Voici à quoi ressemble une journée de stage avec les Zèbres
Journaliste en stage, il y a pire comme situation. Mais, et même si ce n’est pas pour les mêmes raisons que les joueurs, ce n’est pas toujours de tout repos, surtout quand les équipes néerlandaises occupant l’hôtel perturbent régulièrement vos nuits avec leurs délires alcoolisés. Immersion.
- Publié le 09-01-2015 à 11h27
- Mis à jour le 09-01-2015 à 11h31
Notre envoyé spécial en Turquie a suivi les traces des Carolos le temps d'une journée. Suivez le guide!
8h30 : Des forces pour ne pas être ridicule
Journaliste en stage, il y a pire comme situation. Mais, et même si ce n’est pas pour les mêmes raisons que les joueurs, ce n’est pas toujours de tout repos, surtout quand les équipes néerlandaises occupant l’hôtel perturbent régulièrement vos nuits avec leurs délires alcoolisés. Dès lors, on aurait aimé mettre le réveil un peu plus tard qu’à huit heures ce jeudi matin.
Mais il faut assumer le défi lancé tard dans la soirée de la veille au staff de Charleroi, lequel nous attend donc de pied ferme pour cette journée d’entraînement à passer en noir et blanc. Pour être en forme à l’heure du rendez-vous - ou plutôt ne pas être ridicule au sein d’un noyau pro -, un petit-déjeuner, riche en protéines nous dit-on, s’impose au plus tard à 8h30.
On respecte les consignes avec un œuf, de la charcuterie, quelques fruits secs, du yoghourt et un peu de pain. Direction ensuite la chambre de Bello, le magasinier, afin de recevoir et d’enfiler notre déguisement du jour aux couleurs de Charleroi. Me voilà prêt pour un entraînement physique annoncé corsé.
10h30: Pas complètement à côté de nos pompes
La séance de musculation et de gainage, avec 1.200 répétitions à se partager à trois, a marqué les organismes.
"La presse, avec moi." Marc Etienne, le kiné du groupe, nous tient manifestement à l’œil. Après le rassemblement à l’entrée de l’hôtel, nous voilà à même la plage. Un contexte de rêve. Sauf que le thermomètre peine à dépasser les cinq degrés et que le vent souffle de façon soutenue.
Alors que l’autre moitié du noyau est partie courir sous la conduite de Frédéric Renotte, il s’agit, par groupe de trois, de réaliser quatre exercices : squads, lever d’un poids de dix kilos, sauts et pompes. Au nombre de 300 à se partager au sein de son groupe. Soit un total de 1.200 répétitions ! Pendant que le premier s’y affaire, le second fait du gainage et le troisième trottine autour de la surface de jeu improvisée sur un terrain de beach-volley.
Un programme qui, sur la durée, fait réellement souffrir. L’objectif est de renforcer la puissance indispensable à un footballeur. "Je ne jure que par cela", commente après coup Frédéric Renotte, le préparateur physique des Zèbres. "Avec simplement de la vitesse, tu ne passes pas un joueur. Avec uniquement de la force, non plus. Mais les deux ensemble, tu obtiens la puissance et, là, tu laisses ton adversaire sur place."
Cloué au lit la veille et les yeux encore rouges, Clément Tainmont se serait bien passé d’être là. "Je me suis fait avoir", glisse-t-il, pensant qu’il pourrait se contenter de trottiner pour reprendre quelques forces. À ses côtés, Dieumerci Ndongala, malgré sa fine constitution, impressionne par son aisance dans les exercices de force tandis que le jeune portier Maxime Vandermeulen affiche une volonté de fer qui, au final, permettra au trio de clôturer l’exercice en tête après près de 45 minutes d’efforts.
De notre côté, et même si on n’est pas du tout sur notre terrain de jeu, on a l’impression de ne pas se débrouiller trop mal. Du moins de ne pas être complètement largué. Et promis, on n’a pas triché même si le staff nous a autorisés à poser les genoux à terre pour boucler nos pompes sur la fin. Tous ne peuvent pas en dire autant…
11h30: Courir pour renforcer le mental
Frédéric Renotte et le Docteur Borlée aiment le running. Pas leurs joueurs…
Du sable à perdre de vue avec, à l’horizon, des montagnes enneigées. Parfait pour un petit footing dont le tempo est donné par Frédéric Renotte et le Docteur Borlée, qui ont tous deux des atomes crochus avec la course à pied. On ne vous surprendra pas en disant que ce n’est pas le cas de la toute grande partie du noyau zébré.
Nous, on aime ça et on se cale donc dans le rythme modéré du peloton de tête. L’occasion de quelques discussions en toute simplicité. Après tout, on est équipier ce jeudi. Mais face au vent, cet effort d’endurance use rapidement les Carolos, même ceux qui mènent le train.
"Fred, on fait demi-tour quand ?", suggère après deux kilomètres Damien Marcq, qui venait de nous glisser qu’il était reparti "comme en quatorze" avant la dernière ligne droite du championnat. Mais Frédéric Renotte ne répond pas. "Le mental est aussi une notion capitale de la préparation", détaillait encore le préparateur physique après la séance. "Je prends donc un malin plaisir à ne pas répondre à ce type de question. Encore plus sur une plage où on ne voit pas la fin. Courir a pour eux un côté rébarbatif et, au-delà de ce que cela apporte, nous l’exploitons afin de les amener à se transcender, à se surpasser."
Voir Frédéric Renotte s’arrêter et donc signifier la mi-parcours est accueilli avec soulagement. Mais peu importe le retard, l’effort de chaque joueur est mis en avant lors de son arrivée. "Super les gars", répète-t-il plusieurs fois, tel un enseignant transmettant un message à sa classe. "Bonne nouvelle, maintenant, vous aurez le vent dans le dos."
De fait , le retour est bien plus rapide. Il faut dire que, cette fois, l’objectif est en ligne de mire. Et ça en booste manifestement certains. Après l’effort, reste un petit passage obligé devant la caméra de RCSC TV. Une vraie journée de footballeur on vous a dit…
12h15: Un plongeon en eau… froide
Quitte à jouer le jeu, autant le faire jusqu’au bout de la séance. D’autant que, exceptionnellement, il n’y a pas d’autre entraînement cet après-midi. Après le travail de puissance et d’endurance sur la plage, un petit détour de trois minutes par la piscine extérieure de l’hôtel s’impose, histoire, paraît-il, de faciliter la récupération. "Voilà qui est bien", souriait le duo Mazzù-Renotte en nous voyant, manifestement surpris, descendre les marches. Mais si, hier, nous vous indiquions que la température de l’eau avoisinait les dix degrés, on s’était sans doute montré quelque peu optimiste.
Et pas que d’un degré. Car, une fois immergé jusqu’à hauteur du bassin, difficile d’y rester. Cela caille vraiment. On comprend mieux les grimaces des joueurs qui, ce jeudi, ne sont pas tous passés par le bassin. Daf, dont ce n’est pourtant pas l’élément préféré, ne semble cette fois pas trop dérangé, prolongeant plus que d’autres l’aventure et acceptant de prendre la pose, tout sourire, à nos côtés. Après deux minutes, la sensation de froid est telle qu’elle se mue en douleur. Mais, chrono en main, on aura été jusqu’au bout.
14h: Une fin de journée bien plus calme
Avec déjà huit séances depuis le début de la semaine, les organismes commencent à souffrir. Sans oublier que le voyage et la météo ont fait quelques ravages. "Le menu, l’air de rien, est bien plus corsé que lors d’une semaine classique en Belgique", souligne Frédéric Renotte. "Sur la durée, ce n’est pas rien et on essaie toujours de trouver le bon dosage afin de performer tout en ne brûlant pas les joueurs." Le staff a donc décidé, comme c’est souvent le cas en stage, d’offrir un après-midi de liberté aux joueurs. Certains souhaitent rester calmement à l’hôtel.
D’autres, comme Ndongala, ont embarqué, malgré le vent froid qui s’est levé, dans le car affrété par le Sporting afin de rejoindre Side et Manavgat, les deux villes voisines de Colakli. Avec, chaque fois, environ une heure sur place dont profitent les joueurs pour se disperser et faire quelques achats, sans être déraisonnables. Il n’y a, pour le reste, pas énormément d’autres choses à faire. Peu après 17h, dans le calme, le car est déjà de retour pour une journée qui se terminera, après le souper, dans une ambiance bon enfant et autour d’un verre dans la pièce de vie de l’hôtel, où joueurs, staff, presse et les quelques supporters présents ont l’habitude de se retrouver. À 23 h, extinction des feux. Pour les joueurs du moins.