Neno nous parle de son Guimarães: " Le club vendra chèrement sa peau"
Ancien gardien, directeur sportif, coach des portiers et actuellement représentant du club à l’international, Neno nous parle du prochain adversaire européen du Standard.
- Publié le 18-09-2019 à 09h19
- Mis à jour le 18-09-2019 à 12h47
Ancien gardien, directeur sportif, coach des portiers et actuellement représentant du club à l’international, Neno nous parle du prochain adversaire européen du Standard. Six ans qu’ils attendaient cela. Ce jeudi, les fans portugais du Vitoria Guimarães vont à nouveau goûter aux joies de la Coupe d’Europe. La dernière fois que le club avait accédé à la phase de poules de l’Europa League, c’était lors de la saison 2013-2014 avec une victoire et deux nuls pour une troisième place éliminatoire derrière le Bétis Séville et Lyon mais devant Rijeka.
"Cela faisait un bail. C’est pourquoi les supporters répondent présents en masse. Nous avons déjà vendu énormément d’abonnements pour les trois matchs à domicile. Le prestige des adversaires comme Arsenal, le Standard et Francfort contribue également à l’engouement des fans", nous précise Neno, représentant du Vitoria Guimarães à l’international.
Le Portugais de 57 ans a tout connu au club puisqu’il en a été respectivement le gardien, l’entraîneur des portiers mais également le directeur sportif. "J’ai terminé ma carrière à Guimarães et cela fait désormais sept ans que j’occupe ce poste de représentant."
Notre homme en connaît donc un rayon sur le prochain adversaire des Rouches. Neno a également plusieurs liens avec la Belgique et le Standard (voir ci-dessous). "C’est un privilège de débuter l’aventure à Sclessin ce jeudi", lance-t-il. "On sera attendus par un public très chaud, très latin, à l’image du nôtre. Les supporters de Guimarães sont des passionnés, des fanatiques. Je sais que c’est pareil à Liège."
L’ancien gardien portugais s’attend donc à une chaude réception mais également à un match disputé.
"Actuellement, le Standard est dans une très bonne spirale avec cette place de leader dans votre championnat. Mais de notre côté, on traverse également une période faste après le succès 5-1 face à Aves samedi dernier."
Tandis que le Standard occupe la première place de la Pro League, Guimarães, malgré son plantureux succès du week-end dernier, le premier de sa saison, pointe à la 10e place avec six points pris sur quinze.
"Ce bilan est en réalité trompeur", rectifie Neno. "Nous n’avons perdu qu’un match (3-1 à Porto) , et avant, nous avons concédé trois partages (à chaque fois sur le score de 1-1) . Mais le jeu proposé était bon ; il ne nous a manqué que la concrétisation. Enfin, toutes les occasions manquées lors des quatre premiers matchs se sont transformées en but samedi dernier face à Aves. Il ne faut donc pas croire que Guimarães a loupé son début de championnat."
Selon Neno, la formation de Liga NOS n’entendra pas bétonner jeudi soir à Sclessin. "Ne vous attendez pas à voir un Guimarães défendre bec et ongles. Notre coach, Ivo Vieira, est un adepte du jeu offensif, il préparera donc ses troupes dans l’optique de prendre les trois points."
Pour retrouver la phase de poules, Guimarães a passé trois tours préliminaires avec brio, écartant la Jeunesse Esch, les Lettons de Virsliga ainsi que le Steaua Bucarest le tout, sans prendre le moindre but. "Nous avons grandi durant ces matchs de qualification. L’objectif avoué du club était clairement de retrouver la phase finale."
Aujourd’hui atteint, cet objectif a fait place à un nouveau. "Évidemment, on veut aller le plus loin possible et donc, passer l’hiver européen. Mais on va prendre match par match. Il est certain qu’Arsenal et Francfort font office de favoris. On croit également savoir que nos trois adversaires nous considèrent comme le Petit Poucet du groupe mais croyez bien qu’on fera tout pour leur prouver le contraire. Guimarães vendra chèrement sa peau. Oui, on rêve de la qualification."
Pour y parvenir, les Portugais s’appuieront sur ce qui semble, selon notre interlocuteur, être leur principale force. "Le collectif. Guimarães est une équipe solide qui se repose sur un bon état d’esprit. Les individualités se mettent toutes au service du collectif à l’image de ce que veut voir notre coach, Ivo Vieira."
“MPH : le meilleur de tous les temps”
Le premier lien qui relie Neno à la Belgique et le Standard, c’est Michel Preud’homme. À l’été 1994, le Liégeois, tout juste auréolé du statut de meilleur gardien du monde suite à ses superbes prestations lors du Mondial aux USA, décide d’embarquer direction Benfica. C’est en tant que numéro 1 que Preud’homme arrive à Lisbonne ; sa doublure se nommera Neno. “C’est Michel qui jouait tout le temps, c’est normal, c’était le meilleur”, assure Neno, avec de l’admiration dans la voix.
“La Belgique a souvent eu de très grands gardiens, comme Pfaff et Preud’homme, pour ne citer qu’eux, mais Michel, c’était vraiment le meilleur. Il venait d’être élu meilleur gardien du monde ; ce titre était tout sauf usurpé. C’est simple : à mes yeux, Michel est le meilleur gardien de tous les temps.”
Neno se souvient des séances d’entraînement partagées avec l’actuel T1 des Rouches. “Michel, il ne laissait jamais rien au hasard. Tout était calculé, c’était un bourreau de travail. Avec lui, en une saison, j’ai davantage appris que durant tout le reste de ma carrière. Il était comme un modèle pour moi et me donnait énormément de conseils.”
Présent à Monaco pour représenter le club de Guimarães lors du tirage au sort, Neno était aux anges lorsqu’il a vu que son employeur allait croiser la route de son ancien coéquipier en club. “J’ai directement pensé à Michel. J’aurais aimé le contacter mais, le directeur général du Standard (Alexandre Grosjean), que j’ai rencontré, m’a dit qu’il avait énormément de travail, ce que je peux évidemment comprendre. Nous avons d’ailleurs immortalisé le moment en prenant une photo afin de l’envoyer à Michel. Je serai très heureux de le recroiser jeudi à Sclessin. Aujourd’hui encore, Preud’homme est considéré comme une légende au Portugal.”
“C’est encore un Bodart qui défend les buts du Standard ?”
Septembre 1995, le Standard entre en lice au premier tour de la défunte Coupe Uefa. Face aux hommes du regretté Robert Waseige se dressent les Portugais du Vitoria Guimarães. Le parcours européen des Rouches s’arrêtera à ce double affrontement avec les Lusitaniens suite à une défaite 3-1 à Guimarães et un nul vierge à Sclessin. Deux rencontres pour lesquelles Neno était titulaire dans les buts de Guimarães.
“On avait fait le boulot à domicile au match aller avant d’aller souffrir durant 90 minutes à Liège”, se remémore-t-il. “À Sclessin, on avait été acculé par les Standardmen. L’ambiance était également très chaude. Le Standard avait une très belle équipe avec plusieurs internationaux belges en ses rangs. Ce soir-là, le ballon n’avait presque pas quitté notre partie du terrain. J’avais eu énormément de travail et j’avais été désigné homme du match. Après la rencontre, Raymond Goethals, qui avait été mon coach dix ans auparavant à Guimarães, avait même salué ma prestation.”
Neno se souvient
également de son homologue lors de ces deux rencontres. “Gilbert Bodart, évidemment. Il était également international, comme Michel Preud’homme. C’était un excellent gardien.” Le Portugais ne peut ensuite cacher son étonnement lorsqu’on lui révèle que c’est le neveu de Gilbert, Arnaud Bodart, qui défend les cages liégeoises. “Comment, c’est encore un Bodart qui joue au Standard ? C’est dingue ça. Je ne manquerai pas d’aller le saluer.”
“Conceição a grandi chez nous”
Neno se souvient de la saison passée aux côtés de l’ancien Standardman. En décembre 2015, Neno avait déjà accueilli La DH à Guimarães dans le cadre d’un reportage sur le coach de l’époque, un certain Sergio Conceição. Il y a un peu moins de quatre ans, voici les propos que l’ancien portier tenait au sujet de l’actuel T1 de Porto : “Il incarne parfaitement ce qu’est l’esprit de Guimarães : à savoir la rage de vaincre, la volonté, la grinta. Les supporters vivent le match à travers ses yeux, ceux d’un passionné qui se donnera toujours à 200 % dans tout ce qu’il entreprend.” Quatre ans plus tard, Neno persiste et signe. “Je confirme ce que j’ai dit. J’avoue que j’ai été un peu déçu lorsqu’il a décidé de quitter le club car il y avait réalisé du beau travail. Quelques mois plus tard, il prenait les rênes de Nantes avant de revenir à Porto avec le succès qu’on connaît aujourd’hui (un titre de champion et une Supercoupe en 2018). C’est d’ailleurs ce que je souhaite à tous les coachs qui passent par chez nous : franchir un palier. Que ce soit au niveau des entraîneurs comme des joueurs, le Vitoria Guimarães est une sorte de vitrine.”
Depuis son passage à Guimarães, la carrière de Sergio Conceição a véritablement décollé. “On peut dire qu’il a grandi ici. Il était bouillant, transcendant et le public se reconnaissait en lui. Aujourd’hui, il fait partie du top au Portugal et en Europe.”