Cristian Benavente revient sur son transfert en Egypte: "Je ne suis pas parti que pour l’argent"
Nous avons retrouvé l’ancien Carolo Cristian Benavente, en Égypte.
- Publié le 02-05-2019 à 13h45
- Mis à jour le 02-05-2019 à 13h53
Nous avons retrouvé l’ancien Carolo Cristian Benavente, en Égypte.
Le 22 janvier 2019, un énorme coup de tonnerre éclate du côté de Charleroi. Alors que le mercato hivernal touche à sa fin, les supporters carolos apprennent le départ soudain de Cristian Benavente, devenu le joueur le plus efficace de l’équipe jusqu’alors (9 buts et 3 assists en 22 rencontres). Le Péruvien rejoint le club égyptien de Pyramids FC qui n’a pas hésité à casser sa tirelire pour le convaincre lui et Charleroi.
Trois mois plus tard, nous sommes allés retrouver le joueur de 24 ans, au Caire. Pour parler de son rapide transfert, de son amour pour Charleroi et de ses ambitions pour le futur. Entretien.
Cristian, comment s’est déroulé votre départ de Charleroi vers l’Égypte ?
"Tout s’est passé très vite… J’ai su l’intérêt de Pyramids FC un jour avant de quitter Charleroi. C’est après la rencontre face à Bruges que j’ai su que le club me voulait. Le lendemain, j’ai eu des réunions avec Charleroi et Pyramids FC. Nous avons pris la décision rapidement."
C’était une décision facile à prendre ?
"Non, ce n’était pas facile vu le moment de la saison. Nous venions de gagner contre Bruges chez eux, ce qui n’est pas quelque chose de commun dans l’histoire de Charleroi. J’étais bien installé en Belgique, j’avais des amis, j’avais une vie. Mais dans le football, il faut parfois prendre des décisions. J’ai pris la décision de partir. Les dirigeants carolos étaient d’accord avec l’offre de Pyramids FC et moi aussi j’étais d’accord avec le contrat reçu. À un moment donné, je voulais rester mais cela a été rapide."
Comment ont réagi vos coéquipiers dans le vestiaire carolo ?
"Ils ne s’attendaient pas à ce que je parte. C’était la fin du mercato et je ne pensais pas partir non plus… Je pensais m’asseoir avec les dirigeants de Charleroi en fin de saison et parler de mon futur à ce moment-là. J’avais signé une prolongation de contrat 6 mois avant de partir. Mon départ n’était donc pas quelque chose d’attendu pour moi."
Comment réagit-on en tant que footballeur quand on entend les sommes folles qui circulent autour de soi ?
"En premier lieu, tu ne vois pas la dimension de tout cela. Mon départ, ce n’est pas que pour l’argent. Tout le monde parle du beau salaire que je reçois mais ce n’est pas facile de venir ici en Égypte, tout seul, dans une nouvelle ville et une nouvelle culture. Tout est différent pour moi donc ce n’est pas évident. L’argent n’est pas quelque chose que j’ai tout le temps dans ma tête. C’est une donnée non négligeable mais une fois en Égypte, j’ai plutôt pensé à être bien physiquement, avec ma famille, que mes amis puissent venir… Il y a parfois des paramètres plus importants dans l’argent qui sont dans ma tête."
Que répondez-vous à ceux qui estiment que vous êtes parti essentiellement pour l’argent ?
"Je ne suis pas parti que pour l’argent. En décembre, j’ai eu l’option de quitter Charleroi en décembre pour le Moyen-Orient. Je me suis assis à la table de Mehdi Bayat et nous avons pris la décision de refuser l’offre. Ici, je suis venu dans un club qui me fait confiance. C’est important pour un joueur de partir dans une équipe dans laquelle il est voulu. Je suis arrivé dans une autre culture et un autre football pour être important dans mon équipe et être champion. Il y a bien entendu l’argent mais à côté de cela, il y a aussi plusieurs paramètres qui m’ont poussé à venir à Pyramids FC."
Le club saoudien d’Al Ahly souhaitait aussi vous transférer. Pourquoi avoir plutôt choisi l’Égypte et Pyramids FC ?
"L’offre d’Al-Ahly est arrivée plus tard. J’avais l’offre de Pyramids FC en tête depuis la veille et je sentais que j’étais une option prioritaire pour eux. Je l’ai senti durant la négociation. Ils n’ont pas eu de doutes à mon égard. Ils ont été très flexibles avec moi et avec Charleroi."
Vous étiez devenu le joueur le plus efficace à Charleroi cette saison : il n’y a pas une frustration de ne pas avoir fini ce qui était jusque-là votre plus belle saison avec le maillot de Charleroi ?
"J’ai pris ma décision de partir après la victoire à Bruges et cela a été difficile. Après cette victoire, nous avions deux matchs abordables et nous étions toujours plus proches du top 6. L’idée principale était de finir la saison comme je l’ai dit, de jouer en PO1 et de prendre une décision une fois la saison finie. Je suis quand même content de la demi-saison réalisée à Charleroi et mes années précédentes là-bas. C’est grâce à ce club que je suis arrivé en Égypte. Cela a été un pas important dans ma carrière."
"Avec Mazzù, tout le monde fait des efforts"
Cristian Benavente a connu une belle évolution depuis son arrivée à Charleroi.
En janvier 2016, Cristian Benavente débarque au Pays noir. Après avoir fait ses classes au sein de l’Académie du Real Madrid, le Péruvien quitte l’Espagne et rejoint le club anglais de Milton Keynes (Championship). Une période difficile pour le joueur de 24 ans. "Avant d’arriver à Charleroi, j’avais passé six mois compliqués en Angleterre", se souvient Benavente. "Je n’ai connu le vrai football professionnel qu’à Charleroi. C’est pour cela que ce club va rester dans ma tête et dans mon cœur toute ma vie."
Ses débuts avec le maillot zébré ne se passent cependant pas de la meilleure des manières, le joueur devant s’adapter à la philosophie du club et de son coach, Felice Mazzù. "Ma première saison n’a pas été facile du tout", se rappelle El Chaval. "J’étais souvent sur le banc et même parfois en tribunes. Ce n’est pas facile de s’adapter à la philosophie de Mazzù car elle est très spécifique. Mais une fois que tu t’adaptes, tu sais que c’est la bonne philosophie pour gagner à Charleroi. Nous avons été en PO1 lors des deux dernières saisons et nous avons été proches du top 6 jusqu’en janvier. Avec Mazzù, tout le monde fait des efforts et cela finit par payer. Grâce à lui, j’ai connu une belle évolution et j’ai appris à devenir un joueur plus collectif qui aide son équipe."
Une équipe qui a connu des difficultés cette saison malgré un Cristian Benavente devenu le joueur le plus efficace du noyau jusqu’à son départ. "Une fois que tu gagnes, tu acquiers un statut différent", avance le Péruvien. "Si tu veux continuer à garder ce statut, tu dois continuer à gagner. L’attente était donc grande en début de saison. L’équipe n’était pas loin de se qualifier pour les PO1. Mais je me doute que cela n’a pas été facile pour le groupe de me voir partir en janvier. Tous les départs font mal, tout comme celui de Kaveh Rezaei en août. L’équipe avait aussi connu une petite période de creux à ce moment-là. Malgré tout, j’ai senti un très grand support de la part des fans de Charleroi lors de mon départ."
Cristian Benavente n’est clairement pas parti en mauvais termes avec les supporters carolos, lui qui suit toujours les rencontres de son ancienne équipe. "Je regarde tout le temps les matchs de Charleroi. Aujourd’hui, j’ai regardé la première mi-temps avant de devoir aller dîner avec l’équipe (NdlR : l’entretien s’est déroulé le soir de Charleroi - Beerschot-Wilrijk). Les fans carolos m’ont toujours soutenu et sont une part importante de l’équipe. Sans supporters, Charleroi perd une part de sa force. Ils font partie de l’équipe et je les remercie pour avoir toujours été présents. Cela reste un des meilleurs publics de Belgique et je resterai toujours un supporter de Charleroi."
Le vestiaire carolo décrypté par Benavente
Qui est, d’après Cristian Benavente, le joueur de Charleroi…
le plus fort techniquement ? "Massimo Bruno."
le plus fort tactiquement ? "Javier Martos."
le plus gros travailleur ? "Stergos Marinos."
le plus sérieux ? "Nicolas Penneteau."
le plus bavard ? "Nurio ou David Henen."
le plus drôle ? "Nurio."
le plus stylé ? "Gabriele Angella."
le plus râleur ? "Il n’y en a pas vraiment dans l’équipe."
le plus proche ? "Javier Martos et Nurio."
"Prêt à aider mon pays !"
En acceptant l’offre de Pyramids FC, Cristian Benavente n’a pas fait que des heureux. Dans une interview accordée au journal El Comercio, le sélectionneur péruvien Ricardo Gareca expliquait le mois passé les raisons qui l’ont poussé à ne pas sélectionner El Chaval pour deux rencontres amicales avec la sélection de son pays : "Personnellement, j’aurais préféré que Benavente choisisse un autre championnat. Sportivement, ce n’est pas un pas en avant." Une explication que tente tant bien que mal d’accepter Benavente : "On ne peut pas prendre de décisions qui plaisent à tout le monde", explique le joueur de Pyramids FC. "Quand j’ai décidé de rejoindre l’Égypte, j’ai pensé à ma carrière. Si pour lui, jouer en Égypte n’est pas suffisant pour être appelé en équipe nationale, je respecte son choix."
Malgré tout, le joueur de 24 ans ne ferme pas définitivement la porte de la sélection péruvienne. "Je suis toujours disponible pour jouer avec mon pays", avance Cristian Benavente. "Vu que je n’ai pas été sélectionné pour les deux matchs amicaux, ce n’est cependant pas quelque chose de prioritaire. Mais je suis toujours prêt à aider mon pays !"