Jorre Verstraeten à l’Euro de judo : “À 6 ans, je voulais m’inscrire au hockey et je suis devenu judoka !”
Le Louvaniste de 26 ans compte trois médailles (de bronze), en - 60 kg, aux championnats d’Europe. En route pour la quatrième ?
- Publié le 24-04-2024 à 20h38
Avec Matthias Casse et Toma Nikiforov, Jorre Verstraeten est l’une des valeurs sûres du judo belge. Si le Louvaniste n’a pas encore décroché de médaille au Mondial, il en compte déjà trois, de bronze, sur la scène européenne. C’était en 2019, 2020 et 2022. Absent en 2021, quand le staff fédéral avait préféré qu’il se concentre sur les Jeux de Tokyo, Jorre s’est incliné, toujours pour le bronze, en 2023, à Montpellier. Cette fois, pas question pour lui, à 26 ans, de laisser passer sa chance de monter sur un nouveau podium européen, à Zagreb. D’autant que notre titulaire en - 60 kg fut assez discret en ce début d’année olympique avec “seulement” une cinquième place à Tachkent…
Jorre, comment se présente cet Euro ?
”Je me sens super bien et j’ai hâte de combattre ! L’Euro me réussit plutôt bien, sans doute parce que j’aime les championnats qui me procurent d’autres sensations qu’un Grand Chelem, par exemple. Il n’y en a qu’un par an et, chaque année, c’est un objectif pour moi. En tout cas, je m’y suis bien préparé en participant à plusieurs stages.”
Où placez-vous cet Euro en cette année olympique ? Est-ce plus délicat à préparer ?
”Oui et non ! Non parce qu’on sait quel est l’objectif principal. Ce sont les JO. Mais oui dans le sens où cet Euro vient couper la préparation en vue de ce rendez-vous olympique. C’est important pour moi de m’aligner, même si, comme il y a trois ans, j’avais le choix. Dans la foulée, il y a encore deux Grands Chelems et le Mondial ! J’aurais pu opter pour un Grand Chelem où il y aura plus de points mais j’avais regretté ce choix, en 2021, de ne pas participer à l’Euro.”
Je ne pense pas que je dois trop m'inquiéter pour ma qualification olympique.
Où en êtes-vous au niveau de la qualification olympique ?
”Je ne pense pas que je dois trop m’inquiéter. Je suis 21e au ranking avec près de mille points d’avance sur le 31e, l’Égyptien Samy, dernier qualifié. Il faudrait donc une catastrophe pour que je ne sois pas aux Jeux de Paris. C’est pourquoi mon choix était facile, cette fois…”
On parle assez peu de vous… Comment êtes-vous venu au judo ?
”Quand j’avais six ans, il y avait des camps sportifs et, avec mon jeune frère Lars, nous voulions nous inscrire au hockey. Mais on nous a répondu qu’il n’y avait plus de place et que le seul sport encore disponible était le judo. Nous avons tellement adoré que, après les cinq jours de stage, nous nous sommes inscrits au club ! Et ma sœur Jente nous a suivis. Ma première médaille nationale date de l’époque où j’évoluais en U15. Pour moi, ce fut une énorme surprise parce que je ne savais pas du tout où me situer. À partir de là, on m’a pris partout en stage et j’ai commencé à goûter aux compétitions internationales, ce qui m’a plu. Mais ma carrière a vraiment débuté en U18 avec une médaille au Mondial (NdlR : le bronze en 2013, à Miami).”
Comment êtes-vous arrivé à la fédération francophone ?
”C’était il y a six ans, je pense, lors de la transition de juniors à seniors. J’avais obtenu quelques résultats puis, plus rien. Je n’étais pas bien. Et j’ai ressenti le besoin d’une autre structure, d’un autre soutien, ce que j’ai trouvé du côté francophone. Je n’étais pas le premier puisque Kenneth Van Gansbeke était déjà là et il m’a aidé. Je lui dois beaucoup parce que j’ai appris avec lui, outre le fait que nous avons passé d’excellents moments. Et puis, c’est également chouette de côtoyer un gars comme Sami Chouchi, tant à l’entraînement qu’en dehors.”
Revenons aux JO… À Tokyo, vous êtes tombé sur le Japonais Takato, futur champion olympique. Il était trop fort ?
”Oui ! Moi-même, je n’avais jamais été aussi fort que ce jour-là mais lui était encore un cran au-dessus. C’est moins le cas aujourd’hui. Je veux dire par là qu’en - 60 kg, tous ceux qui s’aligneront aux Jeux sont capables de décrocher une médaille. Tout dépendra de la forme du jour. Ça se sent déjà la veille mais la confirmation arrive pendant l’échauffement. C’est là où je sens si je suis très bien, bien ou… pas bien. C’est à ce moment aussi que je découvre mon tirage. En fait, peu de temps avant de monter sur le tatami, Cédric Taymans me donne le nom de mon adversaire et on décide ensemble de la tactique. Pour moi, c’est comme ça pour chaque combat. Je n’ai pas envie de savoir à l’avance ce qui peut venir. Je dois d’abord battre le gars devant moi. Être dans le présent m’aide à donner le meilleur de moi-même.”
Comment vous y prenez-vous pour éviter qu’on vous parle du tirage qui a lieu la veille de la compétition ?
”Entre judokas, on se connaît et personne ne vient vous trouver en disant : 'Tiens, tu prends celui-là ?' Pour le reste, je coupe toutes mes notifications, à l’exception de mes parents et de ma copine (NdlR : l’athlète Noor Vidts).”