Damiano Martinuzzi : “Un exploit d’avoir neuf judokas au Masters !”
Les Belges sont emmenés par Matthias Casse et Toma Nikiforov. Charline Van Snick est de retour à la compétition…
- Publié le 19-12-2022 à 14h02
- Mis à jour le 19-12-2022 à 15h05
Neuf Belges participent au Masters cette semaine, à Jérusalem. Au terme d’une longue saison, cette compétition prestigieuse réunit les 36 meilleurs judokas de chaque catégorie. Alignant ce qu’elle compte de mieux, à l’exception d’Amber Ryheul (forfait) et de Sophie Berger (non qualifiée), la Belgique pointe en 13e position sur les 58 pays ayant au moins un représentant dans le top 36 mondial.
”Pour un petit pays comme le nôtre, c’est déjà un exploit en soi d’avoir neuf judokas à ce niveau. Quatre figurent dans le top 10, deux autres dans le top 20. Mais, au-delà des statistiques, il faut voir la manière. Prenons Malik Umayev, qualifié de toute justesse grâce à sa médaille de bronze à Bakou et à son honorable cinquième place à Tokyo. Ce qu’il réalise en -73 kg est vraiment impressionnant. Croyez-moi, tous ses adversaires craignent de le croiser sur le tatami. De même, après sa longue absence pour blessure, Gaby Willems est revenue à son meilleur niveau en -70 kg en décrochant, coup sur coup, deux superbes médailles d’argent, à Abou Dhabi et à Bakou. Je pense donc que nous pouvons être fiers de notre délégation !” lance Damiano Martinuzzi, coach de Toma Nikiforov et Matthias Casse.
Après le départ de Mark Van der Ham, Damiano Martinuzzi s’est multiplié pour accompagner nos deux champions cette saison et est désormais épaulé par Udo Quellmalz, 55 ans, ancien champion olympique et mondial. Il a vécu de près les hauts et les bas d’une année 2022, au cours de laquelle l’Anversois a décroché trois fois l’argent, à l’Euro, au Mondial et, début novembre, à Bakou, en -81 kg.
"Matthias est tombé deux fois sur le Géorgien Grigalashvili, qu’il avait battu l’an dernier pour l’or mondial et le bronze olympique. Ce sont deux formidables judokas qui savent qu’ils peuvent se retrouver en finale à condition de bien travailler avant, surtout au Masters. Après l’Euro, nous avions mis en place une stratégie face au Géorgien et elle a plutôt bien fonctionné au Mondial jusqu’à ce que Matthias connaisse une petite baisse de régime dont a profité Grigalashvili. Mais le face-à-face, long de près de huit minutes, fut de toute beauté et ils savent l’un et l’autre que la victoire s’est jouée sur un détail. Sur le coup, Matthias était très déçu, tant il est exigeant et rigoureux avec lui-même. Mais, avec le recul et en visionnant le combat, il était assez mature et honnête pour reconnaître qu’il avait connu un petit creux.”
Ces deux-là sont, bien entendu, fixés l’un sur l’autre.
”Ils ne partiront jamais en vacances ensemble, mais ils se respectent. En fait, il y a du Casse en Grigalashvili et vice-versa.”
Frustré à Tachkent, Matthias le fut aussi lors du Grand Chelem de Bakou, où il a retrouvé en finale un certain Saeid Mollaei.
”Il y avait longtemps qu’il n’avait plus combattu contre lui. En fait, depuis la demi-finale du Mondial 2019, après laquelle Mollaei, alors iranien, avait expliqué avoir été forcé de perdre par les autorités de son pays pour ne pas avoir à rencontrer l’Israélien Muki. Ici, avant la finale, Matthias ne cessait de me parler de la puissance de Mollaei. Mais, dès la première prise de garde, il s’est rendu compte qu’il parvenait à le tenir. Et il a peut-être été trop ouvert. Face à un judoka aussi rusé que celui qui est devenu Azéri, c’était une erreur. Mais Matthias s’est rendu compte qu’il avait changé et progressé en trois ans. Physiquement avec quelques kilos de muscles en plus et techniquement en complétant son judo avec de nouvelles techniques au sol. Une obligation s’il veut être champion olympique…”
Contrairement à l’Anversois, Toma Nikiforov n’est plus apparu en compétition depuis sa cinquième place au Mondial. En cause : une blessure à l’épaule. Celle-ci l’a empêché de défendre normalement ses chances, mais aussi contraint au repos.
”Toma n’a repris l’entraînement que fin novembre, lors du stage en Italie. Avant, il a dû se soigner tant la douleur était vive. Il n’a rien laissé transparaître à Tachkent parce qu’il combattrait même avec un bras cassé, mais c’est déjà un miracle s’il a pu disputer le bronze à l’Azéri Kotsoiev. Ensuite, il s’est rendu à l’évidence qu’il ne pouvait vraiment pas continuer comme ça.”
Le Bruxellois est-il, dès lors, à 100 % de son potentiel ?
”Écoutez, son épaule a bien réagi aux entraînements intensifs et il a aisément perdu son poids. Donc, il est prêt. Mais ce Masters est particulièrement relevé en -100 kg puisque, à part le Portugais Fonseca (blessé) et le Russe Adamian (interdit), le top 20 mondial est présent. Et encore, le Japonais Aaron Wolf qui n’a plus combattu depuis son titre olympique, n’est même pas tête de série ! Le tirage au sort est déterminant, même si Toma a coutume de dire que, pour décrocher l’or, il faut battre tout le monde. Et il a bien raison.”