Tim Wellens: "Plus fort que les années précédentes"
Tim Wellens est persuadé d’avoir fait un pas en avant qui doit lui permettre de remporter une des prochaines classiques.
- Publié le 13-04-2018 à 05h55
- Mis à jour le 13-04-2018 à 05h57
Tim Wellens est persuadé d’avoir fait un pas en avant qui doit lui permettre de remporter une des prochaines classiques. Sa victoire à la Flèche brabançonne a rassuré, ou plutôt conforté, Tim Wellens dans l’optique des trois prochaines classiques. Dès dimanche, à l’Amstel Godl Race, puis la semaine prochaine, lors des deux courses ardennaises, la Flèche wallonne et Liège-Bastogne-Liège, le coureur de Lotto-Soudal devra être considéré comme un des principaux favoris. Comme il nous l’a confirmé lors d’un entretien, Tim Wellens a franchi un palier en ce début de saison.
Dans quel état d’esprit allez vous aborder les classiques ?
"Je me sens plus fort que les années précédentes, j’ai fait un pas en avant. Ma victoire à la Flèche brabançonne m’a apporté des réponses à mes interrogations. J’ai eu une grippe une semaine après Paris-Nice, ça a perturbé ma préparation car j’ai raté la Catalogne. Cette année, je ne voulais plus courir le Tour du Pays Basque, parce que cela ne m’a pas spécialement réussi les années précédentes. Donc, j’étais resté un mois sans course et donc j’avais besoin de confirmation de ma bonne condition. C’est la preuve que je me suis bien préparé après ma maladie."
Ce qui peut étonner. D’habitude les coureurs parlent de manque de rythme, de besoin de courir.
"Je suis capable de bien m’entraîner seul. Je fais le travail que je dois faire, je sais souffrir et me faire mal à l’entraînement, je n’ai pas besoin des courses pour être bien. J’ai effectué ces dernières semaines beaucoup d’entraînement derrière moto, la plupart à Monaco. C’est Sophie (NdlR : sa compagne) qui conduit la moto. Elle fait cela très bien, depuis le temps que nous sommes ensemble. On profite des deux demi-jours de congé qu’elle a chaque semaine, et des week-ends. On a fait du bon travail, des longues sorties de cinq heures derrière moto. Parfois, j’y ajoute encore des kilomètres seul. On va dans les montées et cols de la région, à un bon tempo, avec des simulations d’attaques, de courses. C’est différent d’une course comme le Pays Basque où vous n’avez pas le choix de vos efforts, de votre repos, vous devez suivre. À l’entraînement, vous pouvez alterner les efforts intenses et les plages plus calmes. J’ai fait régulièrement de longues sorties à un haut rythme. Dimanche dernier par exemple, j’ai effectué une sortie de 270 kilomètres. Je vous rassure, je n’ai pas fait cela tous les jours, c’était ma sortie la plus longue…"
Revenons à Paris-Nice. Vous avez fini 5e, mais à 16 secondes de Soler. Une déception ?
"Non, j’étais content, j’ai presque gagné deux étapes. La première, où j’ai été enfermé et où je me dégage trop tard pour gagner le sprint, et la cinquième où un coureur (NdlR : Rudy Molard) est sorti du groupe dont je gagne le sprint. Normalement, quand j’ai une occasion, je la saisis, pas cette fois. C’est un peu dommage, car j’étais tout près. Avant la course, j’aurais été très content de réussir une semaine pareille, mais c’est vrai je ne suis pas passé loin. Sur ce Paris-Nice, il y avait plusieurs coureurs capables de gagner et j’étais un de ceux-là. Pour que cela me réussisse, il aurait fallu que toutes les planètes soient bien alignées."
Désormais, c’est un rendez-vous en quatre volets qui vous attend. Vous vous êtes imposé dès le premier.
"La Flèche brabançonne était une des quatre chances que j’avais de gagner durant cette période et je l’ai saisie. Mais ce n’est pas le plus grand objectif, les prochaines courses sont plus importantes, elles ne sont pas du même niveau, ce sera plus dur aussi, même si ce succès m’enlève du stress et me donne plus de confiance. C’est difficile de dire qu’elle est la meilleure des trois. La distance n’est pas un problème, donc c’est bon pour l’Amstel et Liège. J’aime bien les routes étroites et sinueuses, donc c’est bien pour l’Amstel. Mon cœur me porte plus vers les deux courses belges et encore plus vers la Flèche. Huy n’est pas très loin de chez mes parents, j’y allais régulièrement m’entraîner sur le Mur quand j’habitais en Belgique, c’est une classique que je venais voir quand j’étais enfant et adolescent, j’ai acheté un terrain au-dessus de Chérave… Mais Liège-Bastogne-Liège, c’est un monument et je connais aussi très bien ses routes, ses côtes."
"Prendre le risque d’attendre"
Tim Wellens a bien sûr déjà regardé les prévisions météo des dix jours à venir.
"En voyant les classiques flandriennes à la télé, je me suis dit : ‘Chouette, il fait mauvais, j’espère que ce sera la même chose pour les classiques wallonnes’", avoue le Limbourgeois. Mais ce ne sera pas le cas, il fait meilleur et il devrait faire bon les prochains jours encore (NdlR : entre 16 et 22° à l’Amstel, entre 16 et 24° à la Flèche et entre 11 et 18° à Liège-Bastogne, sans pluie annoncée les trois jours). C’est malheureusement quelque chose qu’on ne peut pas contrôler."
Quelque chose qui semble difficilement contrôlable aussi, c’est son tempérament d’attaquant, parfois un peu fou.
"Les années passées, j’attaquais de loin, j’anticipais, dit-il. J’espère que cette fois, je progresserai en attendant. C’est un risque que je dois prendre, laisser partir un groupe à cinquante kilomètres de l’arrivée, être attentif, mais ne pas gaspiller mes forces et espérer qu’il y ait un regroupement. Je l’ai déjà montré mercredi en démarrant non pas dans l’avant-dernier tour, mais dans les dix derniers kilomètres. Il faut dire qu’avec Tosh (Van der Sande) qui était devant, je ne pouvais pas démarrer." (rires)
Wellens se sent même capable de défier les favoris sur le Mur de Huy, à la Flèche wallonne.
"Oui, car je suis bien, répond-il. Un gars comme Alaphilippe par exemple, je l’ai battu. Teuns aussi. Valverde (il réfléchit)… il n’a pas gagné à l’avance. J’ai gagné en confiance cette année. À la Ruta del Sol, ça m’a fait du bien d’attendre la dernière montée et de battre tout le monde, Landa, Fuglsang, Poels, Soler… Je me sens plus fort, c’est d’abord des bonnes jambes qui donnent plus de confiance au mental. Je me sens tellement bien que je sais que c’est possible."
Ces prochains jours, l’équipe Lotto-Soudal alignera un tandem de leader avec Tiesj Benoot.
"Il n’y a pas que nous deux, rétorque Wellens. J’attends aussi Tomasz Marczynski, l’équipe est largement très forte. Quick Step aussi a plusieurs leaders pour l’Amstel et Liège, c’est très bien, c’est un avantage que l’on soit deux. On ne connaît pas encore la tactique, mais je trouve que ce serait difficile que l’on ait deux coureurs protégés pour le Mur de Huy. Mais la participation de Tiesj à la Flèche wallonne n’est pas encore décidée. Après, on peut se parler pendant la course, dans la finale, voir qui se sent le mieux."