Penneteau: "En France, on m’a fait comprendre que j’étais fini"
À 35 ans, Nicolas Penneteau est un des gardiens les plus réguliers de Pro League.
- Publié le 25-02-2017 à 09h50
À 35 ans, Nicolas Penneteau est un des gardiens les plus réguliers de Pro League. Ses performances ne passent pas inaperçues, au point que Felice Mazzù n’a pas hésité à le désigner comme "meilleur gardien de Pro League ". À 35 ans, Nicolas Penneteau réalise une saison d’une grande régularité, durant laquelle il a déjà rapporté plusieurs fois des points, comme à Genk, le week-end dernier, où il a stoppé un penalty. Avant le match face à Saint-Trond, "une très belle équipe qui va jouer libéré", le portier corse, avec son fils Matteo, venu le rejoindre en Belgique pour les vacances, a accepté de se livrer dans un entretien sans détours.
Nico, vous êtes en train de réaliser une superbe saison. Votre meilleure à Charleroi ?
"C’est difficile à dire car elle n’est pas finie (sourire) . Mais je pense avoir fait une bonne première partie de saison, durant laquelle j’ai été régulier. Mais j’avais aussi trouvé ma première saison, quand on a été en PO1 , vraiment très bonne. L’an passé, ça a parfois été un peu plus compliqué. J’essaie de travailler le plus possible au quotidien pour me maintenir au niveau, être performant, et progresser dans tous les domaines."
Prester à ce niveau, c’est une revanche par rapport aux critiques que vous avez reçues lors de votre dernière année en Ligue 1 ?
"Je n’ai pas de revanche à prendre. J’ai fait la carrière que j’ai faite (NdlR : plus de 400 matches en L1) , mais ma dernière saison à Valenciennes était mauvaise, je ne le cache pas. J’étais assez déçu. De mes performances, d’une part, et des critiques, d’autre part. J’avais un ensemble de carrière cohérent et on m’a catalogué comme un gardien fini car j’avais fait une mauvaise saison."
Avec le recul, vous trouvez cela dur ?
"Cela fait partie du métier. Je connais le foot et je sais bien qu’on peut vite être oublié. J’étais un peu surpris de voir qu’aucun club français ne me sollicitait après ma dernière saison en L1 . Je me suis alors dit qu’il fallait que je trouve un nouveau challenge, et celui de Charleroi m’a plu."
Plus jeune, vous étiez un grand espoir du foot français. Ne jamais avoir joué dans un grand club est un regret ?
"Non, je n’ai pas de regrets. J’ai fait de très bonnes saisons en France, que ce soit avec Valenciennes ou Bastia, mais il m’a manqué deux ou trois années très régulières pour atteindre le haut niveau. J’ai eu des opportunités très jeune, du PSG notamment, puis par la suite, quand j’étais à Valenciennes. Mais j’ai refusé, car je me sentais bien dans le projet. Peut-être à tort. Mais je suis conscient que mon manque de régularité a peut-être freiné certaines équipes à me recruter."
À bientôt 36 ans, vous pensez encore à un transfert ?
"Comme je l’ai dit, je connais le milieu et je ne pense pas qu’il y ait énormément de clubs qui recrutent des gardiens de 36 ans (sourire) . J’ai encore une année d’option à Charleroi et j’en ai déjà discuté avec Mehdi Bayat. Je pense qu’il est content de moi et moi, je suis content d’être ici. Je ne vois donc pas pourquoi on ne continuerait pas l’aventure ensemble. Après, s’il y a une offre de Chine ou je ne sais pas où, on se mettra à table pour peser le pour et le contre. Mais le côté humain est important pour moi. Et dans ma tête, si je me projette la saison prochaine, c’est avec Charleroi. Le club a été là pour moi quand j’étais dans un moment difficile. Et je pense avoir été là pour aider le club. C’est donnant donnant et donc, pourquoi pas prolonger le plaisir…"
"Certains faisaient un crédit pour venir au stade"
Nicolas Penneteau, qui a connu Valenciennes, s’est rapidement identifié à la mentalité carolo.
Sur la pelouse, après les rencontres, il est le premier à exhorter ses équipiers à rester quelques minutes près des supporters.
"Je sais l’importance que cela a pour eux. Ils prennent énormément de plaisir à partager avec nous et on se doit de garder une proximité avec eux. On ne peut pas juste faire notre boulot, les saluer puis merci et au revoir. Les joueurs ne sont que de passage et doivent montrer une certaine image. Par respect pour l’identité du club."
Que Nicolas Penneteau parle d’identité n’est pas vain.
Lui qui a connu Valenciennes met souvent l’accent sur l’aspect humain. "Je compare facilement les deux villes. Ce sont des villes minières, où les gens ont des valeurs. J’essaie de m’identifier, de comprendre les difficultés du passé. Je sais aussi que ce n’est pas facile financièrement pour tous nos supporters. À Valenciennes, des personnes faisaient des crédits pour acheter leur abonnement. Ce sont des choses que nous, joueurs, devons prendre en compte."
"Rendre ce que le football m’a apporté"
Nicolas Penneteau a 35 ans et l’avoue : il pense déjà un peu à son après-carrière. "J’en discute parfois avec le staff. Je suis encore un joueur mais il y a des choses qui m’intéressent dans la préparation des entraînements, dans la mise en place tactique…"
C’est donc logiquement qu’il se voit rester dans le monde du football après sa carrière. "J’aimerais parvenir à rendre ce que le foot m’a apporté. Le poste de gardien de but m’intéresse par exemple beaucoup. La manière de faire évoluer les gardiens…" Véritable relais de Felice Mazzù sur le terrain, par ses qualités de leader, il ne cache pas qu’un retour en Corse au sein d’un staff lui plairait. "C’est une éventualité. La Corse est mon île et ma vie. J’y ai énormément d’attaches. C’est une vraie terre de football donc pourquoi pas aider là-bas après ma carrière, et pouvoir apporter à des jeunes ce que j’ai appris dans ma carrière."
"Chilavert le timbré, Kalinic un futur grand"
Retour sur la carrière de Penneteau au travers de gardiens qui l’ont marqué.
Le gardien qui lui a le plus appris : "Eric Durand. Cela a été mon modèle durant ma carrière. Je l’ai côtoyé en tant que deuxième gardien, troisième gardien puis il a été mon entraîneur. Il était exceptionnel, malgré le fait qu’il était sous-côté et méconnu du grand public."
Le gardien qui l’a le plus impressionné : "Il y en trois. Fabien Barthez, un super gardien, même à la fin de sa carrière. Grégory Coupet, qui gagnait tous les titres avec Lyon. Et Hugo Lloris, le meilleur de la nouvelle génération."
Le gardien qui a été son idole : "Pascal Olmeta. Car il est Corse, déjà, mais aussi parce que son jeu me plaisait. J’adore les gardiens qui prennent des risques. Il avait du charisme, il était lui-même sur le terrain et ça me plaisait."
Le gardien le plus fou qu’il a affronté : "J’ai joué une ou deux fois contre Chilavert et on voyait que c’était un timbré. Il gueulait sur ses partenaires, il montait et tirait les coups francs. Il avait du charisme mais il était dérangé."
Le meilleur gardien de Pro League : "Kalinic. On est la première équipe à avoir joué contre lui. J’avais été voir des vidéos de lui à Split sur Internet. Après trois matches, j’ai tout de suite dit qu’il serait le futur meilleur gardien de Pro League . Gand l’a acheté 3 millions ? Ils vont le vendre bien plus cher ! Il est grand, il se déplace rapidement et ose prendre des risques. Pour moi, c’est le futur Petr Cech."
Le gardien le plus drôle qu’il a côtoyé : "Pascal Olmeta, encore une fois. Il dansait et chantait avec les supporters en plein match. C’est quelqu’un de top, que j’ai rencontré plusieurs fois et que j’apprécie beaucoup."
Le gardien qu’il a gardé comme ami : "Jean-Louis Leca, l’actuel gardien de Bastia. C’était ma doublure durant pas mal d’années à Valenciennes. Il est Corse, comme moi, et réalise une grosse saison. On est resté proches."