Tom Rensonnet rempile en Junior avec la Fiesta WRC3 : “Le RACB veut clairement que je sois champion, mais ce sera compliqué “
Le jeune Belge de 25 ans ne se bat pas avec les mêmes moyens que ses rivaux.
- Publié le 14-02-2024 à 17h07
- Mis à jour le 14-02-2024 à 17h21
L’air de rien, à 25 ans, Tom Rensonnet va débuter sa 5ème saison déjà sous les couleurs noir jaune rouge du Royal Automobile Club de Belgique. Un an après leurs débuts ici-même en Mondial, le Verviétois et son copilote Loïc Dumont entament en Suède leur deuxième année au sein du Championnat du Monde Junior aux commandes d’une Ford Fiesta Rally3 de chez M-Sport Poland.
Sixième du championnat l’an dernier, “à un point du quatrième” précise Tom, notre Junior a signé son meilleur résultat en Croatie où il a terminé 2e. Ici, il avait fini septième après avoir rencontré un souci dans l’ultime spéciale. Quels sont désormais les objectifs pour 2024 ?
Manque de roulage et de tests
”Le RACB qui nous aide beaucoup veut clairement qu’on soient champions pour gagner la saison en WRC2 en 2025, explique un Tom Rensonnet motivé, mais réaliste. Honnêtement ce sera très compliqué face à une concurrence nettement plus relevée puisque nous sommes passés de 8 à 19. Cela signifie que si l’on abandonne et repart en Rally2, on ne marque pas de points. Je devrai affronter le vice-champion de l’an dernier Diego Dominguez ou des gars comme Bruno Bulacia, Eamonn Kelly ou Romet Jurgenson qui possèdent beaucoup plus d’expérience que nous. Les types devant ont nettement plus de budget et disputent dix à quinze rallyes par an. Grâce à cela ils sont dans le rythme car pour aller vite en rallye il faut rouler beaucoup. Nous sommes les seuls par exemple au départ ici à ne pas avoir effectué une seule séance d’essai sur la neige. Du coup, si on signe un Top 5 ce sera déjà très très bien.”
"J'ai marché 24 km un thermomètre en mains pour aider Hyundai et Thierry Neuville à Monte-Carlo."
Indépendant, Tom gagne sa vie en multipliant des petits boulots autour de l’automobile. Il a débuté le coaching, travaille pour l’école de maîtrise du RACB et a participé au succès de Thierry Neuville à Monte-Carlo ! “Effectivement, on me voit sur la photo de famille au podium, sourit-il. Je travaillais au sein de l’équipe météo. On devait marcher en spéciale avec un thermomètre dans des zones stratégiques pour aider à faire les meilleurs choix de pneus et on prenait des photos qu’on envoyait encore à l’équipe après le passage des ouvreurs, une demi-heure avant le départ de la spéciale. Il n’y avait donc plus beaucoup de surprise pour eux. On était deux par spéciale à faire ce job. Un jour, j’ai marché jusqu’à 24 km ! J’étais crevé !”
23.000 euros de franchise
Ce n’est toutefois pas avec le cachet d’un mécano pour trois jours de boulot que Tom va pouvoir s’offrir des rallyes supplémentaires : “On essaie déjà de trouver les sponsors pour couvrir la franchise de 23.000 euros en cas d’accident ! Ensuite, on se bat pour trouver des budgets pour rouler plus. J’aimerais vraiment pouvoir tester une fois une Rally2. Pourquoi pas en fin d’année ?”
"Elfyn Evans nous a expliqué avoir galéré à ses débuts. En Rallye, c'est l'expérience qui fait la différence. Pourquoi Hyundai prend Mikkelsen qui a 35 ans et pas un jeune?"
S’il n’y a pas eu trop de casse… “Oui, voilà, comme tout le monde le sait l’argent est le nerf de la guerre en sport auto. Tout dépend du budget que tu amènes. La fédé m’a déjà bien aidé suite à ma victoire dans le Volant 2019. Maintenant, je devrais essayer de trouver un mécène comme Jourdan Serderidis qui a propulsé Greg Munster au top. L’important c’est de durer. On a eu l’occasion de rencontrer Elfyn Evans et il nous a raconté que durant cinq ou six ans il a galéré à rouler en championnat d’Angleterre avec des deux roues motrices. Avant que sa carrière prenne finalement son envol. Aujourd’hui on a tendance à vouloir tout trop vite. Les constructeurs investissent beaucoup d’argent et préfèrent miser sur des gars comme Andreas Mikkelsen qui a 35 ans plutôt que sur un jeune. J’ai eu une magnifique opportunité et je vais tout faire pour y arriver. Il suffit de rencontrer la bonne personne, d’un peu de chance. L’an dernier, on pensait que c’était presque fini pour Greg après un début d’année difficile et là aujourd’hui il roule en WRC1 chez M-Sport. Il faut toujours continuer à y croire. Et savourer la chance qu’on a d’être là car on ne sait pas de quoi demain sera fait. Car quand on a pu goûter au Mondial, il n’est pas facile d’aller regarder rouler les copains. Aujourd’hui, je ne pense pas trop à ce qu’il se passera fin de saison si je ne suis pas champion. Je vais plutôt tout tenter pour le devenir. Et si cela ne fonctionne pas, on discutera avec mon père et on verra si l’on continue à se battre ou pas. On a la passion et on dit généralement qu’elle soulève des montagnes.”
"Tout le monde sait que l'argent est le nerf de la guerre en sport auto. Pour progresser il faut rouler et rouler encore. Et pour cela, il faut dépenser beaucoup de sous."
Rien que pour sa franchise (pas celle à 23.000…) Tom Rensonnet mériterait d’y arriver. Il a montré de belles choses l’an dernier. A lui maintenant de démontrer qu’il vaut vraiment la peine qu’on mise sur son talent.