Dewaest - Martos: on ne passe plus !
Tout oppose Sébastien Dewaest et Javier Martos. Pourtant, à deux, ils forment à Charleroi l’une des charnières centrales les plus redoutées du pays. Interview.
- Publié le 07-01-2015 à 16h21
- Mis à jour le 08-01-2015 à 19h23
Tout oppose Sébastien Dewaest et Javier Martos. Pourtant, à deux, ils forment à Charleroi l’une des charnières centrales les plus redoutées du pays. Si Charleroi pointe actuellement dans le Top 4, il le doit aussi à une défense qui a retrouvé des couleurs après une entame de campagne compliquée. Dans l’axe, la paire composée de Sébastien Dewaest et de Javier Martos a pris de l’ampleur au point de devenir l’une des valeurs sûres de la Pro League. Le duo, très régulier, fonctionne à merveille. Et ce n’est d’ailleurs pas pour rien que le seul revers concédé par les Zèbres lors de leurs dix dernières sorties, Coupe de Belgique y compris, le fut lors de la suspension de Dewaest, face au Standard.
Pourtant, à l’exception du fait qu’ils soient tous deux droitiers, tout oppose les deux défenseurs. Sébastien Dewaest, qui a la jeunesse pour lui avec ses 23 ans, est grand et costaud, développe un jeu viril qui lui vaut de prendre son quota de jaunes sur la saison et aime à aller secouer les filets sur les phases arrêtées dès que l’occasion se présente. Javier Martos, lui, vient de fêter ses 31 ans et porte sur son dos une dose d’expérience déjà bien solide.
Dans un rôle plus discret mais tout aussi indispensable, le capitaine affiche un physique moins impressionnant, mais est un joueur très propre, hyper régulier et toujours bien placé, ce qui lui a valu de ne recevoir qu’une maigre carte en 24 matches disputés cette saison. Rare pour un défenseur central ! Dans la vie comme sur un terrain, l’Espagnol se veut avant tout efficace. Pas de grands discours. Mais quand il parle ou agit, il le fait bien.
Si tout oppose donc les deux pare-chocs carolos, reste que leurs différences de style, de gabarit ou encore de caractère font d’eux un duo pour le moins complémentaire, comme ils ont accepté d’en témoigner à l’issue de l’entraînement dispensé hier matin par Felice Mazzù et son staff sous le climat plutôt frisquet et venteux de la Turquie. "Quand l’un n’est pas là, ce n’est pas la même chose", témoigne Javier Martos en évoquant l’absence de son partenaire face au Standard. "C’est comme quand tu as la même copine depuis dix ans et que tu retrouves avec une autre. Il faut nécessairement du temps pour s’adapter", ajoute, en rigolant, son impressionnant cadet.
"Nous n’avons pas les mêmes qualités et c’est justement là que se trouve notre force", détaille, posé comme à son habitude, l’Espagnol formé à l’école du FC Barcelone. "Sébastien a un excellent jeu de tête et est très fort sur les duels là où moi, vu ma taille, j’ai plus de difficultés dans ce domaine. Il joue à droite et dispose d’un excellent pied droit. Pour moi, c’est d’ailleurs l’un des meilleurs défenseurs de Belgique et, à terme, malgré l’excellente génération actuelle, il peut espérer briguer une place en équipe nationale. De mon côté, si je suis droitier, je peux compter sur un pied gauche acceptable et donc évoluer de ce côté-là du terrain."
Leurs différences leur permettent également de s’exprimer librement sur le terrain, sans évoluer contre leur nature. Ainsi, sans la présence de son capitaine, Sébastien Dewaest ne serait pas le puncheur qu’il est sur phases arrêtées. "Il inspire la confiance tant son style et propre et son placement efficace. Au besoin, il est toujours là pour me couvrir, ce qui me permet aussi d’apporter ma contribution offensive lorsque l’occasion ou le besoin s’en fait ressentir. Mais je dois aussi m’en inspirer pour progresser car, en plus de ses relances excellentes, il a une vision du jeu tout simplement exceptionnelle", reprend l’ancien Roularien qui a rapidement su faire son trou après avoir débarqué à Charleroi voici dix-huit mois. "Ensemble, je le pense, on peut affirmer que l’on forme l’une des meilleures charnières du championnat."
Les playoffs 1 dans toutes les têtes
Arrivé à Charleroi au tout début de l’année 2011, Javier Martos, rescapé de l’ère Abbas Bayat, fait figure d’ancien. Après avoir connu des premières saisons compliquées et un passage par la case D2, il profite au maximum de la période faste actuellement traversée par les Zèbres. "C’est un réel plaisir de pouvoir vivre ça avec Charleroi. Quand le slogan Carolo are back a été lancé, peu osaient réellement croire que tout allait changer. Mais, petit à petit, c’est ce qui est train de se produire. Nous ne sommes donc pas là par hasard."
Et personne à Charleroi ne veut que cela s’arrête à la reprise, comme le confirme Sébastien Dewaest: "Nous sommes en confiance, tout en étant bien conscients du chemin restant à parcourir. Mais si on poursuit avec la même mentalité, que nous restons appliqués, nous négocierons bien la reprise, ce qui nous permettra d’accrocher les playoffs 1." Un objectif dont plus personne ne se cache désormais à Charleroi.
Javier Martos, discret mais efficace
"Martos a parlé, on peut rentrer au pays." La boutade glissée par l’un des joueurs carolos à l’issue du speech d’anniversaire du trio Bayat-Geraerts-Martos mardi soir témoigne de la discrétion de celui qui est cependant un capitaine estimé et respecté par le noyau. Mais, comme sur le terrain, le défenseur ibérique n’est pas du genre à en faire trop.
"Il y a des personnes dans la vie qui parlent tout le temps pour ne rien dire. Ce n’est pas mon style. Mais quand j’ai un message à faire passer, je le fais. Et puis, sur le terrain, la communication ne se résume pas au langage. Avec Sébastien par exemple, on se trouve désormais les yeux fermés. Pas besoin de longs discours. Un signe peut parfois suffire."
À l’instar du Grec Marinos qui a grandi avec les Zèbres cette saison, Javier Martos peut apparaître comme étant parfois en retrait. "Disons que je suis quelqu’un de calme. J’ai ça en moi depuis toujours et ce n’est pas lié à mon écolage en Espagne. Qui plus est, avec les années et l’expérience accumulée, j’ai appris à prendre du recul."
Sébastien Dewaest , plus fougueux, affiche là aussi un profil bien différent de son plus proche équipier. "Nous ne partageons pas souvent les mêmes activités et envies en dehors du terrain", indique-t-il. "Mais ça n’empêche en rien notre parfaite entente et collaboration au profit de l’équipe. Et là est le plus important."
Sébastien Dewaest : "Je reste carolo"
Sébastien Dewaest est, avec des garçons comme Kebano ou Tainmont, l’un des éléments qui suscitent la convoitise. Mais le natif de Poperinge, alors que le mercato ne fait que débuter, ne se voit pas quitter le navire carolo en cours de route. "Le foot reste le foot et on sait que tout peut aller vite. Mais je n’ai nullement l’intention de partir maintenant. Mon souhait est de finir la saison avec Charleroi et de mener à bien la formidable aventure que nous en sommes en train de réaliser. Je finirai donc la saison ici, sauf si une offre que le club ne pouvait refuser venait à tomber." Un club qui, via Mehdi Bayat, semble bien loin de vouloir laisser filer l’un de ses meilleurs éléments. Le mercato devrait donc continuer à demeurer bien calme à Charleroi.