L'ex-Zèbre Hernan Losada se confie : "Ce silence dans le stade de Charleroi quand nous étions rétrogradés…"
Hernan Losada, T2 du Beerschot-Wilrijk, se souvient de la saison noire passée du côté de Charleroi.
- Publié le 20-04-2019 à 11h21
- Mis à jour le 20-04-2019 à 12h52
Hernan Losada, T2 du Beerschot-Wilrijk, se souvient de la saison noire passée du côté de Charleroi. Malheureusement, il ne retrouvera pas le Mambourg ce lundi soir. Hernan Losada, ancien joueur de Charleroi et actuel T2 du Beerschot-Wilrijk, sera à Westerlo pour une rencontre de l’équipe réserve anversoise qu’il entraîne depuis le début de la saison.
"Je n’ai encore raté aucun match de mon équipe", explique l’Argentin, dans une petite salle du stade du club anversois. "C’est malheureux de ne pas revenir au Sporting car j’aurais aimé revoir certaines personnes. Charleroi sera favori, mais le résultat nous importe peu : même si nous voulons gagner toutes nos rencontres, l’objectif est de préparer la saison prochaine et de donner quelques minutes de jeu aux plus jeunes."
Si le Beerschot est le club de coeur de ce joueur arrivé en Belgique en 2006 - "J’ai joué sept ans ici durant trois périodes différentes, je m’y sens comme à la maison" -, le Sporting Charleroi gardera une place particulière dans le cœur de cet élégant milieu offensif. Après avoir signé au Germinal Beerschot puis à Anderlecht, Hernan Losada passera la saison 2010-2011 à Charleroi, prêté par le club bruxellois.
"Je voulais jouer", explique l’Argentin. "Je n’avais été titulaire qu’à huit reprises la saison précédente à Anderlecht alors que j’étais habitué de tout jouer avec le Beerschot. J’avais vu évoluer les Carolos contre une équipe anglaise en pré-saison et j’avais été impressionné par les supporters, le stade et l’atmosphère de ce club…"
Si le joueur allait recevoir ce temps de jeu recherché au Pays Noir, tout n’allait pas être rose pour autant. Le club est alors dirigé par Abbas Bayat, l’oncle de l’actuel administrateur délégué Mehdi Bayat, qui utilisera pas moins de cinq entraîneurs durant cette saison (Mathijssen, Lazslo, Balog, Kovac et Peruzovic).
"Aucun des cinq coachs n’a eu le temps de mettre en place ses principes de jeu", analyse Losada. "Il y avait un manque de structures et de continuité cette saison-là. Aucune équipe dans le monde ne peut survivre à cinq entraîneurs différents dans la même saison. Abbas Bayat était un président impulsif qui voulait le meilleur pour son club. Il était très proche de ses joueurs, il venait nous voir dans le vestiaire après les matchs et était une personne passionnée, parfois trop, et qui connaissait le football. Mais il ne prenait pas toujours les meilleures décisions…"
Avec une seule victoire lors des vingt-deux premières rencontres, Hernan Losada allait se battre avec le Sporting contre la relégation.
"Jouer pour le maintien et sa survie en Division 1, ce n’est pas facile", commente l’Argentin. "C’est une pression complètement différente que de jouer le titre comme j’avais pu le faire à Anderlecht. J’essayais d’être un leader positif au sein de cette équipe qui avait d’autres grosses personnalités comme Rudy Riou ou encore Alessandro Cordaro. J’ai tout donné jusqu’au dernier jour. Même si cette saison a été dure mentalement, elle a été très riche en leçons."
Malgré des joueurs comme Martos, Orlando ou encore Biton dans l’effectif, le club zébré terminera à la dernière place du classement cette saison-là et devra alors passer par les fameux playoffs 3 avec cinq rencontres à jouer contre Eupen.
"C’était un système complètement fou", se rappelle Hernan Losada. "Nous menions lors de la première manche avant de perdre la rencontre. Cela a été un moment clé, surtout qu’Eupen débutait cette mini-compétition avec trois points de plus que nous. Finalement, notre relégation était actée à l’issue de la quatrième rencontre, à domicile, face aux Pandas. Je me rappelle encore le silence dans le stade quand nous étions définitivement rétrogradés…"
Même si Hernan Losada avait été prêté à Charleroi et qu’il a quitté le club dans la foulée, cette descente lui a fait très mal.
"Je n’ai jamais pensé lever le pied sous prétexte que je n’étais que prêté", assure Losada. "Si Charleroi avait réussi à se maintenir, j’aurais été le premier à pousser pour rester une saison de plus. Cette période a été dure mentalement, mais cela m’a endurci pour la suite de ma carrière."
Après une saison passée dans l’antichambre de la Division 1, le club carolo remontera directement en Pro League l’année suivante. Même si la relégation a fait mal à tout un club, l’Argentin le voit comme un mal pour un bien.
"Cela a été un moment décisif pour Charleroi", explique Losada. "Il y a eu beaucoup de changements par après dont l’arrivée d’un nouveau président et la mise en place d’un projet sur le long terme. Mehdi Bayat a pris les choses en main en gardant les personnes qui avaient un vrai coeur en noir et blanc. Depuis notre descente en D2, Charleroi n’a fait que grandir pour devenir ce qu’il est maintenant : un club très stable avec un coach fantastique. Je suis très content de l’évolution qu’a connue le Sporting. Ils ont fait les bons choix en ne prenant plus de décisions basées essentiellement sur l’émotion."
Et devenir ainsi un club à des années-lumière de celui connu par Hernan Losada durant cette très, très difficile saison 2010-2011…
"Je pouvais comprendre leur réaction"
Si une rencontre de cette saison 2010-2011 reste dans les mémoires des supporters des Zèbres, c’est bien le duel entre Charleroi et le Standard du 12 mars 2011 (0-2). Alors que les hommes de Csaba Laszlo sont plus que jamais proches des playoffs 3, le match vire à la catastrophe pour le Sporting et les supporters montrent leur mécontentement. Ils lanceront des balles de tennis sur la pelouse, une image restée dans les annales, avant d’envahir la pelouse et d’utiliser des fumigènes.
"J’étais titulaire lors de ce match dont je me rappelle bien", se souvient Hernan Losada. "Cela montre la passion des supporters de Charleroi qui vivent réellement pour le football. Nous étions dans une mauvaise période et cela a été dur pour nos fans de nous voir perdre contre le grand rival qu’est le Standard. Je pouvais comprendre leur réaction. Les rencontres contre les Liégeois, mais aussi contre Anderlecht, ont été toujours spéciales à jouer pour Charleroi."
"Un jour, je serai le coach du Beerschot-Wilrijk"
Une fois sa carrière de joueur finie, Hernan Losada est devenu entraîneur.
À la fin de la saison dernière, Hernan Losada prend une décision radicale : il décide d’arrêter sa carrière de joueur. C’est au Beerschot, son premier club en Europe, qu’il décidera de ranger définitivement ses crampons.
"J’avais le sentiment que c’était le bon moment, explique l’Argentin. Nous avions raté de peu la promotion en D1 contre le Cercle Bruges. Je n’avais plus la force de recharger mes batteries et d’affronter de nouveau à quatre reprises des clubs comme Tubize, Roulers ou encore Westerlo… Le Beerschot m’a alors donné l’opportunité de rester et de devenir coach de l’équipe réserve ainsi qu’assistant dans le staff de l’équipe première. J’ai accepté et c’est le meilleur choix que je n’ai jamais fait."
À la tête de l’équipe B, Hernan Losada tente de faire passer à ses joueurs des principes simples basés sur un jeu offensif.
"Je suis un coach très offensif", explique-t-il, avec la voix d’un passionné. "Nous jouons contre tous les adversaires pour gagner, avec un jeu offensif basé sur une construction par l’arrière, sur la prise de risques et en mettant une grosse pression sur l’équipe adverse."
Avec son passé d’ancien footballeur professionnel, le coach de 36 ans tente de faire profiter à ses joueurs de son expérience et de son vécu.
"J’essaye de leur expliquer la façon avec laquelle j’ai dû me battre pour devenir joueur professionnel, avance Losada. Beaucoup de coachs disaient de moi que j’étais trop petit et trop maigre. En travaillant dur et en croyant en mes qualités, j’ai eu l’opportunité d’atteindre pour la première fois une équipe première à l’âge de 21 ans… Beaucoup de jeunes veulent déjà y être à 16 ou 17 ans. Ils doivent se montrer plus patients et travailler toujours plus pour être prêts le jour où ils reçoivent leur chance. Car souvent, ils n’en reçoivent qu’une seule…"
Celui qui continuera la saison prochaine à coacher l’équipe réserve du Beerschot-Wilrijk a un rêve qui lui tend les bras : la prise en mains de l’équipe première.
"J’apprends encore tous les jours", avoue lucidement Hernan Losada. "Après ma première saison en tant que coach, je suis assez satisfait de ce que j’ai fait mais ce n’est pas encore assez. Je sais que le jour où je reçois ma chance d’entraîner l’équipe première, je devrai la saisir. C’est mon rêve et je suis persuadé qu’un jour, je serai le coach du Beerschot-Wilrijk."