En une saison au Standard, Ricardo Sa Pinto a tenu toutes ses promesses
En 11 mois, le coach lusitanien a rempli sa mission qui s’annonçait plus que périlleuse.
- Publié le 19-05-2018 à 15h29
- Mis à jour le 19-05-2018 à 20h57
En 11 mois, le coach lusitanien a rempli sa mission qui s’annonçait plus que périlleuse. Truculent, attachant, déroutant pour certains, irritant, exubérant, excessif pour d’autres, Ricardo Sa Pinto n’a laissé personne indifférent depuis son arrivée dans notre championnat.
Ce dimanche à Charleroi, sur le coup de 19 h 45, le coach portugais va prendre congé (définitivement ?) de ses supporters. Perfectionniste, Sa Pinto aura à cœur de terminer en apothéose en offrant à ses dirigeants ce à quoi ils n’auraient jamais osé rêver en mars dernier : une qualification pour les préliminaires de la Ligue des Champions.
Il y a plusieurs mois, peu nombreux étaient les observateurs qui auraient pu prédire un tel succès pour le bouillonnant coach lusitanien. Et pourtant, après une saison on ne peut plus mouvementée, Ricardo Sa Pinto a réussi à mener à bien sa mission initiale, celle pour laquelle Bruno Venanzi et Olivier Renard ont opté pour lui en juin 2017 : ramener le Standard sur le devant de la scène respectant ainsi ses engagements.
Le 12 juin dernier, lors de sa présentation, juste après avoir paraphé son contrat d’un an plus une année en option (levée après la victoire en Coupe), Ricardo Sa Pinto avait tenu le discours que servent tous les coaches lorsqu’ils arrivent dans un nouveau club.
Mais aujourd’hui, 11 mois plus tard, force est de constater que le Lusitanien n’a pas lancé de belles promesses en l’air (voir ci-contre). Homme de parole et passionné, Sa Pinto avait annoncé la couleur d’entrée.
Arrivé en juin, alors que le programme de préparation ainsi que le stage estival étaient déjà planifiés, Sa Pinto a hérité d’un groupe malade, meurtri par des playoffs 2 éprouvants sur le plan mental.
"J’ai vu des joueurs cassés mentalement. Ils avaient peur et n’osaient plus rien faire. Il fallait leur redonner la confiance", précisera le coach par la suite.
C’est précisément ce que Sa Pinto a fait tout au long de la saison. Le meilleur exemple reste assurément Renaud Emond. Le buteur gaumais était au 36e dessous depuis plusieurs mois, mais il a tout de même bénéficié du soutien de Sa Pinto pour, aujourd’hui, terminer meilleur buteur du club avec 15 buts.
Sa Pinto a également dû composer avec un noyau en reconstruction en début de saison, noyau dans lequel la direction était occupée à faire le ménage. Il a ensuite fallu du temps pour que la sauce prenne. Et pendant ce temps, l’opinion publique, les médias, mais aussi bon nombre de supporters émettaient énormément de doutes quant aux chances de Sa Pinto de terminer la saison. Il est vrai que l’on ne saura jamais ce qu’il serait advenu de son sort si, ce soir du 24 septembre, Mpoku n’avait pas offert la victoire aux siens dans les ultimes minutes face à Lokeren (2-1).
Contre vent et marée, le Portugais a fait front, parfois, il faut bien le reconnaître, de manière maladroite. En janvier, il a su être à l’écoute de sa direction et de son groupe qui lui suggéraient de perdre moins d’influx nerveux avec les événements extérieurs.
Sa Pinto s’est alors réfugié dans le travail, en vase clos, protégeant ses joueurs et l’entité Standard pour finalement remporter une Coupe et jouer le titre jusqu’à la 9e journée des PO1. Tout cela, Sa Pinto l’a accompli tandis que l’ombre de Michel Preud’homme, dont le retour était annoncé au lendemain de la victoire en Coupe, planait sur Sclessin.
Dimanche à Charleroi, Ricardo Sa Pinto, qui veut toujours s’inscrire dans la durée au Standard, savourera le moment et tentera de tenir la promesse qu’il s’est faite à lui-même : tout donner jusqu’au bout.
Il a la cote au Sporting Portugal
Une frange de supporters verrait d’un bon œil le retour de Sa Pinto au club.
Ces derniers mois, alors que son Standard ne cessait de monter en puissance, la cote de Ricardo Sa Pinto a grimpé en flèche. Aujourd’hui, le technicien portugais de 45 ans jouit d’une belle popularité et plusieurs formations étrangères se penchent sur son profil.
Cet intérêt, il pourrait bien également émaner de son pays natal, le Portugal, où son club, le Sporting Portugal, vit actuellement des heures extrêmement compliquées. Troisième au classement derrière Benfica et le champion Porto de Sergio Conceição, le Sporting ne disputera pas la Ligue des Champions la saison prochaine.
Ce fut la goutte d’eau qui a fait déborder le vase dans le chef d’une partie des "supporters" qui se sont mués en hooligans en venant agresser les joueurs et membres du staff cette semaine à l’Académie du club.
Il y a un mois, le président du Sporting, Bruno de Carvalho, avait ouvertement critiqué ses joueurs avant même de les suspendre après que ces derniers ont osé répondre, en front commun et soutenu par leur coach Jorge Jésus, à ses attaques. Ce soutien, Jorge Jésus pourrait bien le payer au prix fort, lui qui a récemment été vu avec le président d’Al-Hilal, Sami Al Jaber.
Chez une partie des supporters, l’idée de rapatrier l’ancien enfant de la maison, Ricardo Sa Pinto, a ainsi germé. Au Sporting, Sa Pinto n’a laissé que de bons souvenirs entre 94 et 97 ainsi que de 2000 à 2006, remportant un titre, une Coupe et une Supercoupe.
Il s’agirait d’un retour au pays par la grande porte pour Ricardo Sa Pinto si, d’aventure, le Sporting Portugal prenait contact avec lui.
Ses joueurs l’aiment "On sait tous ce qu’il a fait pour nous"
Tout au long de la saison, les marques de sympathie et de soutien des joueurs envers Ricardo Sa Pinto n’ont cessé d’affluer. "Il a apporté beaucoup à l’équipe, sa saison est réussie. On sait tout ce qu’il a fait pour nous cette saison, sur et en dehors du terrain", nous précisait, la semaine dernière, Paul-José Mpoku au Soulier d’Ébène. Ce soir-là, Christian Luyindama s’était également confié au sujet de son coach. "On a toujours été derrière lui. C’est un peu comme mon papa, il le sera toujours, même s’il part."
En janvier, son compatriote, Orlando Sa, avait également commenté la personnalité du T1 du Standard. "On a une image erronée de lui. C’est une personne très polie, très correcte. La plupart des joueurs l’apprécie. Il a de l’humour."
Durant ces PO1, Renaud Emond, qui a été relancé par le Portugais, a loué ses compétences. "Il sent les joueurs qu’il doit faire entrer au bon moment. C’est une force de savoir faire les bons changements avec les bons joueurs."