Non, le judo belge n’est pas en crise
L’objectif, ce sont les Jeux de Paris, pour lesquels il faut se qualifier.
- Publié le 28-04-2024 à 09h32
- Mis à jour le 01-05-2024 à 10h59
Toma Nikiforov et Sami Chouchi n’ont pas réussi à sauver les meubles pour la délégation belge engagée aux championnats d’Europe. À Zagreb, aucun de nos onze judokas n’est parvenu à combattre pour une médaille et, a fortiori, à en décrocher.
Pour la deuxième fois d’affilée, après Montpellier, la Belgique ne figure donc pas au tableau d’honneur de l’Euro, dominé par la Géorgie avec sept médailles (deux d’or, deux d’argent et trois de bronze). Ce sont justement ces fameux Géorgiens qui ont barré la route de Toma en -100 kg et de Sami en -90 kg.
Leur point commun ? Ils sont tous deux n°1 mondial, mais ni l’un ni l’autre n’a décroché l’or ! Au contraire de Grigalashvili, grand rival de Matthias Casse en -81 kg, et de Margvelashvili en -66 kg.
Une fraction de seconde sur l’attaque de Sulamanidze (22 ans) et Toma Nikiforov s’est retrouvé sur le flanc. "Sur le ventre ! Pour moi, il n’y a pas waza-ari…", corrigeait le Bruxellois, samedi soir.
Il n’empêche, à partir de là, Toma a tout donné face à cet adversaire, qu’il avait déjà rencontré à trois reprises avec un bilan d’une victoire (en 2021, à Lisbonne, où il avait été sacré champion d’Europe) pour deux défaites (en 2021, à Tbilissi et en 2023, au Masters). Ce face-à-face entre ces deux judokas est bien entendu tombé trop tôt, en huitièmes de finale, privant notre compatriote de repêchages.
"Le tirage n’est pas une excuse mais, si j’avais figuré parmi les huit têtes de série, je n’aurais pu le rencontrer qu’en quarts. C’est ça, le judo. Pour devenir champion, il faut être capable de battre tout le monde. Je me sentais pourtant bien, ce qui est positif en vue des JO."
Auparavant, Toma avait livré une fameuse bataille, longue de huit minutes et demie, pour venir à bout de l’Allemand Udsilauri (21 ans), qu’il avait déjà battu l’an dernier au Mondial et à l’Euro. "Il n’est vraiment pas facile à jeter, mais j’ai fini par l’emporter tactiquement sur trois pénalités comme je l’espérais."
La troisième vint quand Toma commençait à peiner physiquement.
En -90 kg, Sami Chouchi s’est débarrassé du Bosnien Miletic (25 ans), confirmant sa victoire de l’an dernier, à Zagreb déjà, pour avoir le droit de défier Bekauri (23 ans), champion olympique.
"J’étais content quand j’ai appris que je devais le rencontrer. Je l’avais déjà pris à l’entraînement, mais pas en compétition. Là, il ne m’a laissé aucune chance. Debout, il était simplement meilleur que moi."
Le Géorgien a marqué sur deux actions fulgurantes, lui valant deux waza-ari, synonymes d’ippon et de victoire. "Je n’ai rien à redire, d’autant qu’il a encore été très proche à deux ou trois reprises. Il méritait de gagner !", estimait Sami avec fair-play.
Gabriella Willems, une valeur sûre
À l’heure du bilan de cet Euro, on ne peut évidemment se réjouir de toutes ces défaites précoces. Mais il ne faut pas non plus tirer de conclusions hâtives et définitives. Non, le judo belge n’est pas en crise. L’objectif, ce sont les Jeux de Paris, pour lesquels il faut se qualifier. C’est le cas de Matthias Casse. Jorre Verstraeten, Toma Nikiforov et Mina Libeer sont également, à ce jour, qualifiés. Sami Chouchi, Amber Ryheul et Gabriella Willems n’en sont pas loin.
Malgré sa défaite au deuxième tour, face à la Portugaise Crisostomo, le retour à la compétition de Gaby est une réelle satisfaction car on a senti la Liégeoise (qui n’avait plus combattu depuis le 4 août 2023) capable de s’imposer, là où d’autres ont subi leur(s) combat(s).
"J’aurais préféré enchaîner deux ou trois victoires parce que j’en ai besoin. Après autant de temps sans compétition, je dois retrouver mes repères. Mais je retiendrai le positif : je quitte cette première compétition sans blessure. Je suis inscrite au Tadjikistan et au Kazakhstan, deux Grands Chelems, avant le Mondial. J’espère que je me libérerai et que je pourrai montrer ce dont je suis capable !", lançait la Liégeoise, qui a battu au premier tour la redoutable Russe Taimazova, actuellement n°11 mondiale.
Aucun doute : Gaby est une valeur sûre. Pour le reste, si Ellen Salens s’est rappelée au bon souvenir de ceux qui ne croyaient plus en elle, aucun des quatre plus jeunes (Jarne Duyck, Lois Petit, Alessia Corrao, Vicky Verschaere) n’a signé de coup d’éclat. Sa chance, il faut pouvoir la saisir, mais le judo n’autorise aucune approximation…