Christian Luyindama: "Si le Real vient ? Je reste au Standard"
Christian Luyindama a changé cette saison. Il n’est plus seulement un défenseur costaud. Et ça lui plaît. "Le staff me donne beaucoup de confiance."
- Publié le 11-01-2019 à 06h38
- Mis à jour le 11-01-2019 à 08h19
Christian Luyindama a changé cette saison. Il n’est plus seulement un défenseur costaud. Et ça lui plaît. "Le staff me donne beaucoup de confiance."
S’il fallait une preuve que le Standard travaille dur durant ce stage hivernal à Marbella, ce serait celle-là : Christian Luyindama est fatigué. "Je peux vous dire que la nuit, je dors bien", sourit-il malgré son imposante musculature. "On court beaucoup, ce n’est pas facile. Je ne me souviens pas de la dernière fois que j’ai couru autant en une semaine. Mais bon, on est obligé de bien travailler si on veut être performant jusqu’à la fin du championnat."
Et votre première partie de championnat, Christian, vous la jugez comment ?
"Je sens que je progresse beaucoup avec le nouveau coach. Ce n’est pas du tout la même chose qu’avec Sa Pinto où j’étais, là, costaud. Maintenant, avec Preud’homme et Emilio (Ferrera) , on parle tout le temps. Ils me donnent des conseils. Cela me fait du bien, vraiment. Par rapport à l’an dernier, c’est clair, j’ai beaucoup évolué."
Dans quel(s) domaine(s) ?
"Techniquement, à la relance, dans la maîtrise du ballon, le placement. Tout."
Cela a été compliqué, au début, d’assimiler les séances tactiques d’Emilio Ferrera ?
"Au début, je le trouvais ennuyant. C’était ‘ Christian ci, Christian ça’ . Mais j’ai compris qu’il faisait ça pour m’aider. Et je vois le résultat sur le terrain. Cela m’aide."
Vous aviez déjà été confronté à un tel niveau d’exigence ?
"Non, c’est la première fois que je vois ça. Au TP Mazembe, qui est un grand club d’Afrique, il y avait pas mal de coachs. On travaillait le positionnement, etc. Mais pas comme ici. Il y a une grosse différence… Tout est plus organisé. Quand la balle est sur la gauche, je sais où je dois exactement être positionné, quand descendre, quand m’aligner. Tout est une question d’équilibre."
Donc le monstre que vous étiez a changé ?
" (il sourit) Je suis toujours un monstre… mais avec l’intelligence en plus. Avant, j’avais déjà la technique, quand je jouais milieu défensif ou attaquant. Mais en tant que défenseur central, je n’avais pas encore travaillé autant. Donc je continue à monter, petit à petit."
En apprenant de vos erreurs ? Il y en a eu une ou deux lors de la première partie de saison.
"C’est normal, je crois. Dans le foot, il y a des hauts et des bas. Parfois, tu es au top, parfois, tu l’es moins. Il faut être capable de se juger soi-même en se disant : ‘ OK, j’ai fait une erreur. Mais le match est terminé, cela fait partie du passé. Et dans le futur, ça n’arrivera plus.’ Moi, une erreur, ça me rend plus fort. Même à l’entraînement."
Vous avez explosé la saison dernière. On dit toujours que la deuxième saison, celle de la confirmation, est plus compliquée.
"Quand tu as la confiance, tu te relâches un petit peu. Mais il faut continuer à travailler."
Offensivement aussi, on vous voit progresser.
"Quand il y a de l’espace dans le camp adverse, j’ai comme consigne de monter balle au pied pour m’infiltrer et créer le danger. J’aime ça. J’amène de la créativité, j’aide les attaquants. Mais s’il n’y a pas d’espace, je sais que je dois rester en défense."
Où vos qualités physiques sont toujours aussi impressionnantes.
"C’est naturel chez moi. Je suis né comme ça. Je ne fais quasiment jamais de musculation. Un peu, quoi. Pas comme Renaud Emond, qui la bosse tous les jours. Mais au duel, je le bats quand même (sourire) . Moi, je préfère gagner un gros duel contre Wesley que marquer un but. Pour ça, je sais qu’il y a Carcela et les autres. Si j’en ai l’occasion, je peux marquer. Mais mon job est avant tout défensif."
Vous avez aussi un rôle de leader important.
"Le boss, hein. J’ai beaucoup de rôles. Le coach me donne beaucoup de confiance. J’essaie de beaucoup parler. Mais il n’y a pas que moi, il y a Polo, Poco, etc."
Partir dans les semaines à venir, cela vous a traversé l’esprit ?
"Non, ça ne m’intéresse pas."
Même si le Real Madrid vient vous chercher ?
"Moi, dans ma tête, je ne veux pas de transfert. Je préfère rester ici, jouer les PO1. Puis on verra après. Ce n’est jamais bon de partir en milieu de saison. Mes objectifs sont clairs : se qualifier pour les PO1 puis éventuellement penser au titre, si tout se passe bien."
"Meilleur joueur du Congo ? normal..."
Le défenseur du Standard espère se qualifier pour la Can qui aura lieu en juillet.
L’année 2019 de Christian Luyindama aurait difficilement pu mieux débuter. Mardi dernier, il a fêté ses 25 ans entouré de ses équipiers. Et dimanche passé, il était devenu le troisième joueur du Standard à être élu meilleur joueur dans son pays, après Razvan Marin (Roumanie) et Moussa Djenepo (Mali).
"Être élu meilleur joueur du Congo représente beaucoup pour moi", explique-t-il. "C’est la preuve que j’ai beaucoup travaillé en 2018. On a terminé deuxième du championnat. On a gagné la Coupe et je me suis également bien classé au Soulier d’ébène (3e). Dans ces classements individuels, à côté de moi, il y avait du lourd. Donc quelque part, j’étais surpris. Mais quand je vois comme j’ai bossé, je me dis que c’est normal."
Mais ça le rend tout de même extrêmement fier. "Pour ma famille, pour mes proches, c’est une grande fierté. Je recevrai sans doute le trophée en mars prochain." Au moment de retrouver la sélection nationale pour une rencontre très importante, le 22 mars prochain, face au Libéria. La victoire sera obligatoire si la République démocratique du Congo veut se qualifier pour la Coupe d’Afrique des nations qui aura lieu en Égypte (et non au Cameroun) entre le 15 juin et le 13 juillet 2019.
"On doit gagner, on n’a pas le choix", précise Luyindama. "Jouer la Can n’est pas forcément un rêve depuis que je suis petit mais ce serait un moment important dans ma carrière. La gagner, par contre, ça, c’est un rêve. Mais la jouer, c’est normal."
Encore plus lorsqu’on vient d’être élu meilleur joueur de son pays.
Son épouse va vivre avec lui : "Un nouveau monstre grâce à la présence de ma femme à mes côtés"
Depuis qu’il est arrivé en Belgique, en janvier 2017, Christian Luyindama vit seul, à Liège. "Des problèmes politiques et administratifs ont empêché mon épouse de venir me rejoindre durant deux ans. J’ai passé des moments difficiles parce qu’elle n’était pas avec moi. Je rentrais de l’entraînement, j’étais seul, il n’y avait rien à manger. J’allais tout le temps à la Médiacité, je mangeais du cake, je buvais du coca et du fanta." Désormais, cette période est derrière lui. "Depuis quelques jours, ma femme est en Belgique. Je suis directement venu en stage et elle, elle est à Liège. Elle va maintenant vivre avec moi, chaque jour, à mes côtés. C’est un soulagement, car elle m’a beaucoup manqué. J’étais un homme affecté. Grâce à sa présence, vous allez voir le nouveau monstre."
La défense centrale : "Même quand le boss n’est pas là, les autres peuvent me remplacer"
Christian Luyindama, Zinho Vanheusden, Kostas Laifis, Milos Kosanovic. Sur papier, le Standard possède quatre défenseurs centraux qui pourraient être titulaires dans n’importe quel club de Belgique. "On est tous des bons joueurs, d’un niveau assez comparable", admet le défenseur congolais, qui vient de fêter ses 25 ans. "Il y a une vraie cohésion entre nous. Même quand le boss n’est pas là, les autres peuvent me remplacer." Ce qui a un effet positif sur chacun d’entre eux. "Moi, ça me fait du bien et ça me motive encore plus. Cela nous incite à travailler davantage parce que si je déconne ou que je prends les choses à la légère, on me remplace. Et ça, ça me booste au quotidien." Il suffit d’assister à un entraînement pour s’en rendre compte...