Voici comment le Standard prépare le terrain pour son prochain mercato
Sans manne financière, le Standard ne pourra pas se tromper dans ses transferts, l’été prochain. La cellule de recrutement s’affaire depuis des semaines. Explications.
- Publié le 27-04-2024 à 07h18
Il se sait attendu au tournant, avec plus d’épines que de roses. Plus de scepticisme que d’optimisme. Fergal Harkin, le directeur sportif du Standard, ne veut et ne peut pas revivre une saison cataclysmique comme celle qui s’achève doucement dans l’anonymat d’Europe Playoffs qui ne collent ni à l’identité ni à l’histoire du club.
Son travail ne consistera pas simplement à ajuster l’effectif, mais à le reconstruire dans les grandes largeurs. Car entre les fins de contrat, les prêts non prolongés et les transferts devant faire rentrer de l’argent, les départs seront nombreux. Vraisemblablement une dizaine.
On ne doit pas spécialement vendre avant d'acheter.
Le hic, c’est que le Standard devra se renforcer sans argent, ou très peu, tout en continuant à miser sur son centre de formation. “On ne doit pas spécialement vendre avant d’acheter. On peut aller chercher des joueurs gratuits, disait Fergal Harkin dans nos colonnes, le 29 mars. Aiden O’Neill est un bon exemple. Il répond aux attentes. Un joueur n’est pas nécessairement en fin de contrat parce qu’il est moins bon. C’est parfois pour des raisons contractuelles, parce qu’il n’a pas su trouver un accord avec son ancien club.”
L’Irlandais, que certains disent fatigué, voire inquiet par la situation du club, recherche deux défenseurs centraux dont un gaucher, deux milieux de terrain et un attaquant. Au moins. Ivan Leko aimerait y ajouter un ailier. Voire un gardien - Bodart étant sur le départ - pour épauler le novice mais prometteur Epolo (19 ans), tandis que Henkinet (31 ans) est en revalidation. En tout cas, il veut davantage d’expérience et de puissance athlétique dans son effectif.
Un bureau à Liège, des yeux partout
Pour viser juste, Fergal Harkin doit être inventif. Il utilise donc plusieurs leviers. À commencer par la cellule de recrutement propre au club. On s’y est intéressé malgré son souhait de discrétion absolue.
Visionnages, repérages, comparaisons, prises de renseignements : le travail ne manque pas en ces semaines préparatoires. Car un mercato s’anticipe. S’ajuste. Tant pour l’équipe première que les jeunes.
Basée à proximité du bloc pro, dans les bureaux du SL16 Football Campus, elle est dirigée par Laurent D’Affnay, ex-analyste vidéo. Il est notamment épaulé par le coordinateur du scouting, Alexandre Lousberg, diplômé en droit et ancien conseiller juridique du club.
La règle veut qu’un joueur soit observé par différents scouts pour varier et enrichir les rapports.
Combien de membres la composent ? Une demi-douzaine, nous glisse-t-on. Un chiffre qui reste périlleux à arrêter précisément dans la mesure où, aux contractuels s’ajoute une série de scouts externes qui collaborent pour des missions spécifiques.
Pour les jeunes, le club dispose également de ce que l’on pourrait appeler vulgairement des “rabatteurs”. Présents autour des terrains belges chaque week-end, ils servent à repérer et à alerter la cellule.
Pour l’équipe première, les missions sont réparties par régions, en Europe et dans le monde. Pour chaque poste, une liste de profils est établie. Elle peut atteindre une dizaine, voire une quinzaine de noms, selon certains critères (âge, durée de contrat, valeur, expérience, pied fort…) et l’urgence du recrutement.
Au fil des semaines, les dossiers sont creusés par ordre de priorité et, surtout, dans le cas du Standard, de faisabilité financière.
À noter qu’une règle dans le milieu veut qu’un joueur soit observé par des membres différents de la cellule, pour multiplier, varier et enrichir les rapports. Ceux-ci sont-ils systématiquement suivis par la direction ? C’est une autre question…
Un membre de l’encadrement sportif a assisté d’un œil attentif à AZ Alkmaar - Waalwijk, le 13 avril.
Ces dernières semaines, le Standard a notamment envoyé des recruteurs en Afrique. Le Nigeria, le Ghana et le Congo ont été ciblés, essentiellement pour des jeunes joueurs, a priori pas directement pour l’équipe première. Un membre de l’encadrement sportif a également assisté d’un œil attentif à AZ Alkmaar - Waalwijk, le 13 avril. L’observation sur place reste la plus précieuse, dans la mesure du possible.
Centralisation et réseautage
Au-delà de ces précieuses paires d’yeux qui sillonnent le globe à la recherche de jeunes pépites ou de transferts potentiels, Fergal Harkin s’appuie sur le réseau de 777 Football Group, la branche football de 777 Partners.
Les différents clubs de la galaxie (Hertha Berlin, Genoa, Vasco de Gama, Red Star) centralisent en effet les données et les rapports de tous ses scouts dans un but de mutualisation. “Nous avons fortement mis l’accent sur le scouting et l’analyse des données, avait confié Johannes Spors, le “Global Sports Director” du groupe au média allemand Kicker, qui n’hésite pas lui-même à proposer des noms. Tous les recruteurs en chef et les directeurs sportifs se réunissent régulièrement.”
Avec une entraide interclubs dès lors que cela peut servir aux différentes parties. Cette saison, Wilfried Kanga, Kelvin Yeboah et Seydou Fini, trois joueurs de clubs appartenant à 777 Partners, évoluent au Standard, avec l’objectif d’aider sportivement le RSCL tout en espérant une mise en lumière… et une augmentation de leur valeur marchande.
Cette opération gagnant-gagnant devrait se répéter dans les prochaines semaines. Le milieu de terrain Zé Gabriel (25 ans), sous contrat à Vasco de Gama, est suivi depuis des mois. Vu les échéances importantes l’hiver dernier, le club brésilien avait refusé de le laisser partir en janvier, mais pourrait céder cet été.
Un entraîneur impliqué
Enfin, il reste la solution du réseautage et les propositions internes. “Le coach est impliqué. Aucun joueur ne vient sans qu’il ne soit mis au courant”, nous affirmait Harkin fin mars.
On sait que Leko participe au ciblage des renforts pour la saison prochaine. L’entraîneur a présenté plusieurs profils, dernièrement. “Leko peut venir avec une demande, j’y regarde, j’évalue et on voit si on peut trouver une solution ou non.”
En janvier, le Croate avait glissé le nom de Simen Juklerod qu’il avait côtoyé à l’Antwerp en 2020, mais la direction avait finalement opté pour Souleyman Doumbia – libre et donc gratuit – pour renforcer le côté gauche de sa défense. Quant à la piste du défenseur japonais Hayato Araki (Sanfrecce Hiroshima), étudiée ces derniers mois, elle émane de l’agence de management qui gère Hayao Kawabe.
Vu la situation du Standard, tous les bons filons sont les bienvenus.