Philippe Gilbert à propos du Mondial: "Alaphilippe est mon favori, Teuns la meilleure chance belge"
Consultant d'Eurosport durant le championnat du monde, Philippe Gilbert est en Autriche. Il s'est entraîné sur le parcours, qu'il juge « très exigeant »
- Publié le 29-09-2018 à 17h26
- Mis à jour le 29-09-2018 à 20h26
Consultant d'Eurosport durant le championnat du monde, Philippe Gilbert est en Autriche. Il s'est entraîné sur le parcours, qu'il juge « très exigeant »
Philippe Gilbert est à Innsbruck ! Malheureusement pas pour y épauler ses copains de la sélection nationale puisqu'il vient à peine de reprendre, victorieusement, après sa fracture de la rotule. Pourtant, le Liégeois, arrivé vendredi via Vienne, est manifestement en pleine forme. Ce dimanche, il commentera pour Eurosport le Mondial dont, à ses yeux, le grandissime favori est son ami Julian Alaphilippe et la meilleure chance belge Dylan Teuns.
Avant cela, le récent vainqueur du Grand Prix d'Isbergues, sa course de rentrée, continue à s'entraîner. Ce samedi, il a découvert sur son vélo le circuit Olympia du Mondial (couvert à cinq reprises) et aussi la terrible côte finale, le fameux Höttinger Holl (l'Enfer d'Hooting) avec son passage à 28 % où sans doute se jouera la 85e édition du championnat du monde.
"J'aurais aimé être dans la sélection", dit-il. "Ce circuit permet de bouger d'attaquer, de faire une course de mouvements comme nous, les Belges, nous aimons généralement le faire, moi surtout.
C'est un circuit très exigeant, avec cette longue montée (7,9 km à 5,7 %, dont 10 % max) est roulante, elle demande de la puissance. La grimper sept fois va faire des dégâts et se ressentir à la fin. Ensuite, il y a une descente très technique, très rapide. Enfin, dans la finale, j'ai pu constater combien cette dernière côte est terrible. J'avais un 39x28 comme plus petit développement, c'était trop court (NdlR : la plupart des Belges auront 39x30 , voire comme Pauwels et Meurisse 36x30). Il faut s'arracher pour passer. Aux points les plus pentus, je grimpais à 5, 6, 7 kilomètres/heure maximum ! "
Plus qu'au Mur de Huy, Gilbert compare cette montée à celle, terrible aussi, qui lance la finale du Tour de Lombardie.
"C'est un peu comme le Sormano avec des pourcentages équivalents (1,9 km à 15,8 %, max 25/27 % en Italie, pour 2,8 km à 11,5 % et donc 28 % max). La différence, c'est qu'en Lombardie, il reste généralement soixante kilomètres jusqu'à l'arrivée. Ici, à peine huit. Ça va être tout autre chose, on sera en pleine finale. Je pense que je vainqueur va se dégager là dans ce qu'il restera du groupe. Il pourra aller au bout pour décrocher la victoire. Mon grand favori, c'est Julian Alaphilippe. La distance ne lui fait pas peur, il l'a montré à Liège-Bastogne-Liège, à San Sebastian. Sur des pourcentages pareils comme dans la côte finale, il est très fort et la descente est son point fort. En plus, il est rapide donc même s'il arrive avec d'autres, il a de grandes chances de gagner."
Le coureur de Quick Step Floors pense que, malgré sa difficulté, la course arc-en-ciel promet d'être intéressante et non fermée.
"Ce pourrait être assez ouvert ", analyse Gilbert. "Cette dernière ascension va certainement faire peur à beaucoup, mais elle doit aussi faire comprendre à ces coureurs, tous ceux qui joueront battus sur ce mur, que leur seule chance réside dans une course d'anticipation, d'attaque de loin. Le parcours le permet. Il est dur, mais si un groupe s'organise, il peut aller loin. Le vent sera aussi un élément qui aura son importance. Ce samedi, il y en a beaucoup. En sera-t-il de même ce dimanche ? Avec ce vent-là, un groupe qui part peut faire la différence."
Philippe Gilbert pense-t-il qu'il aura un successeur ? Pour la vingt-septième fois, un coureur belge peut décrocher le titre mondial.
"Il doivent profiter du fait qu'ils ne sont pas favoris", conseille-t-il. "C'est une des premières années depuis longtemps où la Belgique ne doit pas prendre la course en main. On ne doit pas utiliser nos hommes avant la mi-course. Après, il faudra en mettre dans les coups, pour ne pas être piégés et avoir toujours un gars devant, afin d'obliger les autres nations à travailler.Après, ça se fera naturellement sur un tel parcours. Sur ce que j'ai vu ces derniers temps, je crois que la meilleure carte à jouer, c'est Dylan Teuns. Il peut vraiment faire quelque chose."
"Remco Evenepoel est un phénomène"
L'an prochain, Gilbert sera aussi l'équipier de Remco Evenepoel, qu'il connaît bien et apprécie.
"On ne peut être qu'impressionné par ce qu'il fait", avoue le champion ardennais. "Cette saison, beaucoup d'organisateurs ont essayé de le calmer pour qu'il ne gagne pas avec plus de cinq minutes d'avance. Au championnat d'Europe, il a fini avec un avantage de près de dix minutes, c'est du jamais vu. Ici, il est retardé par une chute, il revient, il gagne avec une minute trente en se relevant sur la fin pour savourer son succès, puis en s'arrêtant avant la ligne. Impressionnant ! C'est unique.
On l'a côtoyé en stage avec Quick Step au mois de décembre. Déjà là, il avait des aptitudes hors normes, c'est un phénomène. Mais il ne faut pas oublier que ça reste un gamin, il n'a que dix-huit ans. Il va devoir évoluer, il va falloir le protéger de la pression qui va lui tomber dessus dans les mois à venir. On peut faire confiance à Patrick (Lefevere) pour lui trouver un programme adapté et le protéger au maximum. L'important, c'est que, comme c'était mon cas à son âge, il fasse du vélo en s'amusant. Le cyclisme a évolué depuis que j'étais junior (en 1999-2000). Désormais, le matériel est vraiment à la pointe, les jeunes ont des capteurs de puissance, nous c'était du bricolage. Je n'ai jamais regardé à ce que je mangeais chez les jeunes, je n'étais pas gras mais pas sec non plus. Ça ne m'empêchait pas de gagner des Coupes du Monde ou d'être devant, mais je n'ai jamais pris le cyclisme au sérieux avant d'être espoir, à 19 ans. C'est aussi la clé pour faire une longue carrière car si on fait trop de sacrifices en étant jeune, on peut le regretter ensuite."
"Gagner à Binche et Paris-Tours"
Ce mardi, pour la première fois de sa carrière, Philippe Gilbert sera au départ du Mémorial Frank Vandenbroucke, à Binche.
"Je me suis rassuré à Isbergues en gagnant pour ma rentrée", sourit le Wallon. "Je suis en bonne condition. Je vais essayé de continuer sur ma lancée en gagnant les deux courses que je vais disputer cette semaine, Binche-Chimay-Binche et Paris-Tours. Binche, ce sera une première pour moi, je n'y ai jamais couru. À Tours, je me suis déjà imposé à deux reprises. Ce serait bien de gagner une troisième fois."
Le Monégasque terminera ensuite son année cycliste en Asie. D'abord à Hong-Kong, pour les Hammers Series, le 14 octobre, puis au Tour de Guanxi (16-21 octobre), l'épreuve à étapes chinoise du WorldTour qui mettra fin à sa seizième saison chez les professionnels.