Lois Petit aborde son deuxième Euro métamorphosée : "Je ne voulais pas perdre le judo car j'y tiens beaucoup !"
La Tournaisienne de 24 ans s'est retrouvée dos au mur en début d'année et elle a (enfin) montré ce dont elle était capable.
- Publié le 25-04-2024 à 07h00
Battue au premier tour par l’Azérie Aliyeva en novembre, à Montpellier, Lois Petit aborde ce jeudi, à Zagreb, son deuxième rendez-vous européen. Dire qu’un "monde" sépare ces deux moments dans la carrière de la Tournaisienne de 24 ans serait exagéré mais, en cinq mois, notre "poids plume" (-48 kg) a bien évolué. Statistiquement, Lois a déjà disputé plus de combats cette année (16) que l’an dernier (12), mais c’est surtout la manière qui a changé.
Finies les tergiversations, elle est passée à l’offensive et, si elle n’a pas encore décroché de médaille sur la scène internationale, elle a prouvé qu’elle pouvait rivaliser avec les meilleures de sa catégorie, notamment à Bakou, où elle a terminé au pied du podium. Mais que s’est-il passé ? Fin 2023, Lois a été mise au pied du mur par son employeur, l’Armée, dont elle est sportive de haut niveau, qui lui a donné six mois pour prouver sa valeur.
"Je me suis rendue compte que je pouvais perdre le judo, auquel je tiens beaucoup ! Après de bons stages au Japon et en Autriche, je suis montée sur le tatami avec la ferme intention de montrer ce dont j’étais capable. Et ce fut le déclic. Fin janvier, au Portugal, j’ai disputé cinq combats qui m’ont valu une septième place finale. En soi, ce résultat n’était pas terrible, mais la manière importait beaucoup plus pour moi. Je ne me suis tout simplement pas reconnue !"
Confirmation mi-février, au Kazakhstan, avec également cinq combats, cette fois pour une cinquième place, synonyme de sélection pour l’Euro et, sans doute, pour le Mondial…
Lois, on vous imagine boostée avant cet Euro…
"Je me sens bien, en effet, surtout mentalement. J’ai évacué mon problème de poids. J’étais trop légère et je subissais les combats. Je pèse maintenant 47 kilos. Ce n’est pas encore parfait, mais c’est mieux. Psychologiquement, je me sens mieux. En fait, le déclic est venu à partir du moment où on m’a placée face à mes responsabilités. J’avais des critères à remplir pour garder mon statut. Et ce n’était pas évident puisque je n’étais jamais parvenue à un top 5 en Grand Chelem ou un top 3 en Grand Prix. Donc, oui, je me suis retrouvée dos au mur. Mais voilà, je suis désormais rassurée. Et tant mieux parce que je déteste avoir la pression comme ce fut le cas, même si j’ai bien presté."
Comment gérez-vous la pression liée à cet Euro ?
"Je prends cette compétition comme un Grand Chelem. Je ne suis pas la favorite et, donc, je n’ai rien à perdre. Ou plutôt j’ai tout à gagner !"
Avec l’Euro, deux Grands Chelems et le Mondial, votre carrière ne peut-elle pas prendre une autre dimension en un mois ?
"Peut-être… Je suis inscrite au Tadjikistan et au Kazakhstan. Pour ce qui est du Mondial, ce n’est pas encore officiel. Ma participation dépendra de mes résultats et aussi de la manière. Mais il est évident que ces échéances, très rapprochées, pourraient bouleverser ma carrière. Voyons d’abord comment ça se passera cette semaine, à Zagreb."
"Je me suis réveillée un peu tard pour les Jeux de Paris, mais ce n'est pas impossible..."
Les Jeux de Paris sont-ils encore dans un coin de votre tête ?
"Comme je me suis réveillée un peu tard, c’est-à-dire cette année, je suis seulement 44e au ranking olympique. Tout dépendra du mois à venir. C’est compliqué, mais ce n’est pas impossible. Avec une ou deux médailles, voire une cinquième place, je pourrais me rapprocher du top 20. Mais je dépends également des autres. J’ai trop peu de points sur la première année de qualification. C’est pour ça que je dis que je me suis réveillée un peu tard."
Où vous situez-vous par rapport à vos adversaires ? Y en a-t-il dont vous vous dites qu’elles sont encore trop fortes ?
"Il y a des adversaires, des styles de judo, que je n’aime pas. Les gauchères, en général… Ce sont des judokas sur lesquelles je dois travailler. Mais je préfère prendre une fille plus forte que moi plutôt que celle dont le judo ne me convient pas. Ceci dit, tout le monde doit travailler sur tous les profils."
Comment abordez-vous le tirage au sort ?
"Moi, je ne regarde jamais le tirage. Ce n’est que le matin de la compétition que je demande à Cédric Taymans quelle est ma première adversaire. Parfois, on joue un petit jeu et je dois deviner. Avant, je prenais souvent des Asiatiques ! Mais, pour le coup, à l’Euro, il n’y en aura pas… En fait, je n’ai pas envie de voir mon tableau pour garder toute ma concentration sur l’instant présent, sans penser à celle que je pourrais rencontrer par après. Anticiper, c’est pour moi la meilleure manière de se planter !"