Zoom sur la nouvelle garde orange de Greg Van Avermaet
Si la moitié du noyau qui l’épaulera cette année sur les classiques a changé, le champion olympique aborde pourtant la campagne du Nord en pleine confiance.
- Publié le 28-02-2019 à 14h01
- Mis à jour le 28-02-2019 à 14h04
Si la moitié du noyau qui l’épaulera cette année sur les classiques a changé, le champion olympique aborde pourtant la campagne du Nord en pleine confiance.
Dans le lobby de l’hôtel Grand Hormuz de Mascate, au lendemain de l’arrivée finale du Tour d’Oman, les coureurs de l’équipe CCC tuent le temps autour d’un capuccino en attendant l’arrivée de leur navette pour l’aéroport. Loin du mutisme de certains autres groupes occupant le même lieu, les éclats de rire rythment un moment de vie duquel transparaît déjà une évidente complicité.
Si Greg Van Avermaet aime avancer qu’il n’a pas le sentiment d’avoir changé d’équipe cet hiver et que la formation CCC relève, à ses yeux, plutôt du prolongement de BMC, le champion olympique sera pourtant épaulé par trois nouveaux partenaires sur l’ouverture de la saison belge ce samedi. Si Küng, Roelandts et Drucker accompagnaient le Waeslandien sur le Circuit Het Nieuwsblad en 2018, il comptera cette année sur le soutien de Van Hoecke, Van Keirsbulck et Wisniowski aux côtés des fidèles Schär, Ventoso et Van Hooydonck.
"Nous présentons un collectif au moins aussi solide que l’année dernière pour les classiques", commente le leader de l’équipe CCC. "Sur le Tour d’Oman, nous avons pu travailler sur certains automatismes. Je suis confiant dans un groupe qui serait prêt à aller au feu pour moi."
Une analyse teintée d’un optimisme de bon aloi que partage le directeur sportif Valerio Piva. "Je nous pense bien armé pour tenter de porter Greg vers de grands succès, commente celui qui est resté aux côtés de Van Avermaet cet hiver . Ce qui me fait extrêmement plaisir, c’est de constater à quel point ce groupe vit bien. Le soir, après le repas, tout le monde reste à table pendant un long moment pour discuter de tout et de rien. C’est le signe d’une réelle solidarité et d’un certain esprit de corps. Il se passe un truc entre ces coureurs. La mayonnaise prend..."
Zoom sur la nouvelle garde orange de Golden Greg.
Lukasz Wisniowski: "Fort comme un ours"
Arrivé de la puissante armada Sky cet hiver, où il ne s’est jamais totalement épanoui, Wisniowski pourrait bien être l’une des révélations de cette campagne des classiques aux côtés de Van Avermaet. Bourré de qualités, le Polonais ne devrait pas tarder à prouver que son recrutement n’est pas le seul fait de sa nationalité, identique à celle de l’équipe CCC.
L’avis de Greg Van Avermaet : "Lukasz avait fait d’excellents débuts dans le peloton pro chez Quick Step avant de choisir de rejoindre Sky où il a moins reçu l’occasion de se mettre en évidence. Son énorme potentiel y est donc resté quelque peu endormi. Le Polonais est fort comme un ours et possède de grosses qualités de rouleur. Au sein du peloton, il jouit d’une excellente réputation car tout le monde sait ce qu’il est capable d’abattre comme boulot."
L’avis de Valerio Piva : "Ce n’est sans doute pas le nom le plus connu du grand public, mais je suis convaincu qu’il s’agit d’une excellente recrue. Son parcours est le meilleur témoin de ses qualités puisqu’il est passé par chez Quick Step (2015 et 2016) puis Sky(2017 et 2018). Il a aussi longtemps été l’un des lieutenants préférés de Kwiatkowski. Sa deuxième place l’année dernière sur le Circuit Het Nieuwsblad prouve qu’il est tout à fait capable de briller sur les classiques pavées. J’attends de lui qu’il soit encore présent dans les finales aux côtés de Van Avermaet. En janvier, nous avons organisé un camp d’entraînement non obligatoire en Espagne auquel il a tenu à participer afin de s’intégrer plus rapidement au groupe des classiques. Une anecdote qui en dit long…"
Guillaume Van Keirsbulck:“Un très grand talent”
Arrivé chez CCC cet hiver sur l’insistance de Greg Van Avermaet, celui que l’on a longtemps présenté comme le “nouveau Tom Boonen” veut ouvrir “un autre chapitre de sa carrière” après deux saisons chez Wanty-Groupe Gobert. Visiblement transcendé par la confiance que Van Avermaet place en lui, GVK veut renvoyer l’ascenseur au champion olympique. “Il doit devenir mon ombre jusque dans les finales de courses”, sourit Van Keirsbulck.
L’avis de Greg Van Avermaet : “Guillaume est passé pro très tôt, à 19 ans à peine. Après deux ou trois bonnes saisons chez Quick Step, il s’est quelque peu perdu en chemin. Mais il a su se relancer chez Wanty-Groupe Gobert. Je sens qu’il a très envie de démontrer qu’il possède toutes les qualités pour évoluer au niveau WorldTour, ce dont je ne doute aucunement. C’est un grand talent. CCC lui offre une seconde chance au plus haut niveau du cyclisme mondial. Je compte sur lui pour bien me placer quand cela se tend dans les deux dernières heures de course. Il donne parfois l’impression d’être un peu trop relax à l’entraînement, mais en course, c’est un véritable combattant.”
L’avis de Valerio Piva : “Nous avons recruté Guillaume cet hiver avec la volonté qu’il accompagne Greg dans les finales de courses et soit un de ses derniers relais. On l’a présenté à ses débuts dans le peloton pro comme le nouveau Boonen. Une étiquette que l’on accole un peu trop facilement aux jeunes coureurs belges spécialistes des pavés mais qui en dit tout de même long sur son potentiel. L’analyse de ses tests physiologiques, ses wattages, nous a confirmé qu’il possède un très gros moteur. C’est un coureur qui me semble beaucoup fonctionner au mental. Le fait qu’il sente que Greg compte beaucoup sur lui le motive énormément. Il a ainsi surveillé son poids de près durant cet hiver et est déjà bien affûté.”
Michael Schär: "Il est comme un frère pour Greg"
Michael Schär est l’ombre de Greg Van Avermaet. À moins que ce ne soit l’inverse au regard du gabarit du Suisse (1m96). Complices sur le vélo et à côté de celui-ci, les deux hommes sont équipiers depuis près de dix saisons maintenant. Une confiance réciproque qui ne doit rien au hasard.
L’avis de Greg Van Avermaet : “Nous évoluons sous le même maillot pour la neuvième saison déjà et nous connaissons donc par cœur. C’est important de pouvoir s’appuyer sur certains automatismes dans le feu de l’action. Miki possède un gros moteur, comme on dit dans le jargon cycliste, et une énorme expérience qu’il met judicieusement à profit pour diriger la manœuvre en course. Il est souvent placé à côté de moi dans le peloton afin de me protéger au mieux.”
L’avis de Valerio Piva : “Dans l’équipe, on dit souvent que Miki et Greg sont comme deux frères tant ils passent du temps ensemble… (rires) Greg a une confiance aveugle en lui. Pour un directeur sportif, le Suisse est aussi un très important relais dans la course car il est capable de diriger la manœuvre collective avec intelligence et de prendre rapidement des initiatives quand cela se révèle nécessaire. Miki est donc notre capitaine de route. Son expérience et les automatismes qu’il possède avec notre leader en font un élément essentiel de notre équipe sur les classiques.”
Kamil Gradek: "Ambitieux et motivé"
Le longiligne (1m94 pour 80 kg) Polonais est considéré comme l’un des meilleurs coureurs issus de l’ancienne équipe pro continentale CCC-Sprandi. S’il ne sera pas aligné sur le Circuit Het Nieuwsblad samedi, il passera un test important le lendemain à Kuurne où Valerio Piva veut juger comment il se comporte sur un terrain très spécifique.
L’avis de Greg Van Avermaet : “C’est assurément le coureur que je connais le moins dans ce groupe des classiques, mais nous avons déjà pu travailler certains automatismes lors du dernier Tour d’Oman où il a fait du bon boulot. Il vient de la filière polonaise de notre formation et m’a impressionné par son degré de motivation et d’ambition lors des stages hivernaux.”
L’avis de Valerio Piva : “Ce n’est pas le coureur que je connais le mieux puisque je ne l’ai pas encore dirigé en course. Kamil est un gros coureur avec, comme on dit dans le jargon, une grosse caisse. Il est costaud et sait encaisser le travail et les efforts. Il a déjà été chercher quelques accessits sur des courses flandriennes de moindre envergure (NdlR : dixième à Nokere en 2018 par exemple), ce qui traduit son envie. À mes yeux, pour être performant sur les classiques, la tête est pratiquement aussi importante que les jambes.”
Nathan Van Hooydonck: "Le prototype du coureur de classiques"
Neveu d’Edwig, double vainqueur du Tour des Flandres (1989 et 1991), Nathan Van Hooydonck a pris du galon cette saison après une saison et demie chez les pros sous le maillot de la BMC. Deuxième de Paris-Roubaix et 3e du Ronde chez les juniors, il a toutes les qualités pour tenir le haut du pavé.
L’avis de Greg Van Avermaet : “Nathan était déjà à mes côtés chez BMC l’année dernière sur une partie des classiques flandriennes. C’est un coureur plein d’avenir, qui est encore jeune. Il a encore beaucoup de choses à apprendre mais je suis également convaincu de son énorme potentiel. C’est le prototype même du coureur de classiques. Ses qualités de rouleur nous seront assurément précieuses en plusieurs circonstances. Il entrera en action un peu plus tard que par le passé et c’est donc à lui de démontrer ce qu’il sait faire dans un tel contexte.”
L’avis de Valerio Piva : “Je travaille déjà depuis deux ans maintenant avec Nathan et le connais donc bien. C’est un coureur costaud qui a déjà fait étalage de son talent en montrant de belles choses en compétition, mais il possède encore une marge de progression intéressante. Normal pour un gars de 23 ans me direz-vous… (rires) Il excelle dans les chronos et possède donc de grosses qualités de rouleur qui lui permettent, par exemple, de combler un écart en milieu de course si nous devions être amenés à désamorcer une situation qui ne tournerait pas à notre avantage. Il est aussi l’un des anges gardiens de Greg qu’il pilote dans le peloton aux côtés de Schär.”
Gijs Van Hoecke:" On s'entraîne ensemble"
Membre du groupe d’entraînement des Parelvissers, où il côtoie aussi Naesen, Gijs Van Hoecke est un proche de Van Avermaet depuis plusieurs saisons déjà. Ancien spécialiste de la piste (champion du monde de l’américaine en 2012), il se concentre désormais sur sa carrière sur route.
L’avis de Greg Van Avermaet : “Nous nous entraînons ensemble pratiquement chaque jour depuis plusieurs années déjà et sommes donc, de ce fait, très proches. Je savais qu’il était en fin de contrat chez Jumbo-Visma et comme nous étions précisément à la recherche d’un renfort pour les classiques, je lui ai proposé de me rejoindre chez CCC. Je suis convaincu qu’il n’a, jusqu’ici, pas totalement exploité son potentiel sur ce terrain et qu’il peut progresser au contact de notre équipe en course. Gijs est aussi un gars d’une extrême loyauté. Je sais qu’il serait prêt à aller au feu pour moi… (rires)”
L’avis de Valerio Piva : “C’est l’un des compagnons d’entraînement les plus réguliers de Greg puisqu’il habite, lui aussi, la région de Berlare. Une solide relation d’amitié l’unit donc à notre leader mais ce n’est pas sur cette seule base que nous avons choisi de le recruter cet hiver, croyez-moi (rires)… Il marche déjà très fort et possède du talent. Comme tous les jeunes coureurs flamands ou presque, il possède une forme d’aisance naturelle sur les routes si particulières des classiques du Nord. C’est un gars qui sait quand et comment se placer. Sa connaissance des parcours constitue un gros atout.”
Francisco Ventoso: “L’un des plus expérimentés”
S’il n’a pas encore été aligné en course cette saison aux côtés de Van Avermaet, Ventoso connaît le champion olympique depuis un peu plus de deux ans, et leur période commune chez BMC. Son statut apparaît toutefois en balance et il pourrait devoir faire un pas de côté après le Nieuwsblad (qu’il disputera) si l’un des coureurs issus de chez CCC-Sprandi (Gradek, Bernas ou Cerny) venait à s’illustrer.
L’avis de Valerio Piva : “L’Espagnol en est à sa seizième saison dans le peloton pro et possède donc une très grosse expérience. C’est, sans doute, l’un des coureurs ibériques qui connaît le mieux les classiques flandriennes. À côté de Miki Schär, il incarne l’un de nos autres capitaines de route. Francisco est un gars capable de rouler pendant des kilomètres en tête du peloton pour réduire l’écart sur un groupe d’échappée par exemple. Il a disputé l’intégralité de la saison de la campagne de la Campagne du Nord l’année dernière mais cela pourrait être un peu différent cette année. Il n’a plus couru depuis la Cadel Evans Great Ocean Road Race (NdlR : le 26 janvier), mais son niveau était bon en Australie. Nous verrons donc comment il se comporte lors du Nieuwsblad.”