Les phénomènes, serial killers du printemps des classiques cyclistes
Comme van der Poel sur le Tour des Flandres et Paris-Roubaix, Tadej Pogacar a trop vite éteint le suspense dimanche lors de Liège-Bastogne-Liège
- Publié le 22-04-2024 à 12h34
Chronique d’un succès annoncé. Si on avait cédé aux sirènes de la facilité, on aurait pu se laisser aller à la tentation du copier-coller durant une bonne partie d’un printemps sur lequel on peine à poser les qualificatifs. Entre la conscience d’être le témoin de l’une des générations les plus exceptionnelles de l’histoire du cyclisme et la frustration de voir le suspense de plusieurs des plus grands monuments de la saison s’envoler bien trop tôt, on est ressorti dimanche de la saison des classiques en totale fringale, avec les mollets qui flageolent et des étoiles imprimées sur la rétine. Comme Mathieu van der Poel sur le Tour des Flandres et Paris-Roubaix, Tadej Pogacar n’a laissé aucune chance à ses rivaux dimanche sur Liège-Bastogne-Liège en effaçant toute forme d’indécision sur l’identité du vainqueur à un peu moins d’une heure de l’arrivée. Monté aux côtés des deux phénomènes sur le podium de la Doyenne, Romain Bardet lançait dans un sourire que le moment lui offrirait une jolie photo à montrer à son fils dans quelques années.
Moteurs du renouveau d’un public cycliste qui s’est considérablement rajeuni, les phénomènes que sont les Pogacar, van der Poel, Vingegaard, Evenepoel ou van Aert en sont peut-être aussi l’un des possibles dangers. Car quand les vicissitudes d’une saison (blessures, programmes…) font que l’un de ses galactiques ne trouve pas un rival de son rang sur son terrain de prédilection, la frustration d’un scénario théorique trop souvent mis en images donne à ses champions les allures de serial killers de suspense. Et comme il est désormais encore plus facile de zapper sur un smartphone que sur une télé…