Mondial de rugby: All Blacks - Springboks ou le choc des titans
Il n’aura pas fallu attendre longtemps pour que se profile le premier choc au sommet de la Coupe du monde.
- Publié le 20-09-2019 à 19h03
- Mis à jour le 21-09-2019 à 08h21
Il n’aura pas fallu attendre longtemps pour que se profile le premier choc au sommet de la Coupe du monde.
Ce samedi fin de matinée à Yokohama, la Nouvelle-Zélande et l’Afrique du Sud, soit deux des grands favoris au titre, seront déjà au défi en match de poule.
Deux nations qui totalisent cinq des huit sacres mondiaux précédents et qui auront le désir de s’affirmer sur le Mondial avant, peut-être, de se retrouver dans six semaines en finale à Tokyo. Mais dans les deux clans, on ne craint personne. Même pas, en cas de revers, de retrouver l’Irlande en quarts de finale. Cela dit, tant chez les All Blacks que dans les rangs des Springboks, on ne veut entendre parler de défaite au soir du premier rendez-vous au Japon (NdlR: les Boks n’ont pas envie de revivre le cauchemar du revers initial concédé au Japon lors du Mondial 2015).
Depuis 1987, année du premier rendez-vous mondial, l’équipe championne du monde a toujours remporté tous ses matches sur son passage. Leur place est évidemment acquise dans le tableau final vu la faiblesse du reste de la poule B (Italie, Canada, Namibie), mais ni les Néo-Zélandais, ni les Sud-africains, respectivement doubles tenants du titre et outsiders n°1 du tournoi, n’ont l’intention de déroger à la règle.
Dès avant les premières envolées sur la pelouse, la bataille des mots a déjà commencé en coulisses avec des Boks qui ont choisi de tirer les premiers par la voix du sélectionneur Rassie Erasmus qui a affirmé que les équipes en réussite, comme les Néo-Zélandais le sont depuis des années, étaient mieux traitées par les arbitres.
“Parce que tu joues si bien, les arbitres ont presque tendance à avoir du mal à te pénaliser s’ils ont une décision compliquée à prendre”, a estimé Erasmus (en photo ci-dessous) en visant les Néo-Zélandais. Steve Hansen, le mentor emblématique des All Blacks, n’a pas tardé à réagir, et de manière cinglante. “Je ne suis pas d’accord avec ce qu’il est en train de faire. “Il essaye de mettre une pression extérieure sur les arbitres, qui sont déjà suffisamment sous pression. Ils n’ont pas besoin des entraîneurs pour faire ce qu’il est en train de faire,” a tancé Hansen, selon qui les Blacks ont déjà “souffert” de coups de sifflet injustes. Nuld doute que l’arbitre français Jérôme Garcès était dans le viseur, lui qui a infligé aux Kiwis leurs deux uniques cartons rouges de l’ère professionnelle: Sonny Bill Williams en 2017 contre les Lions britanniques et irlandais et Scott Barrett en août, ce qui a précipité la lourde défaite des maîtres du monde en Australie (47-26). Et devinez qui arbitre le match samedi...
Le choc ne se résume pas à la polémique sur l’impartialité arbitrale. Rassie Erasmus n’a rien à perdre: une défaite ne serait pas rédhibitoire et un succès consacrerait les progrès des Boks depuis qu’il les a repris en main en 2018, sur les ruines du plus lourd revers de leur histoire... en Nouvelle-Zélande (57-0). Depuis, les quatre rencontres entre les deux nations ont été ultra-serrées. Et le match nul arraché par les Springboks fin juillet à Wellington (16-16) avait goût de victoire.
Erasmus a redressé une sélection aux abois avec une méthode simple mais efficace: avancer grâce au jeu au pied de ses demis et remettre la main sur le ballon grâce à la puissance de ses avants. Un plan parfait en cas de temps humide sur Tokyo et sa région... Les bulldozers sud-africains comptent pousser l’adversaire à la faute, mais aussi profiter des ballons de récupération pour ouvrir le chemin aux arrières. En face, les résultats mitigés de l’été ont fait des victimes: le taulier Owen Franks n’a pas été retenu pour le Japon, l’arrière Ben Smith débutera sur le banc et l’ailier Rieko Ioane, incontournable en 2017 et 2018, doit patienter en tribunes. Le triangle arrière est tout neuf: les jeunes Sevu Reece et George Bridge sur les ailes, et un certain Beauden Barrett à l’arrière, le meilleur joueur du monde 2016 et 2017 laissant comme cet été l’ouverture à Richie Mo’unga. L’objectif étant de donner le tournis aux Boks avec deux meneurs de jeu capables d’allumer des incendies partout sur le terrain.
Sacré en 2011 et 2015, le capitaine Kieran Read est bien placé pour mesurer l’enjeu. “Cela va être l’un des plus grands matches à jouer dans une carrière”, prédit le N.8. C’est peut-être aussi ce que se dit un certain M. Garcès, l’arbitre français du match...