Les quatre vies du Soulier d'Or Hans Vanaken
Il a explosé chez lui à Lommel après un crochet par le PSV Eindhoven.
- Publié le 17-01-2019 à 06h20
- Mis à jour le 17-01-2019 à 10h08
Il a explosé chez lui à Lommel après un crochet par le PSV Eindhoven."J’avais quatre ans lorsque je me suis inscrit à Lommel. J’étais fasciné par le ballon et je passais mon temps dans le jardin. Je suis resté jusqu’à mes neuf ans."
Le ballon rond est dans le sang chez les Vanaken. Vital, le papa, a traîné ses crampons dans la défense de Waterschei, Lommel ou encore Malines durant les années 80 et 90. Sam, le grand frère a, lui, joué avec le Soulier d’or à Lommel. Hans disait de lui qu’il avait le niveau de la D1. Il est toutefois, à 28 ans, redescendu en D1 amateurs, où il évolue à Tessenderlo.
Les deux gamins Vanaken font partie des talents du centre de formation de Lommel. Hans est plus jeune mais surtout plus talentueux que son frère. Il n’a que neuf ans quand il traverse la frontière et les quelques kilomètres qui séparent le domicile familial d’Eindhoven. "Je n’étais pas le meilleur mais c’était une opportunité qui me correspondait. J’y ai reçu un écolage technique et très précis. À un moment, je ne jouais plus. Le banc n’était pas fait pour moi et je suis parti."
Chaque année , il évolue de plus en plus. D’abord chez les espoirs puis en équipe A. Il prend ses premières minutes en D2 lors du tour final en mai 2010. La saison 2010-11 est celle de son intégration chez les A et de son premier but. Durant deux années, il maintient un gros rythme de croisière à hauteur de 10 buts par saison.
Les experts parlent déjà d’un "virtuose", son dernier coach à Lommel, Filip Haagdoren, qualifiait son football et celui de son équipe de "digne de la D1". Frank Vander Elst, l’entraîneur qui l’a lancé s’étonnait, lui, que peu de clubs aient osé l’approcher. "Ils le connaissaient bien, je le sais. Mais personne n’a franchi le pas."
Le longiligne numéro 10 a finalement convaincu trois clubs : Charleroi, le Beerschot et Lokeren. Il a poliment dit non aux deux premiers pour rejoindre Peter Maes. "Le coach qui était le plus souvent venu le voir", souligne Vander Elst.
Il a explosé Anderlecht pour son premier match
Vanaken ne se croyait pas assez bon pour la D1. Six mois plus tard, Bruges et Anderlecht le veulent.
Malgré son côté tranquille, décontracté, Hans Vanaken ne faisait pas le fier au moment de signer à Lokeren. Et encore moins quand il a vu son nom dans la liste des titulaires d’entrée de jeu.
"Je ne pensais pas avoir le niveau. J’ai toujours été très critique envers moi-même. Je pensais partir dans un club du ventre mou (NdlR : à l’époque Lokeren était un habitué des PO1), mais mon entourage croyait davantage en moi. Il me disait que je n’avais plus rien à apprendre en D2."
Son premier match a marqué les esprits. Tout seul, il déchire Anderlecht, champion en titre, en ouverture de championnat. Deux buts et une victoire 2-3 sur la pelouse bruxelloise. Il a presque éclipsé la première de Youri Tielemans.
Fan d’Anderlecht durant ses jeunes années, il n’a longtemps pas compris ce qui lui arrivait. "Je pensais juste être dans le groupe alors jouer et marquer… J’avais eu du mal en préparation, j’étais crevé tous les soirs."
Déjà, il montre des signes de son intelligence de jeu. Des mouvements simples qui lui permettent de s’isoler. Ses adversaires n’arrivent pas à le bloquer. Les grands sont sous le charme. Quatre mois après ses débuts, il est au cœur de toutes les rumeurs hivernales.
Anderlecht ne fait pas de lui une priorité mais le surveille, Bruges est déjà sérieux. Le Limbourgeois reste toutefois au pays de Waes. "Ce n’est pas un choix idiot car je dois grandir" , avance-t-il.
Il en profite pour alimenter son palmarès grâce à une Coupe de Belgique dès sa première saison et une belle campagne de playoffs I.
Il n’est en D1 que depuis un an et les rumeurs les plus folles circulent déjà à son sujet. On parle de 8 millions d’euros réclamés par Lokeren. Roger Lambrechts calme quelque peu le jeu et fixe le prix de son poulain à 5 millions soit 25 fois sa valeur d’achat !
"Je ne paierais pas autant pour m’acheter", plaisante le joueur qui s’étonne des montants annoncés.
La saison de la confirmation est un tournant difficile à manœuvrer. Vanaken l’a pris sans briller mais sans réaliser un écart qui aurait pu lui coûter cher. Il maintient un certain niveau qui lui permet même d’aller chercher une belle troisième place au Soulier d’or 2014 derrière Praet et Vazquez.
Champion deux fois et joueur de l'année
Les débuts au Club Bruges ont été compliqués mais Vanaken y a évolué à pas de géant.
Le mot feuilleton résume parfaitement la fin de saison 2014-15. Tout le monde s’arrache le joueur qui veut un maximum de clarté avant de partir en vacances. Fin mai, Bruges annonce un accord de principe avec Lokeren. Le joueur peut partir en vacances la tête reposée et revenir en forme dans son nouveau club.
Nouveau monde, nouveau défi pour le grand meneur de jeu. Il a du mal à s’y adapter. Il y a, d’un côté, la pression inhérente au Club. Et, de l’autre, il doit faire avec Victor Vazquez, un des hommes de la saison chez les Blauw en Zwart.
"Je savais que j’allais être plus regardé, plus critiqué. Je n’ai pas évolué à mon meilleur niveau durant 6 mois, mais j’ai également joué de malchance. Il y avait cette rotation avec Victor Vazquez. Je commençais à bien jouer puis je me retrouvais sur le banc."
L’Espagnol file en hiver et lui laisse un boulevard pour mener son équipe vers son premier titre en onze ans. Le premier aussi de la carrière de Vanaken.
Il devient le patron du jeu des Brugeois. Il s’occupe de distribuer le jeu, de créer les espaces et laisse Ruud Vormer mener les troupes et s’engouffrer dans l’intervalle. Un duo mortel.
"Mes équipiers se concentrent sur mon jeu car ma position est centrale sur le terrain. Ils doivent un peu s’adapter à mon jeu mais aussi me faire confiance. C’est la base en tant que n° 10. Ils doivent être certains de pouvoir me donner le ballon et que je comprendrai comment jouer avec eux. Je dois porter l’équipe."
Il se donne une mission pour les années à venir : être plus décisif et améliorer ses statistiques. Beaucoup pensent que son manque de vitesse le freinera à un moment. Il porte l’équipe en 2016-17 et passe à deux doigts du doublé.
L’arrivée de Leko est un tournant pour sa carrière : il retourne sur le banc. "Ça a été une claque pour lui", résume Alex Teklak, notre consultant. "Il a été piqué au vif. Il n’a pas encore le statut d’indispensable mais il a grandi au fil de la saison. Il est devenu régulier."
Leko veut évoluer dans un système qui ne convient pas à l’ancien de Lokeren. Le coach change alors son système pour l’inclure dans un 3-5-2. Avec un rôle libre comme il l’apprécie.
Le résultat est démentiel : sur l’année 2018, Vanaken mène son équipe au titre de champion de Belgique, est élu joueur de l’année en mai dernier. Avec un total de 14 buts, 17 assists et un Soulier d’or.
Martinez adore son profil
Le sélectionneur national considère qu’il est le joueur de Pro League qui a le plus évolué.
Son nom a été régulièrement cité par Roberto Martinez. Il faisait partie de la fameuse liste de joueurs surveillés par le sélectionneur national. Et le Brugeois figurait tout en haut de celle-ci.
Depuis septembre, le Brugeois fait partie des joueurs appelés par Roberto Martinez. Le sélectionneur national a d’ailleurs dit de lui qu’il était "le joueur de Pro League à avoir le plus progressé". Il a été récompensé par deux montées au jeu. En Écosse et contre l’Islande.
Les yeux grands ouverts pour sa première sélection, il a vite trouvé sa place dans le groupe et se bat pour faire partie de l’équipe avec l’Euro 2020 comme source de motivation.
Roberto Martinez l’a indirectement félicité de ses prestations sous le maillot de l’équipe nationale. "Les nouveaux ont réussi à s’adapter au niveau du reste de l’équipe et c’est vraiment positif."