Disons-le sans détour, Philippe Gilbert va nous manquer au Tour
Une humeur signée Jean-Marc Gheraille.
- Publié le 26-06-2019 à 18h23
- Mis à jour le 26-06-2019 à 20h29
Une humeur signée Jean-Marc Gheraille.
Lors de sa venue dans les bureaux de La Dernière Heure-Les Sports en mai dernier, le patron du Tour Christian Prudhomme ne cessait de manier le superlatif quand il parlait de Philippe Gilbert. Héroïsme, guerrier, courage, on vous en passe et des plus dithyrambiques.
Pourtant, le 24 juillet 2018 risque de devenir la dernière image du champion belge sur les routes de la Grande Boucle. Ce jour-là, il a fait trembler la planète cyclisme et la Belgique quand il a basculé au-dessus d’un muret dans la descente du col du Portet d’Aspet. Il a ensuite suscité l’admiration générale en ralliant Bagnères-de-Luchon malgré une fracture de la rotule et un abandon dans la foulée.
Neuf mois plus tard, les deux hommes tombaient dans les bras après le succès du Belge sur le Vélodrome de Roubaix. Le Grand Départ du Tour 2019 en hommage à Eddy Merckx, qui apprécie Philippe Gilbert et l’estime est réciproque, sonnait comme un de ces moments de fierté nationale. Tout indiquait que les 6, 7 et 8 juillet celui qui fut maillot jaune et vainqueur d’étape en 2011 allait être ovationné lors du passage des étapes dans la capitale mais aussi en Flandres et en Wallonie. Patrick Lefevere, le big boss de l’équipe Quick Step-Deceuninck, a brisé le rêve noir-jaune-rouge en laissant le vieux briscard à la maison.
Aucune explication n’a été donnée et les raisons de cette non-sélection sont peut-être recevables mais on ne peut s’empêcher de croire en un règlement de comptes interne. Conséquence directe d’une dissension très, sans doute trop forte entre Lefevere et Gilbert sur fond de contrat pas encore reconduit, d’accord peut-être déjà signé avec une autre équipe, d’un conflit que personne n’avait vu venir d’autant plus que Philippe Gilbert avait effectué une préparation spéciale pour le Tour avec notamment Julian Alaphilippe.
N’ayons pas peur des mots : cette absence est un coup de massue pour ce Grand Départ. Cela n’empêchera évidemment pas la Belgique de fêter joyeusement le roi Eddy mais cela ramène le cyclisme à la dure et intransigeante réalité financière et extrasportive. Philippe Gilbert connait bien les ficelles et les règles non écrites du monde du cyclisme mais il a quand même été battu au sprint. A 36 ans, même s’il poursuit sa carrière l’an prochain sous d’autres cieux, rien n’indique qu’il pourra un jour disputer son dixième Tour ni qu’il pourra afficher sa forme actuelle. Une certitude : il ne pourra jamais connaître un Grand Départ à Bruxelles. Dans son pays. C’est une défaite nationale.