Des deals avec Neymar, surpris par Ronaldo et charmé par Bruxelles : rencontre avec Adel Aref, directeur du Tour Premier Padel
Adel Aref, qui était le chef de cabinet de Nasser al-Khelaïfi, est le directeur du Tour Premier Padel. Il est séduit par la Gare Maritime et l’élégance belge ainsi que l’affluence dès le premier jour.
- Publié le 26-04-2024 à 08h03
- Mis à jour le 26-04-2024 à 08h50
Entre deux appels et deux mains à serrer, le directeur du Tour Premier Padel Adel Aref s’est posé dans l’ombre du court central de la Gare Maritime. Sa discrétion saute aux yeux dans un premier temps. Pourtant, il a des yeux partout. Il voit tout. Il entend tout. Une véritable tour de contrôle. Avec son équipe, ce Tunisien (44 ans) est responsable de toute la question sportive. Il a pour mission que chacune des 24 étapes du circuit roule à la perfection. “Je suis responsable de tout ce qui touche au circuit pendant la semaine : joueurs, médias, digital, transport, hospitality, télévision,…”, dit-il.
De Doha au padel en passant par le PSG : "Nous avons été élus à cinq reprises le meilleur tournoi du circuit.”
Ancien top 300 sur le circuit junior de tennis, il a changé de direction à cause d’une blessure au dos. Il s’est réorienté vers l’arbitrage au plus haut niveau en devenant badge d’or. “J’étais le plus jeune arbitre de chaise”, s’amuse-t-il. Dans le même temps, il a été repéré par le président du PSG, Nasser al-Khelaïfi qui est président-directeur général de BeINSport et président de la fédération de tennis du Qatar. “Il m’a nommé directeur du marketing du service des joueurs pour le tournoi de Doha, confie Adel Aref. Nous avons été élus à cinq reprises le meilleur tournoi du circuit.”
Je ne connaissais même pas le hors-jeu. Je me suis retrouvé à dealer avec des stars comme Neymar
En 2011, il suit NAK et passe au PSG où il occupe la fonction prestigieuse de directeur du cabinet du président. “Je m’occupais de tout ce qui touche au business de Nasser al-Khelaïfi.” Il en profite pour glisser une anecdote. “Moi, j’étais nul en football. Je ne connaissais même pas le hors-jeu. Je me suis retrouvé à dealer avec des stars comme Neymar. Un jour, le président m’a demandé d’être au taquet le soir car Ronaldo débarquait. Moi, je pensais à Cristiano, mais c’était le Brésilien.”
Manager de sa compatriote Ons Jabeur, il bosse également pour le fonds souverain Qatar Sports Investments (QSI) qui a acquis le PSG et le padel mondial. En mars 2022, Premier Padel a lancé son circuit en parallèle à celui du World Padel Tour. La période était agitée car les joueurs étaient balancés entre deux entités. En septembre 2023, QSI a racheté le circuit pour réunir tous les joueurs et toutes les joueuses sous la même bannière.
Premier Padel vit donc sa troisième saison, mais la première comme unique circuit international. Adel Aref est présent sur les 24 étapes de l’année sans omettre les 'finals' à Barcelone. L’étape de Bruxelles est importante car Premier Padel vit son premier tournoi sur le sol européen.
Bruxelles et ses charmes : “Un site magnifique et unique”
En plus, le tournoi est organisé avec classe et élégance. On voit que le directeur (NDLR, Vincent Laureyssens) a mis l’accent sur la finesse et le raffinement.
Soucieux du détail et en quête perpétuelle de perfection, le Français est tombé sous le charme de Bruxelles, ma belle. “Le premier atout, c’est ce site magnifique et unique”, s’exclame-t-il sur un ton théâtral. “Un tel cadre est très rare sur le circuit. En plus, le tournoi est organisé avec classe et élégance. On voit que le directeur (NDLR, Vincent Laureyssens) a mis l’accent sur la finesse et le raffinement. Il a rassemblé de nombreux invités. L’hospitalité est très soignée. On a l’impression d’être dans un musée.”
Le public au rendez-vous : "Une affluence impressionnante”
La troisième édition du Lotto Brussels Premier Padel confirme une tendance. Les Belges raffolent de ce spectacle. L’affluence du mardi avait déjà battu un record qui se confirme de soir en soir (mercredi soir nouveau record avec environ 10.000 personnes). “Je suis vraiment très impressionné”, confirme l’homme qui se rend sur tous les tournois à travers le monde. “Au Vénézuela, il est classique de voir beaucoup de monde dès le premier tour, mais, en Europe, c’est plus rare. À Bruxelles, les spectateurs ont répondu présent dès le premier jour du tournoi.”
La manche belge est devenue un rendez-vous prisé par les joueurs qui attendent leur venue dans la capitale de l’Europe. La preuve, c’est que tous les meilleurs mondiaux sont présents alors qu’habituellement un P2 réunit 50 % des tops joueurs. “Le marché belge est important à nos yeux, confirme-t-il. Nous sommes au cœur de l’Europe. Le président de la fédération internationale, Luigi Carraro, est venu en personne. Vincent (Laureyssens) a invité de nombreux hommes politiques et sportifs comme le président du COIB, Jean-Michel Saive. Pour nous, c’est essentiel de voir toutes ces personnalités pour promouvoir le padel.”
Le défi ? La reconnaissance olympique : “On y travaille chaque semaine”
Tel est le paradoxe du padel. Il suscite un grand engouement de la part des pratiquants et du monde politique, mais il reste un très jeune sport qui doit encore se développer. Aujourd’hui, Premier Padel offre une qualité comparable à celle du tennis en termes d’organisation, mais il reste encore beaucoup de chantiers. Le premier ? Une reconnaissance olympique. Adel Aref reste évasif sur l’avancée des négociations. “Nous avons besoin de cette reconnaissance olympique. On y bosse chaque semaine. Nous voyageons dans les pays où le CIO est présent. Nous sommes actifs avec Premier Padel sur tous les continents avec quatre étapes en Asie (Arabie saoudite, Qatar, EAU et Koweit), six en Amérique du Sud (Mexique X2, Vénézuela, Paraguay, Argentine et Chili), treize en Europe (Belgique, Espagne X3, France X2, Italie X3, Pays-Bas, Allemagne, Finlande et Suède) et une en Afrique (Égypte).”
La conquête du monde, tel est le challenge d’un sport qui a été durant plus de 40 ans la propriété exclusive de l’Argentine et de l’Espagne. “Nous bossons à fond sur le développement en Europe, aux États-Unis et en Asie sans oublier l’Océanie. Nous avons de superbes ambassadeurs à travers le monde avec, par exemple, en Australie, Pat Rafter. Une des forces du padel, c’est de pouvoir compter sur des personnalités influentes comme Beckham, Zidane, Ibrahimovic, Messi, Neymar qui était présent à Riyad en début de saison. Je songe aussi à Eva Longoria et tant d’autres.”
Seul le temps permettra de retrouver une plus grande diversité dans le top 100. À l’heure actuelle, seuls sept pays ont placé un joueur dans le top 100 : 69 Espagnols, 19 Argentins, cinq Italiens, trois Brésiliens, deux Chiliens, un Français et un Suédois. “Nous avons besoin de temps. Avec les wild cards distribuées aux pays qui organisent des tournois, on va développer la diversité. Les joueurs locaux reçoivent leur chance.”