Mazzù: "Rendre à Charleroi ce que la Ville a donné à mon père"
Felice Mazzù s’est confié sur la relation particulière qui l’unit au Sporting carolo.
- Publié le 05-01-2015 à 17h37
- Mis à jour le 06-01-2015 à 07h01
Felice Mazzù s’est confié sur la relation particulière qui l’unit au Sporting carolo. Adolescent, Felice Mazzù prenait avec enthousiasme la direction du Mambourg pour soutenir Charleroi, le club de sa ville, celui qui l’a toujours fait rêver. Aujourd’hui, à 48 ans, l’entraîneur carolo est aux commandes de cette même équipe, laquelle peut encore briguer à la fois une place en playoffs 1 et une demi-finale, voire mieux en Coupe de Belgique. Entre-temps, l’homme s’est construit lui-même, se basant sur sa passion et ses convictions pour gravir les échelons.
En l’espace d’un peu moins de quinze ans, celui qui ne peut se reposer sur aucun passé de footballeur digne de ce nom est ainsi passé de la P2, avec le RCS Brainois, à la D1. Non sans traverser des périodes de doutes, comme lorsqu’il fut écarté à l’AFC Tubize (D2) sans en comprendre les raisons ou encore lorsque le White Star, qu’il mena aux portes de la D1, dut composer avec d’importants soucis de trésorerie.
À Colakli, au premier jour du stage du Sporting Charleroi en Turquie, Felice Mazzù a accepté de se livrer à la Dernière Heure/Les Sports au sujet de son nouveau statut, de ses ambitions mais aussi de l’amour qu’il porte à la ville de Charleroi. Entretien.
Felice Mazzù, vous vous retrouvez à la tête d’un Charleroi actuellement membre du Top 4 en Belgique. Est-ce le projet d’une vie pour vous ?
"J’espérais en effet arriver là, oui. J’ai toujours rêvé de la D1. C’est le fruit de seize années d’efforts au sein des divisions inférieures, toujours avec la même philosophie. Mais je ne parlerais pas pour autant de concrétisation. Il est bien trop tôt. Oui, nous réalisons une saison au-delà des espérances, mais ce n’est pas pour autant que je suis déjà un coach confirmé de l’élite. Il me manque encore plein de choses pour pouvoir revendiquer ce statut. Et j’ai vécu certains événements récemment qui prouvent que tout peut aller très vite dans le football…"
Accéder à la D1 ne fut cependant pas un long fleuve tranquille…
"J’ai connu des galères, effectivement. Mais, vu mon maigre passé de footballeur, sans doute était-ce un passage obligé. Coacher est ma passion et je me suis toujours accroché, avec mes convictions. J’aurais pu, à un moment, tout envoyer balader et retrouver une vie dite facile comme enseignant, mon premier métier. Notamment après mon passage à Tubize, où on ne m’a plus fait confiance sans que j’en comprenne la raison. Si c’était ça le haut niveau, non merci. Mais mon aventure au White Star m’a redonné goût."
Un White Star que, grâce à un fantastique esprit de groupe, vous avez presque réussi à mener de la D3 à la D1. N’est-ce pas la même chose qui est en train de se passer à Charleroi ?
"Ma recette n’a pas changé. Le groupe a et aura toujours ma priorité, mais si on se rapproche de ce qui a pu se passer au White Star, on n’y est pas encore à Charleroi. Et les paramètres ne sont pas les mêmes dans une D1 impersonnelle, égocentrique et où il n’y a pas de place pour les sentiments."
Charleroi et son club ont toujours occupé une place particulière dans votre cœur. C’est donc loin d’être un poste comme un autre pour vous...
"À 14-15 ans, j’avais la bouche grande ouverte en observant les Zèbres depuis les tribunes. Y être un jour entraîneur était le premier grand objectif que je m’étais fixé. Vous savez, Charleroi, pour moi, c’est mon père. Il a travaillé à Charleroi, notamment dans la mine, il y a eu des enfants et y a fait beaucoup de sacrifices. De mon côté, j’ai vécu, j’ai joué et j’ai étudié à Charleroi. Aujourd’hui, j’ai envie de rendre à Charleroi tout ce que la Ville a donné à mon père et à moi. Cette une relation particulière que, je pense, peu d’entraîneurs peuvent comprendre."
Vous n’êtes cependant pas dénué d’ambitions et il arrivera sans doute un jour où vous quitterez Charleroi.
"Je n’ai jamais caché mes ambitions et mon parcours avec Charleroi devra s’arrêter un jour. Mais si je pars, je partirai bien. Pas comme un voleur ou un traître. Et certainement pas comme certains l’ont imaginé voici deux mois. Mais Charleroi, je le répète, c’est chez moi. Et si je peux y être épanoui, tant sportivement que financièrement, il n’y a pas de raisons de ne pas continuer à grandir ensemble."
Au plus près de son groupe
Jamais le dernier pour rigoler et partager un verre, Felice Mazzù maîtrise à la perfection les ingrédients permettant de bâtir un groupe uni et solidaire. Sans pour autant transmettre un message qui sonnerait faux. Car à la vie comme au foot, le Carolo est un personnage entier. Voici quelques caractéristiques de son personnage qui font aussi les clés de sa réussite.
PROCHE DES SIENS
Felice Mazzù sait ce que convivialité veut dire. Que ce soit avec ses joueurs ou avec ceux qu’ils côtoient au quotidien, il se fait fort d’instaurer une relation de travail basée sur la franche camaraderie. Tout en parvenant à garder le contrôle sur les siens, bien souvent grâce à un savant mélange d’humour et d’autorité.
MAÎTRE TACTICIEN
Partout où il est passé, comme T2 ou T1, son staff a loué ses qualités tactiques. Felice Mazzù sait de quoi il parle. Ce n’est pas pour rien qu’il a dispensé son savoir lors des cours d’entraîneurs ou que les télévisions le sollicitent pour tenir un rôle de consultant. Cette saison, et même s’il y a là toujours une part de réussite, ses remplacements ont souvent rapporté gros.
AMBITIEUX
S’il préfère ne pas se mettre en lumière, même s’il a appris à mieux se vendre, Felice Mazzù n’en demeure pas moins ambitieux. À Braine, alors qu’il débutait comme T1 en provinciale 2, il n’avait pas hésité à affirmer qu’il coacherait un jour en division 1, à Charleroi si possible. Il y est arrivé. Mais sa soif de progression ne s’est pas pour autant étanchée.
TRAVAILLEUR
Sous son apparence détendue, Felice Mazzù est un grand stressé. Rien ne doit être laissé au hasard, à tous niveaux, quitte à y passer beaucoup de temps. L’homme est donc un grand travailleur. Ce qui lui a permis de gravir les échelons.