Anorexie, bouteille de ketchup et même un petit reproche tactique: Lefevere revient sur le week-end de rêve de son équipe
S'il y a bien un homme que tout le monde s'arrachait ce dimanche soir, c'est Patrick Lefevere.
- Publié le 04-03-2019 à 13h56
- Mis à jour le 04-03-2019 à 13h57
S'il y a bien un homme que tout le monde s'arrachait ce dimanche soir, c'est Patrick Lefevere.
Le directeur sportif le plus emblématique du peloton actuel a réussi un doublé qu'aucune équipe n'avait réussi depuis 35 ans. Il a aussi mis fin à 14 ans de disette au Nieuwsblad et a fait gagner une "Flandrienne" à un coureur luxembourgeois pour la première fois en plus d'un siècle. "Voilà, tous ces compteurs sont remis à zéro", lance-t-il à nos confrères du Nieuwsblad dans une colonne qui lui est réservée.
Lefevere y rappelle que les treize succès déjà acquis cette saison mettent son équipe sur de meilleures bases qu'en 2018: "Je ne fixe pas d'objectif pour le moment mais nous sommes dans les temps alors que tout le monde nous voyait affaiblis cet hiver après les départs de Terpstra et Gaviria. Nous prouvons immédiatement le contraire, en faisant gagner des garçons qui n'avaient pas scoré l'année passée sur les Flandriennes". Le cas de Bob Jungels est d'autant plus particulier qu'il a remporté Liège-Bastogne-Liège la saison dernière et réussi de bons classements dans les grands tours. "Il est venu nous voir l'année dernière après Liège-Bastogne-Liège avec cette demande de participer aux classiques flamandes. On a accepté à contrecoeur, notamment parce qu'il a remporté Paris-Roubaix chez les espoirs. Ce week-end, c'était donc son examen de passage... et il reçoit les compliments du jury. Bob a terminé 11e du Tour et 6e du Giro mais son poids n'est pas assez faible pour rivaliser avec des gars de 65 kilos dans les grands tours. Il a travaillé pendant des mois avec une diététicienne mais cela n'a pas fonctionné. Vous ne pouvez pas maigrir indéfiniment, sinon cela devient de l'anorexie. Enric Mas était si maigre durant la Vuelta 2018 que je n'osais pas le toucher de peur de le briser en deux."
Le directeur sportif du Wolpack souligne évidemment la maîtrise tactique de son équipe, avec un reproche toutefois sur le final de ce dimanche : "Je me suis demandé pourquoi on ne laissait pas un trou derrière Nikolas Maes et Jempy Drucker, qui étaient les seuls à travailler en tête de peloton devant toute notre équipe. Mais je ne critique évidemment pas, après un week-end aussi parfait !"
Il évoque aussi le cas de Stybar qui compte déjà deux succès après une année blanche en 2018: "En football, on parle de l'effet bouteille de ketchup: parfois, rien ne vient... jusqu'à ce que tout arrive à la fois. Je crois que ça peut être le cas de Zdenek cette saison. Aujourd'hui, tout le monde me demande si le fait qu'il soit en fin de contrat cette saison l'oblige à se montrer. Ma réponse ? C'est le cas de 80% de mes coureurs donc si cela peut leur donner une motivation supplémentaire, je ne vais pas m'en plaindre..."