Hugo Cuypers, l'ancien espoir du Standard qui s'éclate en Ligue 2: "Mon année sans jouer m’a rendu plus fort"
Prêté par l’Olympiacos, Hugo Cuypers (22 ans) revit à l’AC Ajaccio, où il marque un but toutes les 51 minutes en Ligue 2 après une saison blanche. Preuve de la force mentale de l’ancien Standardman.
- Publié le 17-10-2019 à 08h10
- Mis à jour le 17-10-2019 à 08h11
Prêté par l’Olympiacos, Hugo Cuypers (22 ans) revit à l’AC Ajaccio, où il marque un but toutes les 51 minutes en Ligue 2 après une saison blanche. Preuve de la force mentale de l’ancien Standardman. Si vous n’avez plus entendu parler de Hugo Cuypers depuis plus d’un an, c’est normal.
Après une saison canon en D2 grecque, à Ergotelis (22 matchs, 28 buts en 2018-2018), l’ancien du Standard et de Seraing a dû patienter un an sans jouer (il a été mis de côté suite à un transfert avorté à l’AEK Athènes) avant de signer à l’Olympiacos, séduit par ses qualités, l’été dernier.
Prêté à Ajaccio fin août, pour se refaire une santé, l’attaquant de 22 ans n’a pas loupé ses débuts en Corse. Après ses quatre premiers matchs de Ligue 2, il a déjà planté quatre buts et possède un impressionnant ratio d’un but toutes les 51 minutes.
Entretien détonnant avec un joueur au parcours étonnant.
Hugo, on peut dire que votre adaptation à l’île de Beauté est réussie…
"Oui, j’aurais évidemment signé pour pareils débuts d’autant que lorsque je suis arrivé, il y avait déjà six journées de disputées en Ligue 2. J’ai eu la chance de m’intégrer rapidement dans un groupe homogène, où il n’y a pas de star et un excellent état d’esprit."
Ce prêt en Ligue 2, comment est-il venu sur la table ?
"Il était clair pour tout le monde que j’allais être prêté cette saison, sauf hécatombe dans le secteur offensif. Après mon année sans jouer, j’ai fait la préparation avec l’Olympiacos, ce qui m’a fait beaucoup de bien, et j’ai eu quelques touches en Grèce. Mais lorsque Ajaccio a reçu sa licence (tardivement) de la part de la DNCG, un prêt en Corse est apparu comme la solution la plus stable et la plus logique, vu les bonnes relations entre les deux clubs. Et même s’il y a beaucoup de joueurs prêtés dans notre effectif mais ça n’a pas empêché la mayonnaise de prendre rapidement. Je m’en rends compte : l’environnement est vraiment idéal."
La météo aussi…
"C’est sûr (sourire) . Nous sommes mi-octobre et il fait 27 degrés, je n’ai pas à me plaindre. Cela ne me change pas trop d’Héraklion, en Crète, et c’est un plaisir de jouer dans ces conditions. Mais je ne suis pas venu pour le soleil."
Vous aviez des possibilités de revenir en Belgique ?
"Non."
Cela vous a déçu ?
"Non, car je me suis mis à la place des clubs. Peut-on leur en vouloir de ne pas vouloir engager un joueur qui reste sur une saison blanche et dont les seules références sont des buts en D2 grecque ?"
Cela n’a pas empêché l’Olympiacos de vous faire signer.
"Je remercie le club pour cette preuve de confiance, dont j’espère pouvoir me montrer digne. L’Olympiacos me voulait depuis l’été 2018 mais Ergotelis a voulu me mettre à l’AEK Athènes. J’ai refusé et mon club m’a bloqué. Mais l’Olympiacos m’avait donné sa parole : les dirigeants étaient prêts à attendre durant un que je sois libre pour me faire signer. C’est tout à leur honneur. Ils ne m’ont pas lâché… et heureusement, sinon je ne sais pas ce que j’aurais fait. Dans les moments les plus compliqués, avant ma première année réussie à Ergotelis, j’envisageais même de reprendre des études. J’y ai pensé des milliers de fois. Finalement, deux ans plus tard, j’ai paraphé un contrat de quatre ans dans un grand club européen. Comme quoi, tout peut aller très, très vite."
C’est aussi une récompense après votre deuxième année de galère vécue à Ergotelis la saison passée. Comment la résumeriez-vous ?
"Comme une épreuve mentale que j’ai dû surmonter, avec l’aide de mon entourage, et qui m’a permis de grandir. Il y a toujours un facteur chance dans une carrière et le mien, c’était la parole de l’Olympiacos. J’avais cette carotte : au bout du tunnel, il y a la lumière sous la forme d’un contrat dans un grand club. Mais pendant un an, ça a été très compliqué, oui. Je m’entraînais mais je ne pouvais pas jouer. Dès que la séance devenait tactique pour préparer la rencontre du week-end, j’étais mis de côté, je courrais ou j’allais en salle de musculation. Dès que le calendrier le permettait, je revenais en Belgique où je travaillais avec Kevin Miny, le préparateur physique du Standard, et Damien Broothaers (l’ancien champion de Belgique du sprint) . Ensemble, on a effectué un travail titanesque. Cela m’a permis de perfectionner mes défauts physiques, de gagner en vitesse, en accélération, en explosivité… Et j’ai pris du plaisir à aller au bout de moi-même et à me voir progresser, ce qui a été un boost. Cela aurait été impossible dans d’autres circonstances. Donc même si j’ai perdu une année en termes d’expérience, j’ose dire que je suis plus fort qu’il y a un an."
Vous n’avez jamais regretté d’avoir signé à Ergotelis ?
"Non. Après mon prêt à Seraing, je n’avais que de touches en D1 Amateurs. Le projet de Lommel était alléchant mais j’avais déjà connu ce championnat alors qu’à Ergotelis, je pouvais découvrir la vie en tant que professionnel, à l’étranger même si c’était seul. Et c’était un bon choix puisque j’ai marqué 22 buts en 28 matchs de championnat (avant d’être élu meilleur joueur étranger de D2 grecque) . Et cela m’a offert plus de visibilité que j’aurais pu en avoir avec les mêmes statistiques en D1 amateurs. Mon aventure là-bas m’a permis d’être sur le radar de l’Olympiacos, ce qui ne m’avait jamais traversé l’esprit. Donc même si la fin fut compliquée, je n’ai aucun regret."
On sent du recul et de la maturité dans vos propos.
"J’ai eu la chance d’avoir un entourage assez unique. Il y a mes parents, ma sœur, mes amis, ma compagne, mes agents, mes préparateurs physiques devenus des amis à qui je dois énormément. Mais aussi Laurent Moor, mon coach mental, même si ce n’est pas un terme que j’aime utiliser. Je le considère plus comme un ami avec qui j’ai pris du plaisir à discuter, car je n’ai jamais eu l’impression d’être en séance ou quoi que ce soit. Mais il a été capable de me rassurer et me remotiver durant les périodes compliquées en parvenant à me faire trouver, par moi-même, les réponses aux questions que je me posais. Cela m’a aidé à me construire."
Après tout ce cheminement, on n’ose imaginer votre sentiment au moment où vous marquez votre doublé face au Mans, offrant la victoire à Ajaccio lors de votre deuxième montée au jeu, le 20 septembre dernier.
"C’était assez incroyable, en effet. J’ai eu un énorme sentiment de soulagement et en même temps, je me suis senti privilégié d’être sur le terrain. Car le simple fait de rejouer me comble. Mais marquer est évidemment un fameux bonus. Cela m’a fait plaisir de voir que j’avais toujours la capacité de terminer une action, même après tout ce temps. Je me suis dit intérieurement : ‘Ça va, c’est toujours là’ (sourire) ."
Vous vous êtes fixé un objectif de buts cette saison ?
"Oui… mais je le garde pour moi. À Ergotelis, je l’avais largement dépassé, j’espère que ce sera une nouvelle fois le cas mais ma réussite passe forcément par celle de l’équipe et pas inversément. Mon objectif premier, c’est de ne pas me blesser et d’enchaîner le plus de matchs possible. C’est comme ça que l’expérience, les repères et les buts viendront."
Avant un retour à l’Olympiacos pour s’y imposer ?
"C’est le but, oui. Car même si je suis heureux d’avoir signé un contrat de quatre ans dans ce grand club, mon parcours est encore loin d’être abouti. Je n’ai fait qu’une saison et quatre matchs depuis que j’ai quitté le Standard, c’est très peu. L’Olympiacos, c’est mon ambition. Quand je jouais à Ergotelis, il nous arrivait de passer devant le stade pour aller affronter un adversaire à Athènes. C’est un stade qui donne la chair de poule. J’ai eu la chance de goûter à son ambiance, même si j’étais en tribune, lors des tours préliminaires de Ligue des champions. En fouler la pelouse serait magique."
Plus magique que fouler celle de Sclessin ?
"Honnêtement, oui. Car mon objectif à moyen terme et ma priorité, c’est l’Olympiacos."
La question d’un retour au Standard, elle, ne s’est jamais posée ?
"Non. Mais il est évident que si un jour, plusieurs clubs me veulent dont le Standard, le club liégeois aura un avantage, je ne vais pas le cacher. Mais je mentirais en disant que quitter le Standard pour la Grèce n’a pas été une bonne décision. À l’Académie, tout est luxueux, c’est un cocon, il y a beaucoup de personnes pour nous épauler mais mes années là-bas ont également été source de frustration, même si j’ai joué dix minutes en PO2 en 2016. Sur le moment, en tout cas, c’était frustrant et je ne comprenais pas pourquoi certains joueurs passaient devant moi. J’ai eu des regrets, c’est vrai. Mais avec le recul, je me rends compte que je n’étais pas prêt, ni physiquement ni mentalement pour être intégré au noyau professionnel. C’est pourquoi je n’ai, à l’heure actuelle, aucun sentiment de revanche ou d’amertume vis-à-vis du Standard, qui, vu que je suis liégeois, me fait toujours rêver, même si j’y connais de moins en moins de monde."