Matthias Casse, champion d'Europe : "Je ne crains personne !"
Champion d’Europe -81 kg, Matthias Casse est le chef de file de la délégation belge.
- Publié le 24-08-2019 à 15h02
- Mis à jour le 30-03-2022 à 12h11
Champion d’Europe -81 kg, Matthias Casse est le chef de file de la délégation belge.
Encore tout auréolé de son titre européen en juin, à Minsk, Matthias Casse s’est envolé ce jeudi soir, à destination de Tokyo, en (bonne) compagnie de Dirk Van Tichelt, son aîné, et de Mark Van der Ham, son coach.
Fatigué par ses derniers jours d’entraînement intensif, l’Anversois avait hâte de prendre part à son deuxième rendez-vous mondial, après sa septième place l’an dernier, à Bakou. Car, depuis lors, le jeune homme de 22 ans a bien grandi, beaucoup appris sur lui-même, sur ses adversaires et sur le judo en général pour pointer au quatrième rang mondial en -81 kg, une catégorie très relevée.
Champion d'Europe, tête de série n° 4, Matthias Casse sera le bel et bien chef de file de la délégation belge, forte de onze judokas, engagée lors de ce Mondial japonais. Mais pas de quoi vraiment le déstabiliser, lui qui est issu d'une famille de sportifs. "Nous sommes quatre garçons à la maison. Comme moi, Jeroen pratique le judo tandis que Vincent et Robin s'adonnent à l'acrogym."
Autant dire qu’il y a une émulation chez les Casse où, à 22 ans, Matthias est quand même le deuxième de la lignée.
Matthias, d’où vous vient cette ambition sur un tatami ?
"Je la tiens de ma maman ! C’est elle qui m’a amené au judo alors que j’avais 6 ans. Au début, je n’aimais pas trop… Mais, dès que j’ai commencé à décrocher des médailles en compétition, j’ai été emballé. Et j’ai redoublé d’ardeur à l’entraînement ! Aujourd’hui, je combine le judo avec mes études en chimie grâce aux facilités qui me sont accordées et à mes copains qui m’aident beaucoup…"
Champion du monde juniors fin 2017, vous voilà champion d’Europe seniors. Vous n’avez pas perdu de temps…
"Le judo est un sport imprévisible. Je dois bien avouer que mes résultats chez les seniors sont meilleurs que prévu, ce qui me donne confiance. Je me sens bien ! La seule pression que je ressens est celle que je me mets moi-même. Alors, quoi qu’il arrive, je donne le meilleur sur le tatami."
Qu’est-ce que ce titre européen a changé dans votre vie ?
"Honnêtement, rien ! Disons que j’ai bénéficié d’un peu d’attention médiatique pendant une ou deux semaines. Puis, ça s’est calmé… Rien à voir avec celle accordée à Remco Evenepoel ! À ce niveau, il y a une terrible différence entre le judo et le vélo. Mais attention : je ne me plains. Je ne pratique pas mon sport pour avoir ma tête dans les journaux ou à la télévision. J’essaie simplement que le public comprenne tout l’investissement physique et mental qu’il y a derrière un titre européen. Ou mondial. Ou olympique. En judo… Et puis, personnellement, je ne veux surtout rien changer !"
Il n’empêche, désormais, vos adversaires vous attendent encore un peu plus, non ?
"C’est possible… Mais je suis préparé à cette éventualité ! Je sais que je peux battre tout le monde, mais aussi que tout le monde peut me battre… C’est pourquoi je garde les pieds sur terre, même si, dans ma tête, ce titre européen n’est qu’une étape. J’en veux plus, beaucoup plus !"
Avec 86 judokas, les -81 kg sont l’une des catégories les plus denses. Ça vous promet une longue journée…
"Oui, mais j’ai l’habitude… À chaque compétition, je dois disputer cinq combats pour espérer décrocher une médaille. J’y suis prêt ! Même à disputer des prolongations. Je m’en fiche pourvu que je gagne !"
Avec Sami Chouchi, il y a deux Belges en -81 kg au Mondial, mais il n’y en aura qu’un seul aux Jeux. Comment vivez-vous cette concurrence ?
"Normalement ! Sami est capable de tout et je lui souhaite le meilleur. Comme je l’espère pour moi. Je pense que notre concurrence est saine et nous pousse l’un et l’autre. Pour le moment, je suis devant lui au ranking parce qu’il vit une saison compliquée. Je peux choisir mes compétitions, ce qui est un avantage… Mais la situation peut rapidement se retourner en sa faveur. Donc, je me méfie. De lui comme des autres…"
À propos de vos adversaires, quels sont ceux que vous craignez le plus ?
"Je ne crains personne ! Mais je me méfie de tout le monde… De toute façon, j’ai un plan contre tous. Ceci dit, il y a deux gars très forts en -81 kg, l’Iranien Mollaei et l’Israélien Muki. Encore faut-il que la politique ne s’en mêle pas en empêchant le premier de combattre contre le second. Ce qui est le cas ! Mais, pour ma part, je les ai déjà battus tous les deux !"
À 22 ans, avez-vous encore une marge de progression ?
"Bien sûr que je peux, que je dois encore m’améliorer ! Je dois apprendre à marquer plus vite, tout en évitant de m’exposer…"
Un mot sur le Japon. Comment vous y sentez-vous ?
Pour ce Mondial, que peut-on vous souhaiter ?
"Décrocher l’or ! Ce Mondial est une répétition générale avant les Jeux. Il a lieu dans la même salle que celle de l’année prochaine. Chacun veut y prendre ses marques et il est évident que tout le monde ne repartira pas avec le même sentiment. Donc, l’or ou au moins le podium…"