La chronique d'Axel Merckx: "Il y a des risques élevés de burn out"
Axel Merckx estime que les jeunes cyclistes ont tendance à se mettre trop de pression.
- Publié le 02-05-2024 à 17h17
À l’approche du Tour d’Italie, beaucoup de coureurs sont descendus des montagnes où ils effectuaient des stages plus ou moins longs. C’est un processus logique avant un grand tour. Mais, d’une manière plus générale, ces séjours prolongés et répétés en altitude tiennent, je pense, surtout de l’effet de mode. Attention : je ne dis pas que cela ne sert à rien, bien sûr, mais on en fait quand même trop. Que Cian Uijtdebroeks les multiplie entre les courses à étapes auxquelles il prend part tient la route. C’est un grimpeur et il a déjà montré que ces longs séjours en solitaire ne lui posent pas le moindre problème. Cela dit, cette mode ne sert pas les intérêts de tous les coureurs. Prenez les plus jeunes ! Aujourd’hui, des gamins de dix-sept, dix-huit ans veulent déjà aller en altitude dès qu’ils le peuvent. Or à cet âge, on a surtout besoin de rouler en course, pour apprendre à frotter, à se trouver au milieu d’un peloton et diminuer les risques de chutes. J’ai appris que l’équipe de développement de Soudal Quick-Step qui s’alignera au Baby Giro début juin ne participera à aucune course en mai parce qu’ils ont privilégié un stage en altitude. C’est un choix que je respecte mais que je n’imposerai jamais aux gars de ma formation (NdlR : l’équipe Espoirs Hagens Berman Jayco). Nous n’effectuons d’ailleurs pas de stages collectifs en altitude. Si un coureur en manifeste le souhait, nous en discutons avec lui, pesons les pour et les contre.
Les jeunes veulent imiter les pros. De plus en plus souvent, ils font tout comme eux. Si cela peut permettre à certains d’acquérir des réflexes et des habitudes de vie saine, ce mode de vie professionnel augmente également la pression qu’ils se mettent. Vivre pour le vélo et être passionné par ce sport est une chose, mais il est fondamental de pouvoir relativiser. Je vois trop de gamins qui ne conçoivent pas de ne pas "faire carrière". Ils verraient ça comme un échec. Or il est important qu’ils comprennent que tous ne décrocheront pas un contrat pro. Ne pas voir ça comme un revers leur permettrait d’avancer plus sereinement. Nous essayons de suivre nos coureurs le plus assidûment possible et il est fondamental de les encadrer et de leur parler. Parce qu’il y a des risques élevés de burn out parmi ceux qui se mettent une pression dingue et ne vivent que pour cela. Il est logique d’avoir envie d’imiter les plus âgés, mais il faut pouvoir trouver le juste milieu et rester les pieds sur terre.