Malgré son enfer sur les pavés, Laurenz Rex n’a rien perdu de son amour pour Roubaix : “Cette chute a allumé le feu pour que je revienne revanchard”
Contraint à l’abandon après deux lourdes chutes dont un soleil, Laurenz Rex dresse un bilan positif de sa campagne de classiques.
- Publié le 08-04-2024 à 15h57
C’est sa course préférée. C’est aussi celle qui l’a révélé aux yeux du grand public. Si, dans le peloton et parmi les suiveurs, Laurenz Rex était déjà bien connu pour sa force sur le vélo, sa neuvième place décrochée en 2023 à Paris-Roubaix avait dévoilé la solidité de ce jeune coureur de la communauté germanophone. Après avoir largement confirmé cette année, notamment avec sa victoire au Samyn, sa sixième place au Circuit Het Nieuwsblad et une belle campagne flandrienne, Laurenz Rex arrivait déterminé comme jamais sur la Reine des Classiques. Mais deux chutes lui ont fait perdre le… Nord et vivre un véritable enfer.
Déjà lourdement tombé dans la gamelle collective du début de course, celle fatale au colosse Jonathan Milan, il n’a pas voulu abandonner, malgré des brûlures sur tout le corps bien visibles à l’écran avec son maillot et son cuissard déchirés.
D'un coup, je me suis retrouvé en l'air puis à terre : je n'ai rien compris.
“Par rapport à la deuxième chute, je n’ai rien vu venir, explique celui qui a fait un soleil en percutant de plein fouet un panneau de signalisation d’un îlot directionnel alors qu’il venait de se retourner. En Belgique, ces obstacles sont signalés par un… signaleur avec un sifflet ou un panneau sonore qui prévient du danger. Là, il n’y en avait pas. C’était à la sortie d’un virage. Je me suis retourné pour faire le point, pour voir quelle était la situation de la course au niveau du peloton. Et, tout d’un coup, je me suis retrouvé propulsé en l’air puis à terre. Je n’ai rien compris. Quand je me suis retrouvé assis, au sol, je ne comprenais plus le monde… En voyant mes mains en sang et toutes mes plaies, je me suis dit que c’en était assez…”
Un coup dur pour le coureur d’Intermarché-Wanty. “Après la première chute, j’étais bien brûlé de partout, mais je ne voulais pas arrêter comme ça par rapport à mes coéquipiers, alors que j’étais leader de l’équipe. Mentalement, je suis parvenu à directement me remettre dans la course. Je suis d’ailleurs rentré dans le premier secteur pavé dans les dix premiers, dans le train de Mathieu van der Poel. Malgré les blessures, les jambes étaient super bonnes. Je me sentais frais.”
Et puis il y a eu cette embardée. “J’ai revu les images : on y voit que je suis sonné, ajoute Laurenz Rex. Même si ça brûle encore au niveau des nombreuses plaies, il a fallu trois quarts d’heure dans le bus pour me mettre des pansements partout, j’ai quand même passé une bonne nuit. Je me dis que Roubaix 2024 ne devait pas être mon Paris-Roubaix. J’en sors avec des plaies, mais aussi avec une mentalité plus forte. Cette deuxième chute a allumé le feu pour que je revienne revanchard l’an prochain.”
Quel bilan tire-t-il de sa première partie de saison ? “Je n’ai pas toujours eu de la réussite. Comme avec ma crevaison à Gand-Wevelgem alors que j’étais dans la bonne bordure. J’ai quand même su m’y classer seizième, au mental. Il y a eu aussi ma chute à Waregem (NdlR : juste avant le crash qui a condamné Wout van Aert, notamment) et l’incident à La Panne où ma main s’est prise dans une barrière. Mais je sens que je suis devenu un meilleur coureur, que j’ai amélioré le moteur. Et j’ai pris confiance en moi. Même s’il n’y a pas toujours eu de grands résultats, j’étais satisfait de mes courses. Comme au Tour des Flandres où j’étais avec les cinq ou six meilleurs de la course avant de coincer à la fin, quand je n’avais plus de force.”
Il va désormais panser ses plaies, prendre une semaine de repos avant de recommencer l’entraînement. Sa reprise est prévue à Francfort, avec, aussi, le regard tourné vers le Tour de France, qu’il va découvrir cet été.