Les confidences de la famille Witsel: "Notre fils fait désormais partie de l’histoire du football belge"
Les parents d’Axel Witsel ne peuvent cacher leur fierté de le voir jouer pour la centième fois avec les Diables rouges.
- Publié le 15-11-2018 à 07h04
- Mis à jour le 15-11-2018 à 08h33
Les parents d’Axel Witsel ne peuvent cacher leur fierté de le voir jouer pour la centième fois avec les Diables rouges. Ce soir, l’ensemble la famille Witsel se rendra au stade Roi Baudouin pour la centième d’Axel. Histoire de bien se préparer, tout le monde s’est donné rendez-vous, la veille, pour un petit souper familial au domicile de la sœur du Diable rouge. La petite Maï-Li n’est pas trop intéressée par les questions sur son papa, mais bien par l’appareil de notre photographe qu’elle testera juste après avoir pris la pose. Juste avant l’apéro, l’occasion était belle de faire le point, en compagnie de ses parents, sur l’incroyable parcours international d’Axel Witsel.
Vous pensiez votre fils capable d’atteindre les cent sélections internationales ?
Thierry Witsel : "Nous ne nous sommes jamais fixés d’objectif précis. Quand il a fêté sa première cap, on attendait qu’il y en ait une deuxième, puis une troisième. Mais de là à se dire qu’il allait atteindre cette barre, on n’y croyait pas."
Avez-vous l’impression qu’il fait désormais partie de la légende du football belge ?
Thierry Witsel : "Compter plus de sélections que des joueurs comme Enzo Scifo ou Jan Ceulemans, je trouve cela extraordinaire. Cela veut dire qu’il a su être performant dans la durée et garder une bonne hygiène de vie."
Sylvie Stas : "Je pense qu’avec cent matchs internationaux, on fait partie de l’histoire du football. Il a quand même marqué cette équipe de son empreinte. Plus tard, des adultes raconteront que quand ils étaient jeunes, ils étaient fans d’Axel. C’est beau pour notre famille et c’est aussi une grande source de fierté car tout le monde n’a pas cette chance."
Plus jeune, suivait-il attentivement les matchs de la Belgique ?
Thierry Witsel : "Personnellement, je regardais rarement les Diables rouges. Il faut dire qu’ils ne connaissaient pas leurs plus belles années… À la maison, c’était la France et quand elle jouait, j’étais devant la télévision avec Axel et un drapeau français. Fatalement, il est devenu supporter de cette équipe mais si j’avais été fan de l’Azerbaïdjan, il aurait soutenu l’Azerbaïdjan. Au fur et à mesure de sa formation, on a commencé à regarder les Belges car il faisait partie des équipes de jeunes nationales."
Il a quand même vibré devant le Belgique-Brésil de 2002 ?
Sylvie Stas : "Oui, mais il regardait plus le Brésil (elle éclate de rire) ."
Thierry Witsel : "On aimait bien le Brésil et moi j’avais même le maillot sur les épaules. C’était le beau football, la technique. Le Brésil quoi. Comme c’est un garçon qui a toujours eu une technique au-dessus de la moyenne, les Brésiliens le faisaient rêver. Et les Belges étaient, à l’époque, moins techniques qu’aujourd’hui…"
Quand vous a-t-il offert vos plus belles émotions en équipe nationale ?
Sylvie Stas : "On a pleuré pendant la dernière Coupe du monde. Toi aussi, tu étais ému. On a vécu des choses incroyables là-bas."
Thierry Witsel : "Le match contre le Japon a été extraordinaire et la victoire contre le Brésil a été une apothéose. Mais en tant que footeux, c’est le match contre la Russie au Maracana qui m’a le plus fait kiffer (sic) . Là où le Roi Pelé a mis ses pieds. Peu de joueurs professionnels peuvent en dire autant et je pense que même un Ronaldo n’y a jamais joué. Ça, c’est le sommet car ce stade est le temple du football."
Sylvie Stas : "C’est vrai que j’ai bien aimé le Mondial au Brésil mais la Russie, c’était encore quelque chose d’autre. Il a joué dans ce pays et les stades étaient magnifiques. Les matchs nous ont fait passer par toutes les émotions : on criait, on s’énervait, on s’asseyait, on se relevait. J’ai vécu des moments que je n’oublierai jamais. Tout est encore dans ma tête. Ce match face au Japon était fou, j’avais la tête entre les mains, je n’arrivais pas à y croire…"
Mais il y a eu cette élimination contre la France. Dans quel état était-il après cette demi-finale ?
Sylvie Stas : "Il était quand même abattu…"
Thierry Witsel : "On a discuté ensemble et on a refait le match. Cela aurait pu tomber d’un côté comme de l’autre. Axel était déçu, amorphe. Comme si à l’intérieur de lui-même, il n’avait plus d’énergie. Je ne l’avais jamais vu comme cela après une défaite car l’intensité d’un Mondial est différente qu’en championnat. Surtout à un pied de la finale."
À l’époque, les gens avaient remis sa place en question car il jouait en Chine. Sa réussite actuelle à Dortmund est-elle une revanche ?
Thierry Witsel : "Je ne dirais pas cela. Il avait déjà été critiqué au moment de rejoindre le Zenit mais lorsqu’il fallait jouer pour l’équipe nationale, il revenait deux ou trois jours plus tôt que ses partenaires. Pas pour siroter un verre de vin dans son fauteuil, mais bien pour faire une ou deux séances d’entraînement quotidiennes avec un préparateur physique. Et c’était la même chose lorsqu’il jouait en Chine. Les critiques, je les aurais acceptées si elles avaient été fondées mais tous les sélectionneurs, que ce soit Vandereycken, Leekens, Advocaat, Wilmots ou Martinez, l’ont mis dans le onze de base. Moi, je ne comprends surtout pas les critiques de certains chroniqueurs d’une chaîne de télévision. Ils mettent des idées dans la tête des gens qui après les répètent. On a vu beaucoup de choses sur Facebook mais ça ne m’a pas touché. Et on n’a jamais répondu."
Sylvie Stas : "Cela m’a quand même plus touchée. Je ne lisais pas tout ce qu’on disait sur Axel mais j’avais toujours des amis qui m’en parlaient. Moi, je m’en fous, il fait sa vie et s’il est heureux, c’est tout ce qui compte. Nous avons joué notre rôle de parents mais il est vacciné et majeur, il sait ce qu’il doit faire. Si une société t’offre deux ou trois fois ton salaire pour faire le même boulot, je ne sais pas si tu vas refuser. Après, les gens ont le droit de critiquer mais sa réussite à Dortmund montre qu’on peut rester performant même après avoir passé une année et demie en Chine."
Thierry Witsel : "Vous savez, Axel travaille même quand il est en vacances mais cela, personne ne le sait. Il a passé toutes les tempêtes et il n’a jamais rouspété. Il a toujours fait face aux critiques et il a pris le temps d’expliquer ses choix, sans jamais avoir un mot plus haut que l’autre."
On peut dire qu’aujourd’hui, il est devenu un patron de l’équipe nationale.
Sylvie Stas : "Des leaders, il y en a quand même plusieurs."
Thierry Witsel : "En tant que parents, c’est difficile de répondre à cette question. Mais en tant qu’amateur de football, je peux vous dire qu’il est un des patrons de l’équipe depuis cinq ans. Par sa manière de jouer, son charisme, sa prestance, son comportement face aux journalistes. C’est un tout. Quand on le voit jouer, il est grand, il est beau…"
Sylvie Stas : "Il a de beaux yeux !"
Mais on a l’impression qu’il n’a jamais été aussi fort qu’aujourd’hui.
Thierry Witsel : "Un journaliste allemand a dit que Witsel était connu dans le monde entier car il faisait partie de l’équipe nationale. La semaine dernière, Axel a fait un match fantastique contre le Bayern Munich et ce même journaliste a dit qu’il était aujourd’hui connu dans le monde entier pour être un joueur indispensable de Dortmund. Cela veut dire quelque chose, non ? Ce qui fait la différence, c’est qu’il a atteint une maturité footballistique, tout en gardant ses qualités. Pour moi, il peut encore passer un cap dans sa carrière."
"Quand il a marqué contre le Maroc, j'ai sauté de mon siège"
C’était il y a un peu plus de dix ans mais personne, dans la famille, n’a oublié le premier match d’Axel Witsel avec les Diables. "Quand il nous a annoncé sa première sélection, cela a été une grande joie. D’abord interne… puis une explosion de joie", sourit le papa.
"Et quand il a marqué face au Maroc, j’ai réagi comme une maman", enchaîne Sylvie Stas. "J’ai crié, j’ai sauté de mon siège, alors que la joie de Thierry était plus retenue. Axel, lui, était resté assez sobre à ce moment-là. Il tient cela de son papa."
Les témoins de l’époque racontent que l’ancien médian du Standard était assez timide dans le vestiaire. "C’est un garçon réservé. Quand on entre dans un vestiaire, on ne commence pas à faire le show. On s’assied dans un coin, on analyse la situation et c’est ce qu’il a fait. Cela lui a permis de voir où il pouvait et où il ne pouvait pas aller. Il ne faut pas oublier qu’à l’époque, il y avait les Wallons d’un côté et les Flamands de l’autre…", explique Thierry Witsel.
"Il fallait simplement lui laisser le temps de faire sa place", termine la maman.