Un comité de quartier s’élève contre un projet immobilier sur un ancien terril en plein centre de Ransart, la Ville argumente
Un énième projet immobilier dans le quartier de Masses Diarbois inquiète les riverains qui y voient la disparition progressive des espaces verts, la création d’une certaine insécurité routière ou encore la perte d’un espace témoin des activités économiques passées. La Ville répond point par point.
- Publié le 02-05-2024 à 05h31
Depuis une dizaine d’années, le centre de Ransart est la cible d’investisseurs immobiliers qui, petit à petit, font disparaître les espaces verts. Si certes, ceux-ci sont à l’état sauvage, ils constituent un havre de paix pour une faune et une flore qui donnent des airs de campagnes à un jet de pierre de Charleroi ville.
Dernièrement c’est un nouveau projet immobilier de la SA Imwo Invest qui fait parler. Le projet consiste à la construction d’une vingtaine d’appartements familiaux là où se trouve un ancien terril à l’angle de la rue Tantenne et de la rue Flanière. Ce projet poursuit ses avancées puisque le permis d’urbanisme a été octroyé sous conditions par le Collège en séance du 16 janvier 2024 dernierà la SA IMWO INVEST “Ce projet met à mal la quiétude du quartier. Le site pourrait très bien devenir un espace vert ouvert à la population, ” explique un des membres du comité. “Les détails que nous avons sont vagues et nous n’avons pas plus de réponses des autorités communales quand au devenir précis du site. Pour nous, les contraintes environnementales sont nombreuses et nous ne voyons pas comment cela peut être mis de côté. La rue Tantenne est une cuvette. Le déversement des eaux de pluie peut provoquer des inondations dans les maisons en contrebas. La verdure risque de disparaître ainsi que la faune qui y vit. Nous regrettons qu’il n’y ait pas eu d’étude d’incidence. ”
Les riverains se questionnent également sur le côté “renouvelable” du projet. “Les toitures seront-elles végétalisées, les réserves d’eaux seront-elles suffisantes pour les bâtiments ? ” L’aspect de la sécurité est aussi abordé. “On parle d’une entrée d’un côté et de la sortie dans la rue Tantenne là où il n’y a pas de trottoir. Cette rue est très fréquentée par des enfants puisqu’à proximité il y a deux écoles primaires. Hélas, un drame s’est déjà produit. Un petit garçon est décédé, percuté par une voiture. ”
Questionnée sur les inquiétudes des riverains, la Ville de Charleroi, même si elle n’est pas "promotrice immobilière", a répondu à nos questions. Tout d’abord, il est question de rassurer quant au côté “cité dortoir de Charleroi” : le projet est là pour accueillir des familles. Et lors de l’enquête publique, 31 réclamations ont été prises en compte.
Pour avaliser le dossier, Divers services ont été consultés remettant un avis favorable ou conditionnel :
- Nature en ville : avis favorable
- SPW eaux de surface : avis favorable conditionnel
- SPW Nature et Forêts : avis favorable
- SWDE : avis favorable conditionnel
- ZOHE : avis favorable conditionnel
- CCATM : avis favorable
- Cellule mobilité : avis favorable conditionnel
Le fonctionnaire délégué a, quant à lui, remis un avis favorable.
L’avis de la Ville de Charleroi est aussi soumis à plusieurs conditions prenant en compte tant l’aspect mobilité que la préservation d’une partie de la végétalisation. Voici les conditions posées par la Ville qui demande de respecter les impositions des services SPW eaux de surfaces (cellule GISER), SPW nature et forêts, SWDE et de la zone de secours Hainaut-Est.
- Réaliser un parking en sous-sol de vingt emplacements, maintenir l’accès au site par la Rue de la Flanière, supprimer les places 1 à 12, végétaliser l’ensemble de cette zone ; et maintenir les places de stationnement 13 à 20 en ce compris la rampe d’accès aux logements :
- Vingt cavettes seront placées en sous-sol comme les vingt places de parking ;
- Le talus au droit des emplacements 1 à 13 et des espaces de circulation ne sera pas déblayé ; seule la partie à droite du stationnement 13 pourra l’être tel que prévu aux plans ;
- La végétation existante le long de la rue Tantenne ainsi que la partie non déblayée sera maintenue ;
- Le parement en briques de ton beige à gris tel que prévu sera de tonalité uniforme et sans nuances d’éléments à éléments ; Celui-ci sera mis en œuvre dans un délai de 6 mois à compter de la réalisation du gros œuvre ;
- L’aménagement au sol des abords (rampe d’accès, terrasses…) sera réalisé au moyen de revêtements perméables et drainant, en l’occurrence soit : pavés ou dalles de pierre naturelle ou de béton à joints ouverts ; empierrement ou gravier fin ou dolomite ; dalles alvéolées incorporant ces matériaux ; dalles gazon ; bois ajouré terrasses) ;
- Tous les arbres à haute et moyenne tige prévus au plan d’aménagement paysager seront plantés dans l’année suivant l’occupation des logements. Ceux-ci seront d’essence indigène de 12-14 cm de circonférence à 1 m du sol (avec tuteurs et attaches) ;
- Une installation de panneaux photovoltaïques couvrira l’entièreté de la surface de la toiture de l’immeuble, et ce, de manière à couvrir les besoins énergétiques des 20 logements dont la puissance minimale sera de 3.5 kwc. Ils seront installés et mis en service dès l’occupation de l’immeuble ;
- Prévoir au sein du parking un minimum de 2 emplacements de stationnement dédiés aux véhicules électriques comprenant l’installation d’une borne de recharge par 2 emplacements ;
- La citerne d’eau de pluie prévue au plan d’égouttage sera obligatoirement installée. Celle-ci sera installée concomitamment aux travaux d’égouttage et de fondation de la construction. Elle devra avoir une contenance minimale de 25 000 litres comprenant un tampon hydraulique d’une capacité minimum de 5 000 litres. Celle-ci sera raccordée au rinçage des toilettes, aux lessives, au nettoyage et à l’arrosage des espaces verts ;
Le trop-plein des eaux pluviales sera évacué :
- Un plan reprenant l’ensemble de ces aménagements (sous-sol, parking à vélos, et espaces extérieurs, etc.) sera fourni à l’administration dans les 12 mois suivant l’autorisation ;
- Matérialiser l’accès carrossable depuis la rue de la Flanière par un élargissement du trottoir en intégrant la zone de stationnement publique située au droit de l’accès, et ce, dans un matériau identique au revêtement de trottoir existant. Le niveau actuel sera conservé et l’accès se fera via une bordure chanfreinée identique à celles existantes ;
- Intégrer au sous-sol un local vélo d’une surface minimale de 72m² ;
- Sous réserve du respect et sans préjudice du droit des tiers.
Pour ce qui est du planning du chantier, les demandeurs ont 5 ans pour mettre en œuvre leur permis.