Publié le 08-03-2019 à 07h13
- Mis à jour le 08-03-2019 à 21h49
Depuis vingt ans, Sonja Boons a suivi l’ascension de sa fille Sanne Cant. Dans l’ombre, Sonja Boons a suivi l’ascension de sa fille Sanne Cant, triple championne du monde de cyclo-cross. Chez les Cant, le cyclisme est roi. Le frère aîné, Kevin, a couru lui aussi jusqu’à il y a quelques mois, et le cadet, Jelle, évolue dans l’équipe Tarteletto-Isorex.
"Pourtant, ni mon mari, Gino, ni moi, n’avons fait du cyclisme, contrairement à plusieurs membres de notre famille", dit la maman de la célèbre famille de Lille, en Campine. "C’est vrai, on baigne dans le cyclisme et plus spécialement dans le cyclo-cross. Cela rythme tout. Il faut être bien organisé, mais c’est certainement comme cela dans toutes les familles, que ce soit pour le sport, les études ou autre chose. Avoir des enfants procure du boulot." (sourire)
Sonja Cant-Boons est depuis toujours l’accompagnatrice de sa fille, la couvant jusqu’à quelques secondes du départ, puis s’en occupe dès l’arrivée, du passage (très souvent) au podium jusqu’au retour au mobilhome.
"On essaie de l’aider au mieux", dit maman Cant. "Sanne est quelqu’un de très structurée, tout est minuté, millimétré. Je veille à ce que ce soit en ordre, mais je ne fais pas autre chose que ce que font toutes les mères… Je sens quand elle a besoin d’être laissée tranquille, soutenue ou encouragée. Si elle est nerveuse, inquiète, j’essaie de la rassurer. Pendant la semaine, sauf si elle veut en parler, je n’aborde jamais avec elle la course, ses entraînements et certainement pas si elle est dans une période difficile, malade ou blessée… Durant les cyclo-cross, je me place à un endroit où elle me verra facilement. Un regard suffit pour communiquer. Est-ce que cela l’aide ? Je n’en sais rien."
Cela dure depuis plus de vingt ans.
"Sanne a commencé à 6 ans, aux Pays-Bas", dit-elle. "On ne pouvait pas, alors, courir à cet âge en Belgique. Elle roulait avec les garçons, avec classements séparés, cela ne la dérangeait pas. Comme ses frères, elle a débuté par l’athlétisme. Mon mari aurait aimé qu’ils jouent au foot. Il y avait des ballons dans le jardin, mais les enfants s’en servaient pour tourner autour en vélo."
Sa réussite, Sanne Cant la doit à son talent, mais aussi à d’autres qualités.
"Elle a beaucoup de force de caractère, une énorme volonté, mais comme tous les sportifs de haut niveau, j’imagine", poursuit sa maman. "Quand Sanne se fixe un objectif, elle s’y tient. Elle vit à 110 % pour son sport, il y a trois semaines de repos par an et le reste, c’est le travail. Elle est totalement impliquée. Ses frères aussi. D’ailleurs, si cela n’avait pas été le cas, nous n’aurions pas tout donné, nous non plus. Quand des enfants font un choix, ils doivent le faire à fond, en sport ou dans n’importe quel domaine. C’est notre philosophie, nous la leur avons inculquée dans notre éducation. Nous avons accepté et l’avons soutenue dans son choix, une fois son diplôme d’humanité en poche, de tenter sa chance dans le cyclisme professionnel."
Sanne Cant est plutôt timide, "pas très sociable", dit-elle elle-même. La jeune femme aime autant passer son chemin ou revenir plus tard, si le magasin où elle compte se rendre est très fréquenté.
"Sanne est timide, réservée, introvertie, elle n’apprécie pas la popularité, c’est vrai", reconnaît sa mère. "Elle n’est pas fan des cérémonies, des galas et autres fêtes. Pour elle, ce sont des contraintes. Ses amis, ses connaissances sont surtout des gens du cyclo-cross, de son monde. Quand elle était jeune, elle ne sortait pas, elle n’est jamais allée à une soirée, mais n’en a pas ressenti le besoin. Ce n’était pas un sacrifice pour Sanne."
Sonja Boons n’est donc pas surprise du succès de sa fille.
"C’est venu lentement, année après année", remarque-t-elle. "Mais maintenant, elle est au sommet depuis cinq ans déjà. Comme tous les enfants, elle rêvait bien sûr d’y arriver, de devenir champion du monde. Elle a réalisé ce rêve et même à trois reprises."
Avec sa réussite internationale, Sanne Cant a permis l’évolution phénoménale du cyclo-cross féminin au nord du pays où il croît encore.
"C’était son espoir et cela a bien réussi", dit sa mère. "Aujourd’hui, son sport bénéficie de plus en plus d’attention. Les femmes qui font du cyclo-cross sont considérées, les chiffres des audiences télévisées sont énormes. C’est son mérite, je pense. À ses débuts, les dames couraient le matin, avant les courses des jeunes. Maintenant, c’est un des deux grands moments de la journée. Elle peut être fière d’avoir donné ses lettres de noblesse au cyclo-cross féminin."
Pourtant, la jeune femme attend encore une véritable reconnaissance.
"Le titre de Sportive de l’année, face à des athlètes qui prestent dans des sports olympiques, c’est difficile", poursuit notre interlocutrice, "mais, cet hiver, Sanne a été terriblement déçue de ne pas obtenir le Vélo de Cristal. Cela fait des années que Sanne est n° 1 mondiale, elle est triple championne du monde et d’Europe, dix fois championne de Belgique, elle gagne tous les classements... Elle représente quand même quelque chose."