La Moskesstraat, une rue calme devenue icône de la Flèche brabançonne et… autoroute à cycliste : “On en voit passer plus de 1 000 le dimanche !”
Symbole de la Flèche brabançonne, la Moskesstraat est passée, en quelques années, d’une rue pentue assez banale à une autoroute pour cyclistes.
- Publié le 10-04-2024 à 06h50
- Mis à jour le 10-04-2024 à 08h30
Son profil a de quoi faire frémir les mollets les plus aiguisés. Avec ses 550 mètres de long, ses 8,5 % de moyenne et son passage à 17 %, la Moskesstraat et ses pavés est devenue, ces dernières années, une cote emblématique du Brabant flamand. Il suffit de s’installer quelques minutes sur le bord de la route pour y voir de nombreux cyclistes (amateurs ou aguerris) grimacer, entendre leur respiration de plus en plus forte au fur et à mesure que la pente augmente, et percevoir leur soulagement une fois le sommet franchi.
Le Mondial 2021 comme projecteur : “On ne pouvait pas sortir de chez nous”
Encore inconnue au bataillon il y a quelques années, la bosse située à Terlanen a vu sa popularité grandir de manière exponentielle en peu de temps. Tout a commencé en 2020, lorsque la Flèche brabançonne a décidé de supprimer Ijskelderlaan pour y ajouter la Moskesstraat. Dans la foulée, la Super 8 Classic (anciennement Primus Classic) et la Druivenkoers (course aux raisins) ont également choisi d’intégrer la côte à leur parcours. Mais ce qui a surtout contribué à la notoriété de la Moskesstraat, c’est sa présence sur le parcours du championnat du monde 2021, remporté par Julian Alaphilippe à Louvain.
”Ce jour-là, on ne pouvait même pas sortir de chez nous”, raconte Marguerite, une riveraine. “Mais c’était génial”, ajoute son fils Eric, qui habite à côté de la jonction entre l’asphalte et les pavés. “Dès la veille de la course, on avait pu apercevoir l’intégralité des équipes en reconnaissance. C’était fantastique.” Deux jours de spectacle pour le prix d’un. “Nous avons acheté notre maison dans la rue durant l’année des championnats du monde, expliquent pour leur part Hans et Véronique, qui vivent un peu plus en contrebas. Mais on avait passé un super moment. Ce jour-là, on a invité toute notre famille à la maison pour faire un barbecue. Tout le monde faisait l’aller-retour entre la télévision et la rue pour se voir (rires).”
Un vrai challenge pour tous les niveaux : “Même à pied, c’est difficile”
Ici, comme partout en Flandre, le vélo passionne tout le monde. Et il faut se lever tôt pour trouver un riverain qui n’aime pas la bicyclette. “On voit passer plus de vélos que de voitures, rigole Hans, qui a pratiqué le sport cycliste durant 20 ans. Mais maintenant, je n’ai plus la même condition qu’avant, donc je le monte à vélo… électrique.””
Marguerite, qui a plus de 80 ans, trouve encore la force de monter la Moskesstraat à pied. “C’est aussi dur qu’à vélo mais ça permet de garder la forme, sourit celle qui a vu de nombreux cyclos mettre pied à terre dans la bosse. En été comme en hiver. On voit passer des cyclistes durant toutes les périodes de l’année. Quand il fait froid, je peux vous dire que ça en réchauffe plus d’un !”
C’est surtout le dimanche que la notoriété de la Moskesstraat peut se mesurer. “Un dimanche, je me suis placé devant la fenêtre et je peux vous assurer que j’ai vu passer plus de 1 000 cyclistes devant mes yeux, sourit Eric, le fils de Marguerite. Il y a des groupes de 30 ou 40 qui viennent se promener, ou des amis en balade. C’est une véritable autoroute à vélos.”
N’est-ce pas parfois dérangeant ? “Non. Mon jardin est à l’arrière donc les cyclistes n’ont pas de vue dessus, précise la très sympathique Marguerite, qui termine son ménage. Quand j’ai acheté ma maison il y a cinq ans, rien ne laissait présager un tel engouement pour cette côte. Il s’agissait simplement d’un petit chemin en pente, comme il y en a des centaines dans la région. Et puis le championnat du monde est passé par là.”
Et l’ampleur n’a fait qu’augmenter. “Il y a même un challenge avec une ligne de départ, en bas, et une ligne d’arrivée, au sommet”, souligne Eric. Chacun peut y défier ses idoles sur ce segment chronométré via l’application d’activité Strava. “On peut en voir certains aller au bout d’eux-mêmes.”
Eddy Merckx et Tom Boonen surveillent : “Mais c’est dommage que van Aert soit absent”
Pour les motiver, les visages de plusieurs anciens champions du monde, comme Eddy Merckx ou Tom Boonen, ont été dessinés sur le sol, par le collectif de street-art Puncheur. Une manière de se rappeler qu’on n’est pas les seuls à avoir les jambes qui piquent dans la Moskesstraat. Même si sa rénovation, en 2021 n’a pas plus à tout le monde. “Il y a eu une petite polémique car plusieurs coureurs, dont Wout van Aert, estimaient que ça perdait un peu en authenticité et que ça rendait la bosse un peu moins difficile. Avant, le chemin était dans un tout autre état”, indique Eric. Mais depuis lors, de l’eau a coulé sous les ponts… et entre les pavés, qui ont été rendus de plus en plus compliqués par le temps.
Assez pour permettre à la Moskesstraat d’être décisive ce mercredi, lors de la Flèche brabançonne ? C’est possible. “Mais on regrette quand même que Wout van Aert, qu’on adore, ne soit pas là, termine Marguerite, qui aura tout de même l’occasion de contempler le passage de nombreux champions. Je vais évidemment les applaudir, comme chaque année.” Avant de suivre le reste de la course devant la télé. Car on ne change pas les bonnes habitudes.