Neuville avant de démarer la saison: "Je veux ce titre"
Le Belge repart à la conquête du sacre mondial.
- Publié le 24-01-2019 à 06h58
- Mis à jour le 24-01-2019 à 15h58
Le Belge repart à la conquête du sacre mondial. Hier soir, pour la première fois depuis quatre ans, Thierry Neuville s’est fait voler la vedette lors de la conférence de presse d’avant-course. Dans sa maison Hyundai, on s’agglutinait plutôt autour de son nouvel équipier, le nonuple champion Sébastien Loeb. Prenons-le positivement comme une belle manière d’évacuer la pression due à son rang et surtout aux enjeux : une première victoire sur une épreuve monégasque refusant de lui sourire, mais surtout un premier titre mondial lui passant sous les roues depuis deux ans.
Thierry, pourquoi le Monte-Carlo est LE rallye que tous les pilotes veulent gagner ?
"Car c’est le plus mythique, le plus ancien, le plus prestigieux, le plus populaire, peut-être aussi le plus compliqué."
Vous aimez cette course ?
"Au début, pas du tout. Mais je l’apprécie de plus en plus. Je ne savais pas comment appréhender ces routes, ces changements permanents d’adhérence, ces choix de pneus compliqués. Mais avec l’expérience, j’ai commencé à trouver le mode d’emploi et à prendre du plaisir. Il faut trouver le bon rythme, éviter les pièges, les erreurs."
C’est important de bien démarrer la saison ?
"Ce rallye n’est pas plus important qu’un autre. L’attribution des points est la même partout. Maintenant, quand vous visez le titre, oui c’est clair qu’il faut essayer de marquer des grosses unités dès la première course. Mais il n’est pas obligatoire de gagner ici pour décrocher la couronne."
Le favori ici, c’est toujours Seb Ogier ?
"C’est un des favoris. Avec les Toyota."
Qu’est ce qui a changé chez Hyundai depuis deux mois, hormis le patron ?
"Sur la voiture, très peu de choses. On a essayé bien sûr d’apporter quelques améliorations, notamment au niveau du train avant. On a de nouveaux amortisseurs. Pour le reste, le responsable du développement a changé et des évolutions arriveront en cours de saison."
L’an dernier, vous étiez sorti dans la première spéciale. Vous allez démarrer plus prudemment ?
" (Rire) Je vais partir sur mon rythme. C’est sûr que je vais essayer de ne plus tomber dans le premier piège ! Mais l’an dernier, vous savez, Ogier aussi est allé au fossé. Sauf que lui a été remis sur la route en 40 secondes, pas en quatre minutes."
Avoir un nonuple champion du monde comme équipier, cela vous met-il la pression ?
"Pas du tout. La seule pression que j’ai est celle d’essayer à nouveau d’être sacré. Je veux ce titre. Seb n’est là que pour six courses. Je le considère plutôt comme un allié. Pour la mise au point où il a déjà essayé mes réglages et confirmé ce que reprochait à l’auto. Mais aussi pour les points. Il est clair qu’il devra se sacrifier et me laisser passer si d’aventure il se retrouvait devant moi en fin de rallye. Il ne faut pas refaire les mêmes erreurs que par le passé."
Vous avez toujours été le leader de Hyundai. Cela va rester comme cela ?
"Je n’ai plus rien à prouver. Cela fait quatre ans que je suis le plus performant de l’équipe et je ne vois pas pourquoi cela changerait. Maintenant, il y aura bien une course ou l’autre où grâce à sa meilleure position de départ Seb se retrouvera devant moi."
Et ici sur le Monte-Carlo ?
"Ici, tout peut arriver. Vous pouvez faire la différence sur un choix de pneus ou une prise de risques. Loeb n’a rien à perdre. Contrairement à moi, qui joue le championnat."
Depuis deux ans, vous n’êtes pas champion. Vous y croyez encore à ce titre mondial ?
"Si je n’y croyais plus, autant que je reste à la maison. Je vais essayer d’être encore plus régulier même si je commettrai encore inévitablement quelques erreurs. Mais surtout, je compte être aidé par une Hyundai plus performante et encore plus fiable."
Un premier marathon nocturne ce jeudi
Comme le veut la tradition depuis quelques années déjà, le Monte-Carlo démarrera ce jeudi soir. Après un départ officiel depuis Gap pour éviter la longue liaison depuis Monaco, les concurrents auront deux spéciales à se mettre sous la dent à l’heure du souper et donc à la lueur des phares. Sauf gros retournement climatique, elles seront en grande partie sèches et donc sans véritable gros piège si ce n’est quelques plaques d’humidité pouvant se transformer en verglas à la tombée de la nuit avec des températures généralement sous zéro à cette heure. La première voiture, celle du champion en titre Sébastien Ogier, s’élancera de Gap à 18 h 50 pour deux nouveaux chronos, la Bréole-Selonnet (20,76 km à partir de 19 h 38) et Avançon-Notre Dame du Laus (20,59 km à 20 h 41).
Un premier marathon nocturne à l’issue duquel on aura déjà une bonne première hiérarchie, logiquement sans de trop gros écarts. Et, on espère, sans mauvaise surprise pour Thierry Neuville parti à la faute dès la première spéciale de l’année à deux reprises sur les cinq dernières éditions… Toute la planète WRC retient son souffle et est impatiente de connaître des premiers verdicts 2019.
Adamo: "Les titres ? J’ai mon idée..."
On ne lui a pas demandé de chanter "Tombe la neige". Pas sûr qu’Andrea Adamo, remplaçant de Michel Nandan à la tête de Hyundai Motorsport, aurait compris l’humour belge. "On m’a appelé avant Noël pour me proposer ce poste avec comme cadeau sous le sapin Sébastien Loeb. Je n’ai pas hésité longtemps", confie-t-il en français.
Ancien ingénieur, le nouveau boss de Thierry Neuville était responsable de la compétition client chez Hyundai depuis 2015. Après avoir développé la version R5, l’an dernier, il a ramené le titre mondial en WTCR avec Gabriele Tarquini et la i30 TCR. Sa mission est maintenant d’en faire de même en WRC. "J’arrive dans une équipe déjà gagnante, avec beaucoup de personnes compétentes. J’ai opéré quelques changements organisationnels. L’objectif de mon patron est clair : décrocher les deux titres. J’ai bien ma petite idée sur ce qu’il faut changer mais ce ne serait pas gentil de le dire. Mais je vous garantis que cela va bouger vite. Très vite. J’imposerai des consignes en faveur de Thierry s’il le faut. Mais nous n’en sommes pas là. Voyons étape par étape."
Un nouveau responsable du développement a déjà été désigné : "Je ne vous donnerai pas son nom aujourd’hui."
Certains, à l’instar du team-manager belge Alain Penasse, ont été invités à ne plus s’adresser aux médias : "Je parle pour tout le monde, comme cela les autres peuvent se concentrer sur leur travail..."