Tim Wellens novice de Paris-Roubaix à 32 ans : “L’Enfer du Nord, ça me fait un peu peur…”
Le Belge de chez UAE découvrira ce dimanche le dernier monument auquel il n’avait encore jamais participé.
- Publié le 05-04-2024 à 13h05
”La vie est parfois pleine de surprises…” À bientôt 33 ans (il les fêtera le 10 mai), Tim Wellens découvrira, ce dimanche, Paris-Roubaix pour la toute première fois de sa carrière. Un novice aux douze saisons dans le peloton pro qui a donc attendu d’avoir l’âge du Christ ou presque pour goûter à l’Enfer. “J’ai été quelque peu étonné lorsque le staff m’a proposé cet hiver de m’essayer à cette épreuve si particulière, confesse le Limbourgeois. Mais cela faisait partie d’un package classiques du Nord qu’il était compliqué de désolidariser en termes d’effectifs.”
Tim, dans quel état d’esprit découvre-t-on Paris-Roubaix quand on s’appuie sur un vécu de plus de dix saisons chez les pros ? Une forme d’appréhension existe-t-elle ?
”Oui, bien entendu ! Il ne faut pas chercher à faire semblant; Paris-Roubaix ça me fait très clairement un peu peur… Mais celle-ci se mêle aussi à une forme d’excitation et d’enthousiasme car il s’agit du dernier monument sur lequel je ne m’étais pas encore aligné et je suis donc heureux d’y goûter même si mon discours sera sans doute un peu différent dans la foulée immédiate de l’arrivée dimanche soir (rires)…”
Lors de la reco en février, j'ai freiné par réflexe en entrant dans Arenberg...
Comment vous êtes-vous préparé à cette découverte ? Avez-vous effectué certains tests cet hiver ?
”Oui, début février nous sommes allés repérer l’essentiel des secteurs avec mes équipiers Nils Politt et Filippo Baroncini. L’objectif de cette journée était d’effectuer des tests de pneumatiques et de définir les pressions dans ceux-ci. À titre personnel, cela m’a aussi servi de séance de désensibilisation (rires)… Même chez les jeunes, je n’ai jamais participé à la Reine des Classiques et je n’avais évolué sur les pavés du Nord que lors d’une étape du Tour de France, en 2015, qui n’avait rien de comparable avec le menu qui nous attend dimanche et la cinquantaine de kilomètres de secteurs qu’il faudra s’infuser. Lors de cette reconnaissance, je n’ai pas pu m’empêcher de freiner en entrant dans la Trouée d’Arenberg tant le pavé y était mauvais ! Un réflexe. Nous n’évoluions pourtant qu’à 40km/h tout au plus… Je sais cependant que l’état des tronçons évolue fortement entre ces repérages hivernaux et début avril. L’organisation et certaines associations effectuent un boulot énorme afin d’en améliorer la praticabilité pour le jour de la course.”
Les pavés du Nord sont-ils tellement différents de ceux que vous avez avalés dimanche sur le Tour des Flandres (douzième), par exemple ?
”Oui, totalement. Comparativement aux pavés d’Arenberg qui m’ont réellement impressionné, ceux du Paterberg ressembleraient presque à une chaussée asphaltée. Cela tape nettement moins ! On a toujours tendance à rassembler le Ronde et Paris-Roubaix dans la même famille de courses mais elles sont pourtant très différentes.”
Mes équipiers m'ont dit à quel point finir Roubaix détruisait le corps.
Vous avez été l’un des acteurs principaux du Tour des Flandres le week-end dernier. Pensez-vous que l’Enfer du Nord puisse également vous sourire ?
”J’aborde toujours une course avec la ferme volonté d’aller chercher le meilleur résultat possible mais sur Roubaix, je sais qu’il me faudra bénéficier de certaines circonstances favorables pour décrocher un bel accessit. Au Ronde, mon poids léger (71 kg) constitue un avantage dans les ascensions explosives alors que dans le Nord, dix kilos de plus seraient les bienvenus pour ne pas trop rebondir sur les pavés et développer un maximum de puissance. Même si certains coureurs sont performants sur les deux terrains, la morphologie idéale est différente sur ces monuments. Je veux voir le vélodrome mais je suis également conscient de l’importance du facteur chance. Une casse mécanique et des crevaisons multiples peuvent avoir raison de votre détermination…”
Votre équipier Nils Politt a terminé second de l’édition 2019 derrière Philippe Gilbert. Vous glisse-t-il de nombreux conseils ?
”Oui, mais il m’a aussi soufflé que finir Paris-Roubaix, cela vous détruisait le corps (rires) ! Je sais déjà que je n’aurai sans doute pas vraiment récupéré pour la Flèche Brabançonne de mercredi prochain. Pour le reste, il m’a conseillé de rester aussi souvent que possible sur le haut du pavé. Après la reconnaissance collective prévue ce vendredi, je passerai une bonne partie de ma journée de samedi à regarder des images des éditions précédentes sur Youtube afin de m’en imprégner. Même si je ne suis pas convaincu que cela facilitera mon sommeil (éclat de rire)…“