Thomas Chatelle: "Le Standard a besoin d’Emond"
Son absence pour blessure à Genk l’a prouvé : sans leur buteur de 27 ans, les Rouches n’ont pas le même visage.
- Publié le 15-02-2019 à 13h59
- Mis à jour le 15-02-2019 à 14h00
Son absence pour blessure à Genk l’a prouvé : sans leur buteur de 27 ans, les Rouches n’ont pas le même visage. Michel Preud’homme en est le premier satisfait : Renaud Emond est de retour.
Touché aux ischios et laissé au repos lors du déplacement à Genk, l’attaquant gaumais a manqué sur la pelouse de la Luminus Arena. Si tout n’était pas à jeter dans le chef de ses équipiers ("Nous avons réussi à nous créer quelques situations intéressantes mais on n’a pas fait les bons choix", expliquait MPH en conférence de presse ce jeudi), l’absence d’un numéro 9 de métier s’est fait ressentir face au leader de la Pro League. "Les profils de Djenepo et Carcela sont axés sur la profondeur alors qu’avec un attaquant normal on joue plus dans les pieds", résumait Razvan Marin au moment de commenter l’absence d’Emond à Genk. Qui fait désormais partie du passé. Puisque le buteur de 27 ans est à nouveau fit pour la venue de Lokeren ce vendredi.
"C’est une bonne nouvelle pour le Standard car Emond a pris de l’importance dans le jeu des Rouches" , indique Thomas Chatelle, consultant pour Proximus 11, en observateur attentif de la Pro League. "Principalement pour deux raisons. D’abord, c’est un garçon qui marque facilement. Même quand il n’est pas dans son match, car il a un mental de feu. Et puis, c’est le premier défenseur du Standard. ll est très utile en perte de balle. Il n’y a pas d’autre attaquant en Belgique qui embête autant que lui les défenseurs adverses par son pressing négatif. Donc pour ces raisons, c’est clair, le Standard a besoin de lui."
Car son profil est précieux collectivement. "Ce n’est pas un numéro 9 hyper présent en possession du ballon, qui peut servir de point d’ancrage pour faire remonter le bloc ou qui a d’incroyables qualités techniques. On ne le verra jamais se créer une occasion tout seul. Mais il est capable de jouer comme attaquant axial, comme deuxième attaquant voire même dans le couloir, comme cela a été le cas à quelques reprises cette saison. Physiquement, il est impressionnant (NdlR : il dépasse régulièrement la barre des 12 kilomètres parcourus par match, dont près d’un quart à haute intensité, plus de 15 km/h) car il fait des courses que d’autres ne sont pas capables de faire. Tout en parvenant à rester frais et lucide devant le but, même si cette débauche d’énergie lui a parfois fait manquer certaines occasions qui pouvaient paraître simples. Mais c’est son jeu."
Qui lui a permis de trouver grâce aux yeux de Michel Preud’homme. "En début de saison, le coach liégeois avait insisté pour avoir deux autres attaquants et Renaud Emond ne possédait peut-être pas le profil dont Preud’homme est le plus fervent."
Mais comme ce fut le cas à Virton ou à Waasland-Beveren dans le passé, le Gaumais est parvenu à outrepasser la concurrence. "Grâce à son mental d’acier et à ses buts qui sont restés gravés dans les esprits, comme face à Bruges, Krasnodar ou Zulte Waregem" , conclut Chatelle. "C’est un vrai attaquant de rectangle. Il se retrouve souvent au bon endroit au bon moment et fait preuve de sang-froid. On l’a par exemple vu inscrire des penaltys importants. Même quand il est moins bien dans le match, il ne doute jamais."
Et il serait bien inspiré de le démontrer à nouveau ce vendredi, face à Lokeren. Histoire de prouver aux derniers sceptiques que le Standard peut difficilement se passer de lui.
Son duo avec Oularé était prometteur”
Depuis qu’il est titulaire au Standard, soit il y a un peu plus d’un an (le 20 janvier 2018 exactement), Renaud Emond a principalement évolué seul à la pointe de l’attaque liégeoise, dans un 4-2-3-1.
Ces derniers mois, Michel Preud’homme a tenté de l’associer à Orlando Sa dans un 4-4-2 (sans grand succès, face à Eupen, même si le Gaumais avait marqué) et à Obbi Oularé dans un 3-5-2 (à Saint-Trond, en décembre).
Même si elle fut de courte durée, cette dernière association avait laissé entrevoir quelques belles promesses.
“Oularé était le point d’ancrage et Renaud tournait autour”, explique Thomas Chatelle. “Cela avait plutôt bien fonctionné. Ce rôle d’attaquant libre qui va dans les espaces lui va bien. Et je suis d’ailleurs persuadé qu’il préfère jouer de la sorte. Mais cela implique de sacrifier un autre élément offensif. C’est un choix à faire.”
Son impact chiffré: le talisman des Rouches
L’impact de Renaud Emond au Standard peut se mesurer dans les chiffres. Les statistiques prouvent que les Rouches ont développé une forme de dépendance à leur buteur. Lorsqu’il est titulaire, les Liégeois engrangent 59 % des points (13 victoires, 7 partages, 6 défaites). Alors que lorsqu’il ne débute pas la rencontre, ce ratio diminue de moitié et n’atteint pas les 30 % (2 victoires, 2 partages, 5 défaites). Une tendance qui s’était déjà vérifiée sous Sa Pinto puisque l’an dernier, les chiffres étaient tout aussi criants (70 % des points pris lorsque Renaud Emond était titularisé contre 43 % lorsque le buteur ne débutait pas). Depuis qu’il est devenu un titulaire indiscutable, en janvier 2018, Renaud Emond, qui a inscrit 26 buts, est devenu une sorte de talisman pour le Standard, qui est en passe de se qualifier pour les PO1 pour la deuxième saison de rang. Appelez-le monsieur top 6…
Sa confiance: “Soulagé par sa prolongation”
Ceux qui le connaissent vous le diront : Renaud Emond est un garçon qui fonctionne à l’affectif. “Il a toujours marché à la confiance”, confie Philippe Emond, son papa. C’est pourquoi la prolongation de son contrat, jusqu’en 2021 (+1 année avec option), ainsi que l’augmentation salariale qui va avec, est un moment important pour l’attaquant, qui attendait cela depuis plusieurs mois. “Renaud est soulagé par cette prolongation de contrat”, continue son papa. “Recevoir ce geste de la part de la direction du club lui laisse penser qu’il compte dans le projet, ce qui n’a pas toujours été le cas par le passé. Mais lui et le club regardent désormais vers l’avant. Le Standard, Renaud l’a dans les tripes. Quand il y a signé, c’est parce qu’il avait la sensation qu’il pouvait réaliser quelque chose avec ce club.” Et aujourd’hui, cette sensation semble être encore plus forte dans le chef du buteur gaumais.
Sa blessure: “Les ischios qui sifflaient”
Si Emond n’a pas fait le déplacement à Genk, la semaine dernière, c’est parce qu’il “avait les ischios qui sifflaient, comme il dit”, sourit son papa. Après un stage très intense physiquement et une reprise de championnat qui s’est faite à 2000 à l’heure, l’attaquant a ressenti quelques douleurs, d’abord à l’Antwerp (où il n’a pas été remplacé, faute de solutions) puis contre Anderlecht (il est sorti à un quart d’heure du terme). Sur avis des médecins, qui estimaient qu’un risque d’aggravation existait, il a donc été mis au repos vendredi dernier. “On n’a voulu prendre aucun risque car on ne voulait pas le perdre pour plusieurs semaines”, indiquait MPH, bien conscient qu’une blessure de son numéro 9, combinée à celles de Sa et Oularé (et Djenepo), est l’une des pires choses qui pourraient arriver au Standard en ce moment.