Stéphane De Groodt : “Je cherche en permanence le frisson : sur la piste, comme sur scène”
Le comédien belge a piloté ce week-end, aux côtés de Charlie Dupont et Vanina Ickx, lors du Franco Fun Festival, prélude aux mythiques 25 Heures Fun Cup de cet été. “L’humour peut désamorcer des situations entre deux pilotes”
- Publié le 07-05-2024 à 23h16
”La particularité de la Fun Cup, par rapport à ce que je faisais avant, c’est de privilégier les à-côtés”, nous confie d’emblée Stéphane De Groodt, présent le week-end dernier à Spa-Francorchamps pour une manche de la Fun Cup avec Kronos et dont l’apothéose – les 25 heures – se déroulera le week-end du 6 juillet. Ou quand le joueur des mots (son programme court, sous forme de sketch de 2 minutes, chaque soir dans C à vous sur France Télévisions) se joue aussi des virages en course. “Que ce soit le soir au resto ou en journée sur la piste. Retrouver ses coéquipiers et avoir un esprit bon enfant. Il n’y a plus la course au chrono absolu, même si on y jette un œil quand même. Mais c’est toute l’ambiance qu’il y a autour. Il n’y a pas une compétition exacerbée, absolue, même si je garde mon esprit de compétition. Mais les priorités sont ailleurs. Ça reste très amusant à conduire. Il y a des palettes au volant. Il y a Charlie Dupont aussi dans la voiture. Lui, c’est vraiment un gentleman driver. Et il y a Vanina qui est une pilote. Elle a démarré en compétition cup avec moi donc je la connais depuis longtemps. Il y a une petite émulation, même si ce n’est pas aussi fort qu’avant. Je suis très content de la retrouver derrière un volant comme coéquipière.”
Réussir à combiner carrière d’acteur (Champagne au cinéma, Lycée Toulouse-Lautrec en télévision ou encore Léger doute au théâtre) et de pilote est plutôt rare…
”Oui, en effet, ce n’est pas courant. Mais, en même temps, je ne pourrais pas dissocier les deux. Ma passion et l’excitation pour la compétition avec les voitures et mon métier de comédien qui a pris le dessus aujourd’hui. Il y a des similitudes quand même parce que c’est un spectacle avec du public. On remplace la scène par la piste ou la piste par la scène. Je suis comblé, de pouvoir en vivre surtout !”
Le lever du rideau, comme l’extinction des feux sur la ligne de départ, sont-ils le même type de frisson ?
”C’est du frisson. Moi, je pense que je cherche en permanence le frisson. Cette excitation et cette montée d’adrénaline. Oui, bien sûr, il y a des similitudes. C’est l’appréhension de ce qui va se passer la seconde d’après. Au moment où le rideau se lève, de sentir le public qui est là, qui vous regarde, qui est en direct. Et puis le passage du feu rouge au vert où il y a cette excitation de vouloir gagner, d’être compétitif. Il y a vraiment une montée d’émotion très forte. Ce sont des choses que je retrouve dans l’un et dans l’autre.”
Ce sont aussi deux métiers très physiques, finalement…
”Absolument ! On ne se rend pas bien compte mais dans le métier de comédien, au théâtre, il y a une vraie gestuelle, une implication physique, une dépense d’énergie, un stress, une émotion. On se donne beaucoup dans les deux. On donne beaucoup de soi, on s’implique beaucoup. C’est ça qui m’intéresse et qui m’excite par-dessus tout.”
Et deux professions qui demandent une certaine hygiène de vie.
”Désormais, c’est d’alterner le vin blanc, un verre d’eau, le vin rouge, la bière (sourire). Non mais cela fait partie absolument de mon plaisir aujourd’hui, les à-côtés. À l’époque, je ne buvais pas une goutte de vin une semaine avant la course. Et aujourd’hui, c’est différent. Ma passion, c’est le vin. J’adore manger. Je ne me soucie plus vraiment d’avoir une condition physique optimum pour rouler en course. Évidemment, j’essaie de me maintenir mais je suis moins à cheval que je ne l’étais à l’époque sur un régime alimentaire particulier. J’ai toutefois rapatrié des réflexes d’avant et du coup, j’ai gardé une certaine hygiène de vie. Plus aussi rigoureuse qu’avant mais j’en maintiens une quand même malgré tout.”
Et l’humour vous aide-t-il en course ?
”Peut-être pour désamorcer des situations entre deux pilotes. En fait, ça devrait. Mais dès qu’on est sur une piste, on n’est pas là pour rigoler entre guillemets. Il y a l’esprit de compétition qui revient assez vite, même si on relativise plus qu’avant. De toute façon, si on a goûté à cela, il est de tous les instants. Si quelqu’un vient me charrier parce qu’il a été plus vite que moi… ben, avec humour, on désamorce tout. Donc même en compétition, on rit.”
"Au début, je n'étais pas un bon pilote. Comme comédien d'ailleurs, je n'étais pas très bon non plus."
Comment avez-vous attrapé le virus de la course ?
”C’est venu assez vite. Je voyais mon frère qui faisait de la compétition dans des catégories de base. Et puis je voyais des courses à la télé. Et puis le métier de pilote m’impressionnait beaucoup. Je trouvais que c’était assez formidable d’être pilote de course comme on aurait pu être astronaute ou comédien. C’est venu par ce que ça représentait. Et le fait de voir Jean-Louis Trintignant, Jacky Ickx, etc. De voir ces grands pilotes, d’autant plus que Trintignant était comédien en plus. Comme Paul Newman et Steve McQueen, je trouvais que cela avait de la gueule en fait. Et je me suis dit : pourquoi pas moi ? Et en fait, j’ai appris en faisant. Je n’avais pas de prédispositions à ça. J’ai appris vraiment petit à petit à aller de plus en plus vite. Au début, je n’étais pas un bon pilote. Comme comédien d’ailleurs, je n’étais pas un très bon comédien non plus.”
Piloter la F1 Alpine d’Esteban Ocon (objet d’un documentaire, “De la piste aux étoiles”, sur Canal Plus), était-ce un rêve d’enfant ?
”Je n’imaginais pas que cela pouvait être possible. D’ailleurs, c’est parce qu’on pense que c’est impossible qu’il faut le rendre possible. Et oui, c’est un rêve d’enfant. C’était magique. C’est l’aboutissement de quelque chose. C’est la formule reine et l’excellence absolue. Ça représente tellement de choses symboliquement. La F1 c’est un truc de dingue et le fait d’avoir dû goûter à ça. En plus dans une F1 moderne, c’est vraiment extraordinaire. L’idée, c’était vraiment de partager et de faire comprendre ce que je vivais de l’intérieur.”
Pas mal pour un ancien cancre à l’école…
”Tout est possible à partir du moment où on se dit que tout est possible. Moi, j’étais dyslexique, j’étais très mauvais à l’école. Si j’étais resté sur ces éléments-là, je n’aurais pas fait grand-chose. C’est comme les artistes, c’est dans la contrainte qu’ils créent. C’était une chance pour moi de surmonter ces obstacles. D’essayer d’aller plus haut et plus loin que les autres. En tout cas, d’aller là où moi je m’étais fixé un endroit, un point de chute. Donc c’est ça qui m’a motivé. Il faut ambitionner d’aller gratter les étoiles.”
Un parcours que vous allez bientôt coucher sur papier ?
”En effet, un bouquin se prépare dans lequel je raconte un peu tout ça sortira fin de l’année. Plein de choses sympas qui se passent pour le moment. J’ai roulé la semaine dernière au Grand Prix de France historique, sur le circuit du Castellet. Et ce week-end, ce sera au Grand Prix historique de Monaco sur la F1 Maserati avec laquelle Fangio a été champion du monde. C’est un truc magique.”
Avant de devenir réellement pilote en F1 ?
”Ça peut être projet (sourire) !”
Un trio qui finit sur le podium
”Pour un pilote, Spa-Francorchamps, c’est vraiment le pied”, confesse Stéphane De Groodt, pied au plancher sur le plus beau circuit du monde. “Ce sont les montagnes russes. Tous les virages réunissent pas mal de typicités de circuits du monde entier. J’adore ce type de conduite et de circuit. Il est formidable.” Le comédien faisait équipe (Kronos) avec Charlie Dupont et Vanina Ickx ce week-end en Fun Cup. “Charlie est un vieil ami de longue date. Je le savais passionné par la voiture, par la compétition. C’est donc un peu la première fois qu’on roulait comme coéquipier mais j’en suis très content. Il est comédien donc non seulement c’est mon ami dans la vie mais aussi un collègue de travail. Quant à Vanina, on s’est pratiqué il y a très longtemps sur la piste. J’étais ravi de jouer sur les deux cartes. La carte du métier de comédien avec Charlie et la carte des pilotes avec Vanina.” Résultat ? L’équipage belge a terminé troisième de la course du Franco Fun Festival. Une belle réussite amicale !