La réforme qui met le monde du cyclo-cross en émoi: "À terme, c'est la mort de notre discipline"
De nombreuses voix se sont élevées contre cette réforme que l’UCI veut imposer en 2020.
- Publié le 22-10-2019 à 16h40
- Mis à jour le 22-10-2019 à 16h57
De nombreuses voix se sont élevées contre cette réforme que l’UCI veut imposer en 2020.
La saison de cyclo-cross a repris depuis quelques semaines mais l’UCI pense déjà à la saison prochaine. L’Union Cycliste Internationale a planché sur une réforme de la Coupe du Monde qui a déjà beaucoup fait parler d’elle dans le petit monde des crossmen.
Cette saison, la Coupe du Monde compte neuf manches réparties dans six pays différents tout au long de la saison. Mais dans le but de favoriser l’internationalisation de ce sport encore trop régionalisé, l’UCI voudrait augmenter ce nombre entre 14 et 16. Ainsi, chaque semaine aurait lieu une manche de Coupe du Monde, seulement entrecoupées par les championnats continentaux, nationaux et mondiaux.
Pour organiser cette Coupe du Monde, l’UCI a lancé un appel à projet, remporté par Flanders Classics, société organisatrice de courses telles que le Tour des Flandres ou Gand-Wevelgem.
Mais cette réforme a été vivement critiquée à la fois par les organisateurs, les coureurs et les équipes, qui annoncent "la mort du cross, si elle venait à être effective".
Un des premiers points de tension est l’incertitude autour de l’attribution des différentes manches de Coupe du Monde qui crée beaucoup d’inquiétude chez les organisateurs.
Le premier à avoir tiré la sonnette d’alarme est l’organisateur du cyclo-cross de Berne, Christian Rocha. Si cette saison son épreuve a fait partie de la Coupe du Monde (elle a été courue ce dimanche), cela s’est fait au prix de nombreux sacrifices financiers. Le problème selon lui est que ni l’UCI, ni Flanders Classics n’ont communiqué sur cette réforme de la Coupe du Monde et les épreuves qui en feront partie alors que le temps commence à presser. "En tant qu’organisateurs, nous ne sommes au courant de rien. Nous n’avons eu qu’un coup de fil avec Flanders Classics mais depuis lors nous sommes sans nouvelles", explique l’organisateur de la course suisse qui se fait du souci pour la pérennité de son épreuve, "Chaque journée dans l’incertitude est un jour perdu. L’an dernier, c’est en été que nous avions appris que nous ferions partie de la Coupe du Monde. Ici, nous sommes en octobre et nous ne savons rien. C’est très difficile de trouver des sponsors qui veulent investir dans cette situation."
Du côté des coureurs et des équipes, on n’est pas plus au courant. Le champion de Belgique, Toon Aerts partageait ce week-end les inquiétudes des organisateurs : "Nous aussi, nous aspirons à plus de clarté. Ici à Berne, nous avons couru une des plus belles courses du calendrier. Il y avait énormément de spectateurs présents. Ce serait dommage qu’elle ne fasse plus partie du calendrier à cause d’un manque de clarté."
"Ce nouveau système n’est pas vivable pour les autres classements"
L’augmentation du nombre de manches de Coupe du monde aurait également un impact négatif sur les autres classements de régularité que sont le Superprestige et le Trophée AP Assurances qui perdraient énormément en poids alors que pour l’heure, ils sont mis sur un pied d’égalité par rapport à la Coupe du Monde.
"Actuellement, nous avons trois classements fantastiques. Cela crée de la concurrence, ce qui fait que chaque classement s’élève à un niveau supérieur. Ce qui permet d’attirer davantage d’entreprises qui souhaiteraient investir dans le cyclo-cross", a expliqué Sven Nys, ancienne légende de la discipline aujourd’hui manager de la formation Telenet-Baloise, à la radio flamande, Radio 1, "Mais si la saison prochaine, il n’y a plus qu’un seul classement principal, c’est très dangereux. De nombreuses épreuves pourraient disparaitre."
Pour Nys, la Coupe du Monde doit être le classement international à côté duquel chaque pays doit avoir son propre classement de régularité : "En Suisse, il y a l’EKZ, en Belgique le Superprestige et le Trophée AP Assurances. La Coupe du Monde doit être le classement international dans lequel on retrouverait la meilleure épreuve de chaque pays". Le Kanibaal estime que sans cela, organiser un cyclo-cross ne sera bientôt plus possible en-dehors de la Coupe du Monde.