À 137 kg pour 1,96 m, Gauthier Mvumbi est un sportif hors normes : “Shaquille O’Neal voulait me connaître”
Le Franco-Congolais, surnommé le “Shaq du handball”, a hérité son surnom de Shaquille O’Neal, qu’il a rencontré plusieurs fois. “Cela me botterait de venir jouer en Belgique”, assure-t-il.
- Publié le 14-03-2024 à 14h49
Leur condition physique est exceptionnelle. Ils sont musclés, font attention à leur alimentation, s’entraînent dur chaque jour et leur indice de masse corporelle est idéal. C’est en tout cas l’image qu’on a d’un sportif pro. Toutefois, certains détonnent dans un univers aseptisé où le moindre pourcentage de graisse est chassé et la plus petite incartade se retrouve proscrite. Ce sont des géants sur les terrains et les parquets, qui prennent une autre dimension grâce à leur résilience, leur motivation et la force qu’ils dégagent, permettant ainsi d’inspirer positivement toute une frange de la population, leur montrant que peu importent les difficultés, la motivation permet de franchir les étapes menant vers le succès.
Gauthier Mvumbi incarne l’un des exemples les plus inspirants et positifs. Ce handballeur de 29 ans s’est fait connaître il y a trois ans, non seulement grâce à ses performances mais aussi en raison de son physique hors normes. Le colosse de Dreux culmine en effet à 1,96 m et pèse 137 kg. Interview avec un sportif attachant, dont la carrure imposante n’a d’égale que la grandeur de son esprit et sa motivation. “Quand on est au collège, il y a la section sportive. J’avais des amis qui m’avaient orienté vers ce sport-là. ‘Viens tester’, disaient-ils, nous raconte le pivot. À vrai dire, au départ, je n’étais pas trop chaud. Quand j’ai commencé à jouer, j’ai accroché. Finalement, tous mes potes ont arrêté… Je persévère, je continue et je vis de belles expériences.”
Carrure : “J’ai toujours été plus volumineux, plus fort”
Impossible de louper le Franco-Congolais sur un terrain. “J’ai toujours eu une carrure plus importante que les autres. Même chez les jeunes, j’ai toujours été plus volumineux, plus fort, rembobine-t-il. Avant de faire du handball, je faisais déjà du football. La sensation de compétition, c’est quelque chose qui m’anime à chaque fois. En handball, j’ai justement aimé le fait qu’on coure, qu’il y ait de l’adversité, que cela pouvait donner des contacts. Tous ces aspects-là qui font qu’aujourd’hui, c’est ma passion.”
Me créer des espaces, c’est beaucoup plus facile pour moi. J'ai moins à me bagarrer que quelqu'un qui a un physique lambda. Je joue avec mes avantages.
Sur un terrain, Gauthier Mvumbi est pivot. Son rôle : placé au cœur de la défense adverse, il doit créer des brèches pour ses équipiers. “Ma carrure m’aide complètement, oui. Vu que j’ai pas mal de force de base et que j’ai aussi ce poids-là. Me créer des espaces, c’est beaucoup plus facile pour moi. J’ai moins à me bagarrer que quelqu’un qui a un physique lambda. J’ai moins à me bagarrer parce que je vais mettre mon corps en opposition et la personne ne va pas réussir à me contrôler. Je joue avec mes avantages (rires).”
Rouen : “Se servir de mon nom, c’est aussi une bonne chose”
Épargné par les blessures sérieuses, Mvumbi (29 ans) évolue en D3 française, à Rouen, où il a signé pour la saison actuelle. “Oui, je sais vivre de ma passion, même en jouant en D3. Les dirigeants m’ont parlé d’un projet. Après, cela fait partie du jeu de voir qu’aujourd’hui mon nom est un peu connu. Donc s’en servir aussi, c’est une bonne chose. Mais c’était plus par rapport au projet. Moi je cherchais quelque chose de beaucoup plus attrayant aussi. Et ça s’est bien goupillé pour tous les deux. Cela se passe en tout cas au mieux. En venant ici, j’espérais être dans le top 5. Pour l’instant, on est 3e. On verra l’année prochaine si je reste ou pas. J’ai eu des propositions un peu par-ci par-là, comme d’habitude. Mais pour l’instant, je suis là et ça se passe bien. Si je reste et que l’année d’après, on peut être dans la tête du peloton, 1er ou 2e, ce serait super.”
Gauthier, dont la compagne le soutient dans sa carrière, pense déjà à l’avenir. “Je m’entraîne tous les jours, pas à la salle de sport mais dans une salle de handball. Et le week-end, on a match. Donc en gros, on joue quasiment tout le temps. Oui c’est du 7 sur 7, à peu près. Si l’envie m’en prend, je peux me concentrer à 100 % au handball. Je prépare des projets professionnels à côté. J’ai pas mal de choses en tête que j’aimerais mettre en place.”
Un rôle d’exemple : “Rien n’est impossible”
Les apparitions de Gauthier Mvumbi créent le buzz sur les réseaux sociaux. Ses vidéos sont vues par énormément de monde. Grâce à cela, il peut servir d’exemple pour des personnes ayant du mal à s’accepter et s’interdisant la pratique d’un sport en raison de la peur du regard des autres. “C’est un rôle que je prends à cœur, assure notre interlocuteur. Je reçois pas mal de messages d’enfants. Et j’essaie de répondre pour leur transmettre le fait que pour moi, rien n’est impossible pour celui qui veut réaliser son son rêve. Il n’y a rien qui puisse te mettre en difficulté si ce n’est pas ta volonté à toi. Le seul obstacle, c’est nous-mêmes en fait.”
Je prends mon rôle d'exemple à coeur.
Des entraîneurs ont bien tenté d’affiner la silhouette de Gauthier Mvumbi, mais cela n’a pas fonctionné. “On m’a déjà parlé de perte de poids, bien sûr. Après, je pense que ça n’a jamais été la meilleure méthode avec moi. Cela en a fait mon expérience et forgé mon mental actuel, de voir que j’ai pu quand même, malgré tout, obtenir des résultats positifs. Le PSG ? Si j’avais perdu du poids, je ne sais pas si j’aurais pu y jouer. Mais je sais que j’aurais dû rentrer dans les cases qu’on nous impose, c’est sûr (rires).”
Rencontres avec Shaquille O’Neal : “C’est quelqu’un de simple et d’abordable”
La célébrité de Gauthier Mvumbi a dépassé les frontières de l’Hexagone. Un autre beau bébé de 2,16 m, pesant 147 kg, a voulu le rencontrer : Shaquille O’Neal, l’un des meilleurs basketteurs de tous les temps. “J’ai des petites notions d’anglais. La première fois qu’on s’est vu, à New York, il y avait une traductrice, rigole le handballeur. C’est Shaquille O’Neal lui-même qui m’a donné le surnom de “Shaq du handball”. J’ai pu le rencontrer à New York. C’était super, d’autant plus que je suis un fan de basket-ball. J’étais donc très content de l’avoir rencontré, d’avoir pu discuter avec lui. C’était un beau moment. Oui, on a évidemment parlé de nos gabarits. Il voulait me connaître aussi. Moi, j’étais plus axé sur des questions par rapport à lui, sa carrière, comment elle a pu se dérouler. J’étais conscient et… inconscient de savoir que c’était Shaquille O’Neal en face de moi. Cela s’est bien passé. On a échangé sur pas mal de sujets et ça, c’était vraiment bien. C’est quelqu’un de très simple et très abordable.”
L'année passée, Shaquille O'Neal était à Paris pour une prestation de DJ. Il a demandé que je vienne le voir.
Shaquille O’Neal ne s’est pas encore mis au handball pour autant. “Le handball, de base, aux États-Unis, c’est méconnu. Grâce à son aide, cela a pu le mettre en lumière, un petit peu. Il n’y a pas que le basket, il n’y a pas que le football américain. Non, il n’est pas encore venu me voir en France. Cela dit, il est venu l’année dernière sur Paris. Il avait une prestation à faire en tant que DJ. Et il m’avait demandé de venir le voir à son hôtel. On a pu déjeuner ensemble avant qu’il ne parte. C''est vraiment un bon gars.”
International congolais : “La Coupe du monde, la compétition ultime”
Grâce à son sport, Gauthier Mvumbi est devenu international congolais. “Je suis né à Dreux (ouest de Paris). C’est un ancien équipier, qui aujourd’hui a arrêté, qui a proposé mon nom. C’est via lui que la Fédération a pu prendre mon dossier en charge et que j’ai pu rentrer en équipe nationale. Même si j’étais dans les sélections françaises, chez les jeunes, je n’ai pas spécialement rêvé des Bleus. Quand on est plus jeune, on est amené à penser que c’est possible. Cela n’a pas pu se faire mais je n’ai aucun regret. Aujourd’hui, je suis en équipe nationale du Congo et je suis très content.”
Le handball est pratiqué au Congo. Ce n'est juste pas mis en avant comme le foot.
On peut le comprendre. Grâce au fait de représenter le Congo, Gauthier Mvumbi a participé à une Coupe du monde. En janvier, il disputait le championnat d’Afrique des nations. Et, en ce moment, pendant la trêve du championnat, il est en action aux Jeux africains, qui se déroulent à Accra (Ghana). “La Coupe du monde, pour moi, c’est la compétition ultime. On a eu l’opportunité de se qualifier pour jouer cette compétition-là en 2021. C’était une super expérience. C’est un sport qui est pratiqué quand même au Congo. Ce n’est juste pas mis en avant comme le foot. En novembre prochain, la RDC va accueillir pour la première fois la Coupe d’Afrique des nations chez les dames. Cela montre la visibilité qu’on veut avoir et que le Congo, c’est aussi un pays de handball. De bons moments, dans ma carrière, j’en ai plusieurs. Il y en a un que j’aime vraiment beaucoup : la qualification pour le Mondial. On était en Tunisie ; c’était vraiment un moment superbe. À l’avenir, j’aimerais maximiser mes chances, peut-être disputer une Coupe d’Afrique de plus, ou se qualifier pour le Mondial. Ce serait super. J’ai réussi, tant bien que mal, à obtenir des choses dont je n’osais jamais rêver. Mais c’est sur mon chemin et je prends.”
Et si celui-ci prend la route de la Belgique, Gauthier Mvumbi ne serait pas contre. “Oui, cela me botterait. Ce serait une expérience en plus. En plus, la Belgique, ce n’est pas très loin, donc pourquoi pas ?”