Le GP de Monaco, à la croisée du strass et du stress
Monaco ? Le GP à ne surtout pas rater !
- Publié le 26-05-2019 à 08h44
- Mis à jour le 26-05-2019 à 14h21
Monaco ? Le GP à ne surtout pas rater ! Si Francorchamps et Suzuka sont régulièrement cités comme les circuits préférés des pilotes de F1, le Grand Prix de Monaco reste toujours la course qu’ils rêvent tous de remporter.
Car, en termes de notoriété et de prestige, un succès en Principauté vaut presque une couronne de champion du monde. Car, durant l’ensemble d’un week-end rallongé (c’est la seule course où l’on roule déjà le jeudi), les yeux du monde entier sont tournés vers le plus petit État européen après le Vatican. Car, au même titre qu’Indianapolis ou Le Mans, Monaco appartient à l’histoire du sport automobile.
Et si les tracés modernes offrent confort et sécurité, les rues du tourniquet monégasque ont, elles, gardé une âme. Ici, chaque année, on perpétue la tradition, on entretient une légende, bien loin des strictes normes FIA faisant que toutes les pistes finissent par se ressembler.
Car, même avec ses nouveaux stands surplombés de loges et de terrasses, même avec une pitlane élargie, Monaco reste un GP complètement atypique. Le comble de l’anachronisme avec des monstres de technologie développant 900 chevaux, flirtant avec les 300 km/h dans des rues où la vitesse est normalement limitée à 50 km/h. Une course de folie pour de véritables fous du volant s’attaquant à l’un des challenges les plus excitants de la saison. Le Grand Prix du strass et du stress.
Un week-end où les meilleurs pilotes du monde sont plus sollicités que partout ailleurs par les VIP du sport, du cinéma, de la chanson, de la télévision ou de la politique se pavanant sur la pitlane comme les starlettes sur la croisette de Cannes, à 50 km de là.
Coincées entre luxueux yachts, d’où les milliardaires assistent, une coupe de champagne à la main, au GP sur écran géant, et coûteux appartements, sur les terrasses desquelles se massent des milliers de non-résidents payant très cher leur vue sur le port, entre rails et Rocher, entre GT bichonnées et poupées siliconées préférant l’huile solaire à celle de ricin, les stars souvent locales de ce paradis fiscal ont parfois l’impression de nager dans un aquarium.
"Rouler à Monaco, c’est comme faire du vélo dans son appartement." La comparaison imagée du triple champion Nelson Piquet, qui n’aimait pas le rendez-vous le plus mondain de la F 1 - il ne s’y est d’ailleurs jamais imposé -, est restée dans les mémoires.
"Il n’y a pas de place pour le plaisir ici tellement il faut être vigilant, concentré à 100 % en permanence car la moindre erreur se paie cash", racontait l’ex-double champion Fernando Alonso. "Même la ligne droite n’est pas droite. On ne peut pas se reposer une seconde."
"Le réglage idéal pour cette piste évoluant constamment au fil des jours n’existe pas. Il faut simplement trouver le meilleur compromis afin de pouvoir placer la voiture exactement où nous le souhaitons. Pour aller vite à Monaco, il faut une confiance aveugle en sa monoplace", estime le dernier vainqueur, Daniel Ricciardo, passé durant l’hiver de Red Bull à Renault. Sans succès pour l’instant.
L’Australien aura à cœur de faire briller le Losange ce week-end. Et de justifier son plantureux salaire. Mais celui qui avait copieusement arrosé Charlène l’an dernier (et la Princesse, qui donnera le départ des prochaines 24 H du Mans, semblait aimer cela) n’est pas le seul à revendiquer un top résultat dimanche, ou plutôt dès ce samedi, la grille influençant fortement le résultat du GP sur un carrousel où dépasser est devenu quasi aussi difficile que dans l’Eurotunnel.
Trois autres pilotes ont déjà été invités au gala du Prince, le dimanche soir à Monaco. Trois champions du monde : Kimi Raikkonen, en 2005, puis Lewis Hamilton, en 2008 et 2016, et Sebastian Vettel, également deux fois, en 2011 et 2017.
Les nouveaux candidats sont au moins aussi nombreux, avec Max Verstappen, qui a une belle revanche à prendre après son crash des essais libres l’an dernier, Valtteri Bottas, rêvant de reprendre la tête du Mondial en décrochant le jackpot au casino monégasque, et surtout Charles Leclerc, bien décidé à remporter son premier Grand Prix à domicile, pour le plus grand bonheur du couple princier.
Comme au Festival de Cannes, si la palme ne revient pas nécessairement au meilleur film, si le scénario est souvent ennuyant, les images d’un vainqueur porté aux nues feront néanmoins le tour de la planète. Les lauriers monégasques, la montée des marches de la loge princière, la poignée de main de S.A.S. le prince Albert de Monaco et le fait de voir la princesse Charlène boire à la bouteille gardent toujours une saveur particulière. Un souvenir pour la vie d’une course d’ambiance où le public est proche de bolides semblant plus rapides qu’ailleurs alors que c’est tout l’inverse.
L’Histoire s’écrit édition après édition sous les yeux ébahis de milliers de spectateurs abasourdis (même si l’on regrette toujours le hurlement des V8 résonnant dans la ville) pour qui le plus grand plaisir viendra sans doute lundi. Quand ils pourront dire : "Moi aussi, j’y étais…"