Francis N’Ganga se confie sur son éviction de Charleroi: "Ça m’a fait mal, mais je leur pardonne"
Rencontre à Chypre avec Francis N’Ganga, qui revient sur son éviction de Charleroi.
- Publié le 08-05-2019 à 06h57
- Mis à jour le 08-05-2019 à 13h15
Rencontre à Chypre avec Francis N’Ganga, qui revient sur son éviction de Charleroi. En janvier, quand Francis N’Ganga a signé son contrat de cinq mois à Ermis Aradippou, il s’attendait à tout autre chose. Son aventure ensoleillée est surtout une déception : son équipe est reléguée et son temps de jeu est très maigre.
"Ce n’était pas le meilleur choix de venir ici" , nous a confié l’ex-Carolo lors d’un long entretien, sur une terrasse de Larnaca. "Le coach qui m’a fait venir a vite pris la porte et j’en ai subi les conséquences. Mais j’avais besoin de retrouver un peu de plaisir après six mois de galères à Charleroi. En janvier, j’ai donc foncé sur la première option. Ici, mon salaire me permettait de m’y retrouver, car la vie est peu chère et on est moins taxé…"
Après six années passées à Charleroi, l’arrière gauche peut désormais évoquer avec du recul l’évolution des Zèbres et son éviction…
Francis, quel regard portez-vous sur la saison de Charleroi, qui a manqué les playoffs 1 mais qui reste dans la course à l’Europe ?
"Le club a tout ce qu’il faut pour remporter les PO2. Mais s’il a raté le top 6, c’est parce qu’il s’est mis une balle dans le pied en début de saison. Il fallait renouveler l’effectif mais pas à ce point-là. Il y a eu trop de nouveaux joueurs. Le changement s’est fait trop vite : ça, je l’ai dit à Mehdi. Ce n’est pas simple, pour un nouveau joueur qui débarque, de comprendre à la fois la mentalité carolo et le système Mazzù. Regardez Benavente : ses débuts ne furent pas simples. C’est un super joueur de ballon, mais à ce moment-là, il manquait de hargne. Il aurait eu plus facile à s’intégrer à Anderlecht qu’à Charleroi."
Felice Mazzù a récemment évoqué la piste d’un départ en déclarant : "Je ne sais pas si je suis encore la bonne personne au bon endroit." A-t-il raison ?
"Je connais très bien le coach et le club. À mes yeux, il reste le coach idéal pour Charleroi. Mais d’un point de vue personnel, il a peut-être besoin de voir autre chose, de ressentir une nouvelle pression et de sortir d’une certaine zone de confort. Felice a les qualités pour entraîner à l’étranger ou dans un plus grand club belge."
Quand vous aviez été envoyé dans le noyau B, Felice Mazzù vous a-t-il donné des explications ?
"Non. C’est Mehdi Bayat qui est venu m’annoncer la décision. Sur le plan personnel, j’ai vécu cette demi-saison comme une blessure. À 33 ans, je me retrouvais à m’entraîner le soir avec les Espoirs… Je n’avais plus l’impression d’être un footballeur pro. Tout cela m’a fait mal. Après tout ce que j’avais fait pour le club, c’était une déchirure. Je ne sais pas si c’est un manque de respect ou de reconnaissance, mais j’ai assurément ressenti un manque de quelque chose…"
Avez-vous tenté de réintégrer le noyau A ?
"Oui. En octobre, avec Enes Saglik, nous avons fait une demande en ce sens. Mehdi m’a renvoyé vers le coach, qui était d’accord. Mais on n’est jamais revenu vers nous par la suite. Le club voulait juste tourner la page. À un moment donné, le foot business prend le dessus. Je n’avais plus autant de valeur marchande… Mais je n’en veux à personne. Je leur ai pardonné."
Quelle a été la réaction des supporters carolos depuis votre départ ?
"J’ai été surpris du nombre de messages reçus. Toutes mes boîtes étaient saturées… Même ma famille était étonnée. J’étais pourtant un joueur normal, pas un buteur ou un numéro dix. Le beau foot, ce n’était pas moi. C’est mon côté guerrier qui devait plaire aux supporters. Pour moi, ce sont les meilleurs de Belgique. Mais demandez à mes amis Polo Mpoku et Mehdi Carcela et ils vous répondront que ce sont ceux du Standard…"
"Je préfère bosser sans agent"
Dans quelques jours, Francis N’Ganga aura terminé sa pige à Chypre et il sera libre de tout contrat. Et il ne dérogera pas à ses principes pour trouver, à 33 ans, un nouvel employeur. "Si c’est possible, je préfère bosser sans agent. Je n’en ai pas eu besoin pour venir ici. Cela peut servir pour m’introduire dans un club, mais aujourd’hui j’ai assez d’expérience pour négocier un contrat tout seul…"
Pour l’instant, l’arrière gauche est toujours à la recherche d’un club et verrait d’un bon œil un retour en Pro League. "J’ai adoré ce championnat et ce pays. Croyez-moi : la D1A belge est un très bon championnat. Il ne faut surtout pas le sous-estimer. Si tu réussis en Belgique, une compétition très complète, tu peux jouer n’importe où. Tu joues un samedi contre des joueurs très rapides et techniques comme ceux du Standard et le samedi suivant, tu affrontes les Malinois qui mesurent tous deux mètres ! Les Français disent que la Pro League vaut la Ligue 2, mais pour moi, c’est faux : la Pro League est bien meilleure que la Ligue 2. Il y a beaucoup de rythme. Les huit meilleures équipes belges, dont Charleroi, pourraient jouer en Ligue 1 et se maintenir facilement."