De Clercq: "Après le placement de ma hanche artificielle, je n’ai plus jamais été le même coureur"
Opéré en janvier 2018, le coureur de chez Wanty-Groupe Gobert a tenté de revenir à son meilleur niveau après 500 jours sans compétition. Mais le bilan de sa saison 2019 l’a poussé à mettre un terme à sa carrière à 33 ans.
- Publié le 08-11-2019 à 15h01
- Mis à jour le 08-11-2019 à 15h02
Opéré en janvier 2018, le coureur de chez Wanty-Groupe Gobert a tenté de revenir à son meilleur niveau après 500 jours sans compétition. Mais le bilan de sa saison 2019 l’a poussé à mettre un terme à sa carrière à 33 ans.
Le sourire a conservé la même sincérité et la parole ne traduit aucune lassitude. Trois semaines après avoir donné ses derniers coups de pédale en compétition comme coureur pro lors du Mémorial Van Steenbergen, Bart De Clercq ne paraît aucunement habité par cette peur du vide qui saisit de nombreux sportifs au moment de la retraite. Si le citoyen d’Herzele a eu le temps de discerner cette perspective dans l’horizon de sa saison 2019, ce n’est pourtant pas lui qui l’a véritablement choisie.
Victime d’une chute à l’entraînement en janvier 2018, le coureur de chez Wanty-Groupe Gobert avait alors entamé une revalidation longue de plus d’un an marquée par le placement d’une hanche en titane et plusieurs opérations. Une prothèse que l’ancien vainqueur d’étape du Giro (en 2011) pensait alors salvatrice pour la suite de sa carrière.
"J’ai repris la compétition en février dernier, sur le Tour d’Oman, quatre mois après que cette nouvelle hanche m’ait été placée et 500 jours après m’être aligné pour la dernière fois en compétition, rembobine Bart De Clercq. Les premiers signaux en course étaient encourageants. La prothèse ne me faisait aucunement souffrir et je n’étais habité par aucune peur ni appréhension dans le peloton. Je me pensais alors engagé sur la voie d’un retour à mon meilleur niveau. Au regard de mes qualités (NdlR : deux Top 20 sur la Vuelta) je me suis fixé comme objectif de décrocher une sélection pour le Tour de France. Je souhaitais y épauler au mieux notre leader Guillaume Martin."
La courbe de progression du compagnon de Sophie De Vuyst (élue Flandrienne 2019 cette année) n’épousa malheureusement pas les contours attendus. "Sur le Critérium du Dauphiné, qui a toujours valeur de véritable test dans la perspective de la Grande Boucle, j’ai compris que la fin de ma carrière se discernait probablement à l’horizon. Cela faisait plusieurs semaines déjà que je souffrais de ma jambe droite dès que le rythme se faisait intense ou qu’il fallait négocier de longues ascensions. C’est pourtant au niveau de la hanche gauche que j’avais été opéré. Cet endroit de mon corps n’était, lui, pas douloureux en course mais je crois que l’opération a profondément bouleversé mon équilibre corporel. Compensais-je d’une manière ou d’une autre avec ma ‘bonne’ jambe dans mon pédalage ? Les multiples examens et tests physiques que j’ai passés n’ont jamais définis clairement l’origine d’une douleur qui a profondément modifié la nature du coureur que j’étais. De grimpeur à l’aise dans les longues ascensions, j’en étais venu à craindre la moindre bosse car je savais que j’allais y souffrir. Mentalement, c’était vraiment très difficile à vivre. Il est compliqué de prendre du plaisir dans un tel contexte, quand on sait qu’on est privé d’une partie importante de son potentiel..."
Plutôt que de tout plaquer en cours de saison, Bart De Clercq met tout de même un point d’honneur à boucler son programme 2019. "Ma principale frustration face à la retraite qui s’est imposée à moi réside dans le sentiment de ne pas avoir pu rendre à Jean-François Bourlart et à l’équipe Wanty-Groupe Gobert la confiance qu’ils avaient placée en moi. Arrivé chez eux en janvier 2018, j’ai vécu une première saison blanche avant de ne jamais pouvoir livré le meilleur de moi-même ces derniers mois. J’ai donc tenu à respecter cette structure et mes équipiers autant que faire se peut en oeuvrant pour le collectif lors des courses sur lesquelles j’étais aligné. Je crois d’ailleurs qu’en insistant, j’aurais peut être pu obtenir un nouveau contrat d’un an en acceptant de devoir à évoluer à un niveau moindre mais suffisant pour rester coureur pro. Mais cela ne m’intéressait pas vraiment..."
A 33 ans, le Flandrien n’a pas encore clairement défini la suite de sa vie professionnelle. "Plusieurs pistes s’offrent à moi. Il est possible de que je reste actif dans le monde du cyclisme en travaillant avec de jeunes coureurs ou que je profite de mon masters en éducation physique pour devenir professeur dans une école. On verra ce que l’avenir me réserve. Ce qui est certain, en revanche, c’est que je continuerai à enfourcher mon vélo régulièrement pour le plaisir. Car je n’ai jamais oublié à quel point j’adorais ce sport..."