Emelie Forsberg a couru la CCC de Chamonix 5 mois après avoir accouché : "Je ne voulais pas rester plus de 13 heures sans ma fille…"
Cinq mois après la naissance de son premier enfant, Emelie Forsberg, la compagne de Kilian Jornet, courait ce week-end la CCC (101 km, 6 200 D +) à Chamonix.
- Publié le 03-09-2019 à 17h07
- Mis à jour le 03-09-2019 à 18h17
Cinq mois après la naissance de son premier enfant, Emelie Forsberg, la compagne de Kilian Jornet, courait ce week-end la CCC (101 km, 6 200 D +) à Chamonix. C’est clairement l’une des images de la semaine "UTMB". Emelie Forsberg sur la ligne de départ de la CCC alors que son compagnon, la star de l’ultra Kilian Jornet, se retrouve "seul" avec Maj, leur fille née voici cinq mois, et leur grand caniche noir sur les bras. Si le mouvement féministe suédois est à la recherche d’une égérie pour ses prochaines campagnes, il y a là matière…
La jeune femme (32 ans) est, rappelons-le, une grande championne à la base. Elle a remporté les 80 Km du mont Blanc en 2014, a inscrit cinq fois son nom en haut des classements du circuit Skyrunner World series (2011 à 2015), s’est imposée deux fois sur la Transvulcania (2013 et 2015), a terminé deuxième de la Diagonale des fous en 2013… Bref, du haut de gamme. Qui plus est, elle a, comme son compagnon, l’aventure dans le sang (record féminin de l’aller-retour au sommet du mont Blanc en partant du centre de Chamonix - 7 h 53).
Avant cette CCC , qui marquait son retour officiel à la compétition, Emelie Forsberg avait prévenu que sa préparation risquait d’être un peu juste. "Je ne sais même pas si je peux courir 100 kilomètres" , avait-elle expliqué. Avant de rappeler qu’elle avait arrêté toute activité sportive… trois jours avant l’accouchement (24 mars). Pour la reprendre, si l’on regarde sur le fil Facebook, par un peu de ski le 3 avril en Norvège, où nos deux champions vivent depuis quelques années.
La Suédoise a enchaîné assez vite des semaines à trois séances, a augmenté peu à peu les doses, puis s’est mise complètement "focus" sur cette CCC, épreuve de l’UTMB de 101 km pour 6 100 mètres de D +, en arrivant fin juillet à Argentières, près de Chamonix, où les deux resteront encore quelques semaines, le temps que les transformations de leur maison norvégienne soient terminées. "J’ai alors repris l’entraînement qui m’était habituel avant ma grossesse", explique-t-elle.
Une routine qui l’a vue repartir seule au sommet du mont Blanc le 16 août dernier (5 heures pour arriver à destination en partant, à nouveau, du parvis de l’église de Chamonix).
Verdict de son week-end UTMB : abandon au 76e kilomètre, après un peu moins de 9 heures de course. Elle était la 10e femme à ce moment-là, à une demi-heure du podium, après avoir oscillé entre la 2e (premier pointage) et la 4e place. "Je suis heureuse d’avoir pu courir aussi longtemps sans ressentir de douleur relative à ma grossesse" , détaille-t-elle. "C’est juste que mes jambes m’ont dit que je ne m’étais pas assez entraînée. J’aurais pu marcher jusqu’à l’arrivée, mais avant la course j’avais décidé que je ne voulais pas rester plus de 13 heures, 13 h 30 sans Maj. C’était douloureux dans mon cœur. Quand mes jambes étaient mortes, ma tête a aggravé mon état. Je pense que je dois travailler beaucoup plus mentalement pour la laisser plus longtemps. Mais là, maintenant, c’était suffisant. Abandonner n’est jamais chouette. Mais je savais que cette issue était une grosse possibilité. Allons-y étape par étape."
On devrait en reparler…
Aux États-Unis : un marathon enceinte de 9 mois !
En 2011, une jeune Américaine de 27 ans enceinte de 9 mois (39 semaines) était allée faire le marathon de Chicago. “J’avais payé mon inscription avant de tomber enceinte, je voulais courir”, expliqua alors Amber Miller à ceux qui la prenaient pour une folle. Pendant la course, qu’elle termina en 6 heures et 25 minutes, elle ressentit les premières contractions. Mais elle ne s’arrêta pas. Ce n’est qu’une fois la ligne franchie qu’elle se rendit à l’hôpital pour accoucher d’une superbe petite fille prénommée June et pesant quand même 3,5 kilos.
Ingrid Kristiansen : victorieuse d’un marathon sans savoir qu’elle était enceinte
Autre cas, plus connu car concernant l’élite mondiale : celui de la coureuse norvégienne Ingrid Kristiansen (championne du monde du 10 000 mètres en 1987 et en cross-country un an plus tard). En 1983, elle s’impose au marathon de Houston. Trois mois plus tard, elle rate complètement ses Mondiaux de cross-country, sans comprendre les raisons de cet échec. Ce n’est que quelques jours plus tard qu’elle se rend compte qu’elle est, en fait, enceinte de… 5 mois