Absurdité administrative, le corps d’une défunte obligé de faire l’aller-retour entre Charleroi et Bruxelles : “La Belgique dans toute sa splendeur”
Les pompes funèbres de Denis Fontaine ont rapporté une situation “archaïque” et surréaliste vécue ce week-end.
- Publié le 29-04-2024 à 09h02
C’est une histoire bien saugrenue à la belge que racontent nos confrères de RTL. Yvette, une dame âgée et malade est décédée vendredi dernier dans une maison de retraite à Woluwe-Saint-Lambert. La famille de la défunte, originaire de Charleroi, fait appel aux pompes funèbres Denis Fontaine.
La dépouille est donc rapatriée en terre carolo, après que le médecin de la maison de retraite a certifié la mort naturelle d’Yvette. Cette dernière a choisi l’incinération. Mais dans la loi belge, que ce soit à Bruxelles, en Wallonie ou en Flandre, il faut deux certificats de décès en cas d’incinération après une mort naturelle. Le deuxième rapport doit être établi par un médecin désigné par l’administration communale. “C’est logique puisqu’évidemment, après l’incinération, on ne pourra plus rien vérifier”, explique Denis Fontaine auprès de RTL.
Une fois à Charleroi, les pompes funèbres font venir un médecin au funérarium pour obtenir la seconde attestation nécessaire. “En Wallonie, un médecin d’une autre commune peut signer ce deuxième certificat de vérification, celui qu’on appelle le médecin assermenté par la commune”, indique le croque-mort.
Jusque-là tout va bien. Mais c’est sans compter une particularité administrative de Bruxelles. La commune de Woluwe-Saint-Lambert demande aux pompes funèbres de ramener le corps d’Yvette à Bruxelles pour que le médecin puisse l’examiner. “Elle m’a envoyé la circulaire bruxelloise relative au transport des dépouilles mortelles. Il y est stipulé que les pompes funèbres ont le droit de faire passer un médecin d’une autre commune à condition que ce soit une des 19 communes de Bruxelles. Donc, on peut aller partout à Bruxelles, mais dès qu’on dépasse la frontière bruxelloise, on ne peut pas”, s’indigne Denis Fontaine.
Denis Fontaine fera tout pour éviter de ramener le corps à Bruxelles : “J’ai contacté tout le monde, le bourgmestre, le chef de l’état civil, etc. Je fais ça pour la famille, que je défends. Ils sont privés des derniers moments avec un défunt”. Rien n’y fera.
”Au moment d’un deuil, c’est un chipotage qui ne devrait pas exister”, colère la sœur de la défunte. “C’est la Belgique dans toute sa splendeur”, regrette-t-elle.
Un aller-retour
Le professionnel a donc dû ramener la défunte à Bruxelles le lundi à Woluwe-Saint-Lambert. On avait rendez-vous à midi au cimetière communal. Le médecin est arrivé, a vu le corps dans le véhicule et on a pu repartir. On se fout du monde en Belgique, ce n’est pas possible. On est vraiment avec des systèmes archaïques où tout le monde se rend bien compte que cela ne fonctionne pas, mais personne ne bouge et n’agit. Et moi cela m’énerve très fort”, tempête Denis Fontaine.
”C’est vraiment stupide et révoltant”, reconnaît Olivier Maingain, le bourgmestre de Woluwe, interrogé par nos confrères. D’après lui, une coopération entre les régions est en cours mais l’accord tarde à aboutir.