Frederik Van Lierde: "Une dixième victoire sur Ironman? J’y pense depuis la… neuvième!"
Frederik Van Lierde (40 ans) veut profiter de sa dernière année professionnelle…
- Publié le 22-11-2019 à 13h56
Frederik Van Lierde (40 ans) veut profiter de sa dernière année professionnelle… Petite île mexicaine de la mer des Caraïbes, dont la majeure partie est inhabitée, Cozumel est un port d’escale populaire pour bateaux de croisière, réputé pour la plongée sous-marine. Mais ce bout de paradis d’à peine 500 km² est également le théâtre d’un rendez-vous Ironman très prisé en fin de saison. Une épreuve déjà remportée, en 2016, par un certain Frederik Van Lierde. À l’époque, le Flandrien avait bouclé le parcours de 3,8 km à la nage, 180 km à vélo et 42 km à pied en 8h03.09, devant les Américains Russell et Leiferman.
En cette année 2019 où, pour la première fois en douze ans de carrière, Frederik n’a pas participé à l’Ironman d’Hawaï, notre compatriote y est de retour. Une manière comme une autre de boucler cette saison débutée à… Campeche, à l’Ouest du Mexique, où il s’était classé cinquième, en 3h58.15, du demi-Ironman, ce qui avait suscité chez lui une déception tout à fat légitime.
Frederik, votre année 2019 ne sera vraiment pas comme les autres puisque vous n’étiez pas à Hawaï et que vous disputez, à Cozumel, votre quatrième Ironman de la saison. Expliquez-nous ces deux choix…
"Je me sens bien, tout simplement ! Alors, j’en profite… Dans un cas comme dans l’autre, il s’agit de décisions mûrement réfléchies. Pour ce qui est d’Hawaï, que j’ai remporté en 2013, ce qui fut un immense bonheur, chacun sait que j’y ai connu beaucoup de malchance ces trois dernières années. Et, à mon âge (40 ans) , j’avais surtout envie de prendre du plaisir. Franchement, je pense n’avoir plus rien à prouver à Hawaï et je ne regrette pas mon choix, même si, le jour même, j’avais un peu mal devant la télévision. C’est normal…"
Qu’avez-vous pensé de cette édition et de la victoire de l’Allemand Frodeno ?
"Impressionnant ! Après deux années où il a été contraint à l’abandon, puis au forfait, sur blessure, Jan Frodeno est revenu à son meilleur niveau. Il était, du reste, ultra-favori et il a bel et bien tenu son rang, écrasant la concurrence. Dans notre discipline, une année n’est pas l’autre et, parfois, même en cours d’année, on peut traverser une mauvaise passe et se retrouver. Voyez Tim O’Donnell… L’Américain a surpris tout son monde en terminant deuxième."
Un mot sur la prestation de Bart Aernouts…
"Bart s’est montré très fort mentalement pour se classer neuvième car, dès la sortie de l’eau, il savait qu’il ne pourrait plus lutter pour la victoire. Ses performances en natation sont terriblement instables. C’est donc son point faible. Il le sait ! Son coach, Luc Van Lierde, qui est également le mien, le sait. Ensemble, ils ont déjà tout essayé pour améliorer sa nage, en changeant même de technique. Mais il faut bien constater que ça n’a pas marché. En tout cas, jusqu’ici… Mais rien ne dit que Bart n’est pas en mesure de s’imposer à Hawaï lors des prochaines années car il est bon à vélo et très bon à pied."
Revenons à vous et à votre saison avec ce quatrième Ironman en 2019… Un défi ?
"Non ! Je prends toujours beaucoup de plaisir à l’entraînement et en compétition. Sachant que je mettrai un terme à ma carrière sportive fin 2020, je veux en profiter au maximum. Et puis, les résultats suivent puisque, lors des trois Ironman auxquels j’ai participé cette année, j’ai terminé sur le podium ! J’ai ainsi été premier en mai, à Lanzarote, troisième en juin, à Nice et deuxième en octobre, à Barcelone."
À Barcelone, vous avez même battu votre meilleure performance en descendant sous la barre des huit heures (7h53.25). Étonné ?
"Officiellement, je ne l’ai améliorée que de dix-huit secondes puisque, l’an dernier, j’avais terminé l’Ironman du Texas en 7h53.43, ce qui ne m’avait valu que la… neuvième place ! Une épreuve extrêmement rapide, mais il n’y avait pas la distance, à pied. En revanche, je suis très satisfait de ma prestation à Barcelone, dans des conditions, il est vrai, idéales tant sur le plan de la météo que du parcours. Et je n’ai pas à rougir de ma deuxième place, derrière l’Allemand Angert, un gars très prometteur, victorieux avec un chrono de 7h45.05. Je suis persuadé qu’on en reparlera…"
À Cozumel, vous avez le dossard n° 3. Logique ?
"Oui ! Le n° 1 a été attribué à l’Autrichien Weiss, vainqueur l’an dernier, et le n° 2, à l’Américain O’Donnell, deuxième à Hawaï cette année. Je ne peux donc pas me plaindre. Les organisateurs n’ont pas oublié mon succès de 2016. Et moi non plus ! J’en garde un excellent souvenir…"
Votre palmarès affiche neuf victoires sur Ironman. Cozumel serait un bon moment, un bel endroit, pour fêter la dixième, non ?
"J’y pense depuis fin mai, quand je me suis imposé à Lanzarote ! J’aurais bien voulu que ce soit à Nice, où j’ai déjà gagné cinq fois et où je visais un sixième succès, ce qui aurait été un record absolu. Malheureusement, j’ai souffert de la chaleur et je n’ai pu maintenir, à pied, l’avantage que je m’étais forgé à vélo. Dommage… Ç’aurait pu être à Barcelone, mais je suis tombé sur plus fort que moi. J’espère que Cozumel me sourira comme ce fut le cas il y a trois ans, même si le plateau est encore très relevé. En tout cas, au plus tôt, au mieux !"
Ce dixième succès vous obsède-t-il ?
"Non ! Ce serait bien, tout simplement… J’ai encore un an pour me l’offrir."
2020 sera votre dernière saison professionnelle. Avez-vous déjà une idée de votre programme ?
"J’ai coché deux dates : le 14 juin, avec l’Ironman de Nice, et le 5 juillet, avec le demi aux Sables d’Olonne. Sinon, je suis open. J’avoue que l’épreuve d’Embrun, mi-août, me trotte dans la tête. Mais rien de sûr… Et puis, il faut que je fixe la date et le lieu de ma dernière épreuve. Peut-être en Belgique. Des adieux, ça se fête ! Mais je n’en suis pas encore tout à fait là. J’y réfléchirai cet hiver, en concertation avec mon coach, Luc Van Lierde, ma famille et tous ceux qui m’ont soutenu tout au long de ces années."
Pour ce qui est de l’après-carrière, Frederik Van Lierde, actuellement Sportif d’élite à la Défense, pourrait parfaitement embrasser une carrière d’entraîneur. Le Flandrien a, en effet, une sacrée expérience à partager…