Espinoza: "Je veux devenir président de la fédération"
Aragon Espinoza, l’ancien fantasque portier du Standard, était de passage en Belgique pour nous parler de sa nouvelle vie de… président de club en Équateur !
- Publié le 11-04-2019 à 06h37
- Mis à jour le 11-04-2019 à 09h32
Aragon Espinoza, l’ancien fantasque portier du Standard, était de passage en Belgique pour nous parler de sa nouvelle vie de… président de club en Équateur ! Dix ans après avoir quitté notre championnat et le Standard avec un deuxième titre en poche, nous avons retrouvé Aragon Espinoza (36 ans), dit Papi, de passage à Liège pour quelques jours. L’occasion de le ramener là où tout a commencé pour lui, à Sclessin. "C’est un sentiment magnifique. Que de souvenirs", précise-t-il tout en déambulant dans les bureaux de Sclessin. Soudain, il s’arrête devant un mur décoré des photos des équipes championnes. "Eh, tu as vu, je suis là hein. C’est un honneur de figurer parmi tous ces grands joueurs", ajoute-t-il dans un français impeccable qu’il entretient encore en Équateur. "Il m’arrive de regarder des films en français (rires)."
S’il est de passage en Belgique, c’est avant tout pour entretenir ses réseaux dans le cadre de sa nouvelle vie de... président de club !
Aragon Espinoza, que devenez-vous ?
"La saison dernière, j’ai joué dans le club de ma ville, Esmeraldas, qui s’appelle Brasilia en seconde division. Durant la saison, je n’ai eu qu’une obsession : changer la mentalité des joueurs. En Équateur, la mentalité n’est pas toujours bonne. Durant ma carrière, j’ai appris pas mal de choses à travers mes nombreuses expériences et je voulais les transmettre à la nouvelle génération. Il y avait, dans cette équipe, de bons petits joueurs mais, une fois l’entraînement terminé, l’hygiène de vie n’était plus bonne, cela manquait de professionnalisme."
C’est pourquoi vous avez décidé d’acheter le club ?
"Oui (rires). J’ai parlé avec le président qui m’a dit qu’il était vraiment fatigué et qu’il ne pouvait pas continuer. Il m’a alors demandé, avec mes contacts, si je ne connaissais pas des gens intéressés par la reprise du club. Je lui ai dit : ‘c’est combien’, et j’ai acheté le club. J’ai une équipe de 25 joueurs avec une belle académie de jeunes. Pour ce qui est du stade, c’est celui de la ville qui compte 20 000 places, c’est pas mal."
Du coup, quelles sont vos ambitions ?
"J’ai discuté avec les joueurs pour leur dire qu’on allait travaille différemment la saison prochaine. Je leur ai dit qu’on allait changer les méthodes. Monter en première division ? Non. Je ne veux pas brûler les étapes. Piano piano…"
Il paraît que vous avez un jeune prometteur dans votre noyau.
"Mon back gauche, Jeyfran Nazareno, il est plus rapide que l’emblématique Antonio Valencia. Ce petit a 21 ans et j’ai déjà des clubs paraguayens mais aussi argentins dont River Plate qui sont venus aux renseignements. Je leur ai répondu : ‘je viens juste de racheter le club, laissez-le grandir tranquillement ici.’"
Vous avez loupé votre premier match en tant que président.
"On jouait notre premier match samedi (lisez samedi dernier) et je suis ici, en Belgique (rires). J’avais des rendez-vous avec des personnes importantes en Italie afin de voir si des collaborations sont envisageables."
C’est une vie de président, on doit donc vous appeler président Espinoza.
"Eh oui (rires), c’est vrai mais je ne suis qu’au début de ma carrière. C’est ce que vous avez toujours voulu faire ? Certains joueurs veulent devenir coach ou encore agent, moi, j’ai visé plus haut, direct ! Même quand j’étais au Standard, j’y pensais déjà. En Équateur, ce n’est pas trop difficile d’acheter un club. Avec 100 000 dollars, tu peux obtenir un club, si tu rajoutes 100 000 dollars, tu peux avoir un bon stade. Moi, j’ai remporté deux titres au Standard, ce qui m’a permis de mettre de l’argent de côté dans l’optique, après ma carrière, d’acheter un club. Il y a quelques années, j’ai également investi dans l’immobilier en Équateur, en Colombie et à Puerto Rico. Cela fonctionne bien, donc si cela ne marche pas bien au club, j’aurai de quoi le relancer."
Vous êtes un vrai businessman.
"C’est vrai, je ne peux pas rester en place. Je passe ma vie dans les avions si bien que mes deux fils ont demandé à ce que je me calme un peu (rires)."
Comme vous débutez dans le métier, vers qui vous tournez-vous pour obtenir des conseils ?
"J’en ai déjà reçu de la part de Massimo Moratti, le président de l’Inter Milan. C’est plus que précieux pour moi. Ce qu’il m’a dit ? Je ne le répéterai pas (rires). Je vais évidemment essayer de joindre Lucien D’Onofrio car Lucien, c’est le top, hein."
Cela vous étonne qu’il soit revenu en Belgique à l’Antwerp ?
"Oui, mais je sais qu’il va réussir de grandes choses à Anvers. Ils sont déjà en PO1 mais c’est un apprentissage pour le club. Lucien, lui, connaît la formule et la musique. Je sais qu’il va calmement poser ses fondations pour, dans deux ans, remporter le championnat."
Vous pourriez éventuellement collaborer avec lui pour placer vos joueurs en Belgique ?
"Pourquoi pas. Que ce soit à l’Antwerp, au Standard ou ailleurs, ce serait bien d’avoir une porte d’entrée en Europe pour les joueurs de mon club."
Vous avez 36 ans, vous êtes un tout jeune président mais vous avez déjà un autre objectif en tête ?
"Je veux aller chercher la place de président de la fédération équatorienne de football. Comme je l’ai dit, je veux changer la mentalité au pays. Retiens bien ceci, aujourd’hui, cinq avril (date à laquelle il nous a accordé cet entretien), je te dis que j’officierai un jour à ce poste pour que l’Équateur devienne un grand pays de football."