Le Standard retourne à Louvain, où Victor Valdés a joué son premier match en Rouche : “Il a fait 15 minutes de yoga dans le chantier de Den Dreef”
Louvain a confié son maintien parmi l’élite à un ancien de Barcelone. Il y a huit ans, le Standard avait fait de même avec Victor Valdés, qui avait joué son premier match à… OHL.
- Publié le 02-05-2024 à 10h00
En Belgique, engager un ancien joueur de Barcelone est une garantie de succès. Louvain a assuré son maintien parmi l’élite à la suite de l’arrivée d’Oscar Garcia, un ancien disciple de Johan Cruijff, sur son petit banc. Il y a huit ans, le Standard avait connu le même succès avec la location de Victor Valdés qui lui avait permis de soulever la Coupe de Belgique.
Sur une voie de garage à Manchester United, le gardien espagnol avait accepté de se relancer en bord de Meuse. Un transfert que personne n’avait vu venir, d’autant que le club vivait une saison compliquée après avoir, notamment, occupé la lanterne rouge. “J’avais entendu quelques rumeurs mais son arrivée m’a quand même surpris, se souvient Guillaume Hubert, qui occupait alors le poste de numéro un. J’étais dans le vestiaire de l’Académie après un entraînement, j’ai levé les yeux et j’ai vu Victor Valdés (sourire). Je me suis demandé ce qu’un joueur avec une telle carrière faisait chez nous.”
Quand j'ai vu la boue et les grues, je suis allé le prévenir dans le car... mais ça ne l'a pas dérangé.
Le Catalan expliquera, par la suite, avoir voulu “redevenir un footballeur” après plusieurs années difficiles. Le Standard lui déroule le tapis rouge avec une titularisation six jours après son arrivée, à l’occasion d’un déplacement important à Louvain.
Les images de ce premier duel font rapidement le tour du monde. Habitué à évoluer dans les plus beaux stades européens, Victor Valdés découvre les grues, la boue et le chantier de Den Dreef, en pleine reconstruction et amputé d’une tribune, ainsi que la pluie belge. “Quand j’ai observé le décor, je suis allé le trouver dans le car pour l’avertir que les conditions étaient différentes de celles qu’il avait connues à Barcelone. Il avait déjà envisagé cette éventualité et cela ne l’a pas ému. Il a fait preuve d’humilité”, raconte Jos Beckx, son entraîneur des gardiens.
Tous les projecteurs sont braqués sur la nouvelle star du championnat. Une caméra filme sa descente du bus et le suit jusqu’à son entrée dans le vestiaire. Le gardien se sait observé et profite de cet instant de calme pour entrer mentalement dans sa rencontre. “Il s’est quelque peu écarté pour une séance de dix ou quinze minutes de yoga. Au début, tout le monde était étonné car ce n’est pas coutumier en Belgique mais après deux matches, on s’y était habitué”, continue-t-il.
Il a pris mon maillot à la fin du match mais je ne sais pas ce qu'il en a fait...
Sur le terrain, Victor Valdés fait le boulot avec trois arrêts qui permettent au Standard de s’imposer (0-2) et de lancer sa remontée au classement général. “Pendant le match, j’ai fait abstraction de son palmarès mais par la suite, je me suis dit que ça aurait été sympa de lui mettre un but. Ça aurait impressionné mes potes, mais pas mon fils de six ans qui, je pense, n’a jamais entendu parler de lui”, sourit Jordan Remacle, qui avait manqué son face-à-face avec le portier espagnol.
Rudy Riou, le gardien louvaniste, en garde un souvenir plus mémorable. “Pour moi, c’est un monument de Barcelone car hormis Ter Stegen et Zubizarreta, peu de gardiens barcelonais présentent une telle longévité. Juste avant de monter sur le terrain, je lui ai glissé deux mots à l’oreille. D’abord pour le féliciter pour sa carrière et ensuite pour lui demander son maillot. Ce n’est pas trop mon habitude mais mon fils m’avait confié cette mission. Au coup de sifflet final, il est immédiatement venu vers moi pour me donner sa vareuse et il a pris la mienne. Je ne sais pas ce qu’il en a fait mais ça prouve que c’est un grand homme.”
Au final, celui qui a entraîné les U19 de Moratalaz (banlieue madrilène) et de Barcelone n’a pas laissé une grande trace à Sclessin. Ses huit matches lui ont permis de décrocher une Coupe de Belgique qui ne pèse pas lourd au milieu de ses six championnats d’Espagne et trois Ligues des champions. Quelques boulettes, notamment à Malines, ont montré qu’il était à court de rythme et que ses meilleures années étaient derrière lui. “Il était dans son monde. Il était gentil mais ne parlait pas avec les autres joueurs. Il était uniquement concentré sur sa personne. Il devait également s’adapter aux méthodes belges. À l’entraînement, nous faisions souvent des répétitions de six arrêts mais lui voulait s’arrêter après deux. Il a dû s’y plier même si ça n’a pas été simple au début”, termine Jos Beckx.