La chronique de Christophe Franken : un avenir cruel pour Nicky Hayen
L’entraîneur intérimaire fait un boulot fantastique à Bruges mais la direction doit refuser l’emballement.
- Publié le 22-04-2024 à 16h02
Nicky Larson ne craint personne. Nicky Hayen non plus. Six matchs, cinq victoires, aucune défaite, seulement trois buts encaissés, une qualification historique en demi-finale de Coupe d’Europe et une ambition de titre retrouvée dans des playoffs imprévisibles. Le bilan de l’entraîneur intérimaire du Club Bruges est parfait à la suite du licenciement de Ronny Deila.
Si parfait que les observateurs et les supporters blauw en zwart s’interrogent : faut-il garder Hayen comme T1 la saison prochaine en enlevant l’étiquette “ad interim” de son costume ? Une question qui revient aussi dans les bureaux de la direction. Avec l’exemple de Pierre Sage, arrivé de nulle part quand Lyon était dernier en novembre, l’ancien directeur du centre de formation a redressé la barre de façon spectaculaire en séduisant tout le football français.
Bart Verhaeghe va-t-il oser ce pari ? Les chances semblent minces, même si Hayen venait à remporter un trophée. Ou deux. Parce qu’à Bruges, on a décidé de ne plus trop se laisser porter par les émotions du moment, comme ça a pu être le cas ces dernières années. En encensant trop vite puis en virant hâtivement Carl Hoefkens par exemple.
Des conséquences aussi sur le recrutement estival
Si Hayen fait de l’excellent boulot, il a aussi pu compter sur un timing idéal. Avec un noyau qui ne s’intéressait pas énormément à la phase classique mais qui voit les playoffs comme une jolie vitrine à utiliser avant le mercato d’été. Un noyau qui avait envie aussi de montrer au Royaume que les critiques n’étaient pas toujours justifiées. Les meilleurs joueurs du championnat se trouvent en majorité au Club, même si beaucoup ont trop longtemps oublié de justifier leur statut cette saison.
En remettant une tactique simple mais idéale pour le groupe et en relançant quelques joueurs, Hayen surfe sur cette nouvelle vague. Mais la direction brugeoise n’oublie pas qu’elle était en train de se demander si l’ancien défenseur de Saint-Trond était l’homme de la situation pour le Club NXT en Challenger Pro League avant de le nommer intérimaire il y a un mois.
Avec son gros budget des dernières années, les boss ont aussi compris l’importance d’un entraîneur au moment du recrutement. Souvent en concurrence avec les mêmes clubs pour des joueurs à fort potentiel (Celtic, Salzbourg, PSV…), Bruges n’arriverait pas avec un argument fort si Hayen est sur le banc. Les cibles, leur entourage et leur agent pourraient ne pas être séduits avec cet inconnu sans CV pour entamer la saison.
C’est cruel mais le Club devra mettre l’aspect humain de côté quand il faudra trancher. Parce que quand la préparation estivale arrivera, c’est un nouvel élan qu’il faudra lancer. Sans profiter du passé. Hayen aura-t-il les épaules ? Voilà l’unique question que la direction doit se poser.